9.

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Karol

J'entre, bras dessus bras dessous avec Valentina au lycée. On se dirige directement aux casiers pour poser nos affaires et en récupérer d'autres.

- Au fait comment ça se fait que tu ai passé la journée avec Rugge hier ?me demande Valentina.

- Longue histoire.

- J'ai tout mon temps k'.

Elle claque sa porte en fer et s'accoude à son casier en attendant patiemment mon explication.

- Je suis sortie pour acheter une robe pour le gala de ma mère, et arrivée en centre ville j'ai croisé Sebastian.

Un petit silence s'installe, durant lequel je l'entends soupirer. Cela fait déjà un petit moment qu'elle essaye tant bien que mal de m'aider à éloigner ce garçon, en vain. Je sais qu'elle s'inquiète beaucoup, et je la remercierais certainement jamais assez pour ce qu'elle fait pour moi chaque jour, mais je crois que nos efforts sont une perte de temps.

- Il t'a fait quelque chose ? demande-t-elle doucement.

- Non, j'ai marché jusqu'à la place et j'ai croisé Ruggero qui m'a aidé. Heureusement qu'il était là d'ailleurs.

- K' tu devrais lui dire.

- On en a déjà parlé Valu, je ne lui fais pas assez confiance pour ça. Puis même, j'ai pas envie qu'il ai pitié de moi. Cette situation me pèse déjà assez.

- Et si il pouvait nous aider ?

- Je vois pas comment, et puis inclure Ruggero dans cette histoire serait prendre le risque que le lycée soit au courant.

- Tu vois Rugge d'un trop mauvais œil Karol.

- Et ben peut-être que s'il avait une autre réputation je penserais autrement dis-je en passant ma tête de derrière la porte du casier

Elle lève les yeux au ciel. Valentina connaît mieux Ruggero que moi, et ne cesse de me répéter qu'il n'est pas ce qu'il laisse paraître. Ou du moins il n'est pas ce que les rumeurs laissent dire sur lui. C'est peut-être le cas, mais certains de ses traits de caractère sont insupportables. Ruggero n'est peut-être pas le garçon dur, froid et séducteur que les gens décrivent, mais il reste Ruggero.

- Comme tu veux madame rabat-joie. Je vais à la bibliothèque, on se voit plus tard.

Je lui fais un signe de la main avant qu'elle ne tourne les talons en direction de la bibliothèque du lycée. De mon côté, je récupère un manuel, que je glisse dans mon sac à main avant d'enfin refermer la porte métallique de mon casier et de me retourner.

- Salut Sevilla.

Je sursaute en me retrouvant face à un torse, et je maudis Ruggero de m'avoir fait peur de cette manière.

- Tu peux pas arriver comme tout le monde ? J'ai faillit faire une syncope dis-je en le contournant

Il emboîte rapidement mon pas, les mains dans les poches, et un air amusé sur le visage.

- Il me semble que l'on a un marché me dit-il.

Je déglutis, puis d'une petite voix je redemande.

- Un marché ?

Il secoue frénétiquement la tête.

- Si tu me fais confiance tu me racontes.

Je savais que j'allais regretter d'avoir accepter ce marché. C'était un simple élan de ma part, je sais qu'hier l'espace de quelques secondes je me suis dit que je pouvais peut-être lui dire. Lui faire confiance juste pour cette histoire, pour qu'il me vienne en aide ou juste me dire quoi faire. Mais lorsque j'ai passé le pas de ma porte, après avoir eu le temps de reprendre mes esprits, je me suis résignée.

- Qui t'as dit que je te faisais confiance ?

- Mmh tes yeux.

- Mes yeux ? je réponds surprise.

Il se gratte le menton faisant mine de réfléchir, puis se poste devant moi en m'arrêtant dans ma marche.

- Je vois dans tes yeux que tu veux me faire confiance.

Je croise les bras sur ma poitrine. Je ne sais pas si j'en ai envie, ou si une partie de mon cerveau se dit que c'est peut-être mon dernier espoir. J'ai peur de regretter de ne pas lui avoir dit. Mais j'ai tout aussi peur de lui avouer.

- Ah oui, et qu'est-ce qu'ils te disent d'autre mes yeux puisque tu vois tout ?

- Que je suis incroyablement beau.

- Ne confonds pas tes rêves avec la réalité Pasquarelli dis-je en riant.

Il m'adresse un sourire en coin avant que je ne le contourne une seconde fois pour m'extirper de cette discussion. Chose ratée, puisqu'il continue.

- Bon plus sérieusement, tu comptes me raconter ou pas ?

Sa voix se fait plus douce, comme s'il voulait me prouver que je pouvais lui faire confiance. Je soupire, n'ayant tout de même aucune envie de parler de cette histoire. Je me pose encore tellement de questions à son sujet. Pourquoi être d'un coup plus présent dans ma vie ? Pourquoi s'inquiéter autant que ça ?

- Pourquoi tu t'intéresses autant à cette histoire ?

Il hausse les épaules, ne sachant pas quoi répondre.

- Parce que je ne veux pas que tu te sentes mal.

- Ça ne t'as jamais importé Ruggero, pourquoi maintenant ?

- Je sais pas, je trouve Seb bizarre je voulais savoir si il t'arrivait quelque chose.

- En quatre ans je ne t'ai jamais vu t'inquiéter une seconde pour moi, et là d'un coup, tu veux prendre soin de ma santé mentale ?

- Et alors, j'ai pas le droit Sevilla ?

Ruggero a toujours eu quelque chose dans le regard, quelque chose qui arrive à te faire croire que tu peux avoir confiance. Mais lorsque je quitte ses pupilles, mes doutes et l'impression qu'il se moque de moi m'emparent.

- Qu'est-ce que tu caches Ruggero ?

Il semble s'immobiliser un instant. Je fronce les sourcils. Mais il reprend ses esprits et m'adresse une réponse plutôt maladroite.

- J'ai pas le droit de m'intéresser un peu à toi ?

- C'est juste pas dans tes habitudes.

Il se balance d'un pied à l'autre les mains dans les poches, et je le surprends à rouler des yeux.

- À t'entendre on dirait que j'ai pas de coeur.

- Tu ne m'as jamais prouvé que tu en avais un.

- Et qu'est-ce que t'en sais ?

Il s'arrête de gesticuler d'un seul coup. Son ton se fait moins doux que tout à l'heure, il fronce les sourcils.

- J'observe juste ce que je vois.

Ses yeux s'assombrissent, et il me regarde intensément.

- Tu peux pas juste te contenter du fait que je fais un pas vers toi ?

- Mais je ne t'ai jamais demandé de faire un pas vers moi Ruggero.

Je regrette un peu de lui avoir parlé sur ce ton. C'est sortie tout seul. Parfois mon mécanisme de défense prends un peu trop de place, et mes mots vont plus vite que ma pensée.

- Tu fais chier Sevilla.

Il s'en va, me poussant un peu l'épaule, les traits tirés et l'air sévère.
Mon regard atterri sur Valentina, un peu plus loin dans le hall les bras remplis de livres, m'adressant un regard accusateur.

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SMS ruggarol Où les histoires vivent. Découvrez maintenant