3.

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Ruggero

- Alors t'as envoyé un message à Karol ?

Michael me prend par les épaules tout en marchant vers les murs où sont affichés les listes des options. Bien sûr que je l'ai fait, j'ai suivi le conseil d'Agustin, je ne lui ai pas dit que c'était moi. Je ne sais pas dans quoi je m'embarque, ou même si ne pas lui préciser que c'est moi était une bonne initiative, mais au moins elle m'a répondu.

- Ouais. Tu vas t'y prendre comment toi avec Caro ? je demande à notre ami.

Celui-ci hausse les épaules en mimant une grimace. Je sais qu'il réfléchit encore, qu'il se demande si gagner ce pari au dépend de la confiance de Carolina vaut vraiment le coup. Parce qu'il est comme ça, il réfléchi beaucoup, il pense aux autres et aux conséquences. Alors que nous, on fonce tête baissée comme deux insouciants.

- J'irai lui parler je pense il répond peu convaincu.

On acquiesce simplement, avant de se poster chacun notre tour devant les fiches accrochées au mur. Le bout de mon doigt se balade sur chaque ligne, chaque nom d'élève déjà inscrit, puis un attire mon attention. Elle est peut-être là la solution. S'il me fallait une raison pour lui adresser la parole, maintenant j'en ai une.

- Tu t'inscrit pas en option sport ? me demande Michael intrigué.

Avant que l'année ne débute, on c'était mis d'accord pour prendre l'option sport tous les trois, c'est celle que l'on prend depuis deux ans.

- Il me semble que j'ai un pari à gagner dis-je en souriant.

- Bien joué rit Michael.

J'inscris mon nom à l'encre noire à la suite du sien, puis repose le stylo. Pour être franc, je ne me suis jamais intéressé à l'option théâtre. Mes parents m'y avaient inscrit l'année dernière, parce qu'ils ne voulaient pas que je prenne qu'une option, et j'ai séché la plupart de ces cours alors étant donné que c'est la seule personne que je connais dans ce groupe, je pense qu'il va falloir qu'elle me vienne en aide.

Pendant que Michael et Agustin inscrivent à leur tour leur deux noms sur une fiche, je balaye le hall des yeux.

- Je crois qu'elle est à la bibliothèque.

Agustin se place à mes côtés, ses mains fourrées dans les poches de son jean, il prend la même posture que moi, le regard rivé sur la grande salle.

- Qui ça ? je demande.

- Karol. C'est elle que tu cherches non ? Je l'ai vu y entrer tout à l'heure.

J'acquiesce comme un remerciement silencieux, et abandonne mes deux amis pour rejoindre la bibliothèque du lycée.
Je ne pensais pas que Karol était le genre de fille qui passe son temps libre à errer dans cet endroit. Ça peut paraître cliché mais je l'imaginais plus dans l'option mode, qu'elle comble ses journées à dessiner des croquis dans l'atelier ou à créer diverses tenues. Peut-être du au fait qu'elle prenne soin d'elle, ou qu'elle semble minutieuse dans les actions qu'elle entreprend, je ne sais pas, en tout cas c'est l'effet qu'elle me donne.

La bibliothèque est une immense salle, ajournée de plusieurs grandes fenêtres donnant une vue plongeante sur le parc. C'est un bel endroit, on s'y sent bien mais ça n'a jamais été mon lieu de refuge entre les cours.

Je passe au milieu des premières étagères remplies de livre, beaucoup d'élèves sont installés sur les tables ou les fauteuils mis à disposition mais aucune trace de Karol pour le moment. J'ai pas vraiment l'habitude de venir ici, je ne sais même pas dans quel rayon elle pourrait se trouver alors j'arpente presque chaque couloirs jusqu'à la trouver devant la catégorie romance. Une nouvelle surprise venant d'elle, jamais je n'aurais cru qu'elle puisse aimer les histoires d'amour racontées dans les bouquins.

- Alors comme ça tu lis ?

Elle se retourne l'air étonné, tenant entre ses mains un livre venant de l'étagère d'en face. Son regard retombe lorsqu'elle se rend compte que c'est moi, et elle repose le bouquin pour laisser ses doigts pianoter sur les dos des autres livres.

- Qu'est-ce que tu veux Ruggero ?

- Il se pourrait que je me sois inscrit à l'option théâtre.

Je me balance d'un pied à l'autre, les mains fourrées dans les poches de mon pantalon.

- Et je connais rien à cette option, alors je me suis dis que tu pourrais m'expliquer deux trois trucs je termine.

La main suspendue au dessus d'un roman, elle se tourne une nouvelle fois vers moi.

- T'as pas pris l'option sport ? me questionne-t-elle.

- Si, mais mes parents ont tenu à ce que je prenne aussi théâtre comme l'année dernière dis-je en haussant les épaules.

Elle croise les bras sur sa poitrine et me toise du regard.

- Et qu'est-ce qui t'a fait dire que je t'aiderai ?

Un sourire en coin prend place sur mes lèvres.

- Je sais pas, je me suis dit que tu pourrais faire preuve de gentillesse envers une personne dans le besoin.

Elle fronce les sourcils, essayant de se donner un air plus dur, et cette image me fait plus rire qu'autre chose. Elle s'adosse à la colonne en béton située juste derrière elle, les bras mettant sa poitrine en avant et le regard toujours planté sur moi.

- Depuis quand tu viens me demander de l'aide ?

Je hausse les épaules et mes yeux dérivent un peu partout dans la pièce.

- Depuis que j'ai appris que tu étais dans cette option. J'ai vraiment besoin de toi, ma mère veut que je m'y réinscrive mais je n'y connais rien.

Lorsqu'elle plisse ses yeux, laissant ses pupilles vertes disparaître sous ses longs cils, j'ai l'impression qu'elle peut deviner que je mens. Quand ses yeux sont braqués sur moi, j'ai la désagréable sensation qu'ils me transpercent, et elle arrive presque à me faire douter de mes talents de menteur. Alors je croise les doigts pour qu'elle avale l'excuse que je lui ai donné, ou sinon il va falloir que je me creuse un peu mieux la tête pour trouver une autre solution de lui parler.

- Je veux bien t'aider, à une condition lâche-t-elle.

Je me retiens de laisser échapper un soupire de soulagement.

- Laquelle ?

- Pas de numéro de drague avec moi Pasquarelli.

Mes lèvres se déforment en un sourire taquin.

- Je comprends, ça pourrait te déstabiliser je réponds.

Elle me lance un faux sourire et se décolle de la colonne. Elle se fraye un chemin et passe à côté de moi avant d'ajouter :

- Demain soir je suis libre.


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SMS ruggarol Où les histoires vivent. Découvrez maintenant