Karol
Le cours de théâtre vient tout juste de commencer, nous sommes tous assis sur des chaises que le professeur a prit soin d'installer avant notre arrivée. Il a laissé un grand espace vide face à la fenêtre de la salle pour nos interprétations, et depuis une dizaine de minutes, il nous explique clairement ce qu'il attend de notre travail.
Je stresse un peu à l'idée de passer présenter notre pièce. Ruggero a insisté pour faire le travail du début à la fin, sans que je ne sache trop pourquoi, et je ne sais pas si je dois m'inquiéter ou non pour le résultat final.- Qui veut commencer ?
La plupart des élèves baissent la tête à l'entente de cette phrase, personne n'aime passer les premiers pour ce genre de travail. Voyant qu'aucun de nous ne répond, il finit par désigner un premier groupe qui se rend devant la fenêtre pour commencer.
Leur pièce raconte l'histoire de deux âmes sœurs qui se retrouvent des années plus tard, elle est plutôt longue et a l'air de satisfaire le professeur qui les remercie. D'autres groupes passent ensuite chacun leur tour, les pièces sont plus ou moins longues avec différentes intrigues, puis vient notre tour. Ruggero et moi nous levons pour nous placer devant les autres élèves, il me tend la feuille où est inscrit notre texte et après un regard de sa part qui se vaut rassurant, il me fait signe de commencer.- Roméo, j'ai une question pour toi. Que penses-tu de l'amour ?
- L'amour est un sujet bien trop vaste Juliette, cette question est difficile.
- Je crois que j'aime quelqu'un tu sais, mais je ne suis pas certaine des choses que l'on est sensé ressentir.
- Un sentiment positif je suppose.
- Et comment est cette personne que tu penses aimer ? continue-t-il.
- Il n'est pas parfait, il fait des erreurs parfois mais il dit m'aimer alors je le crois. Tu crois en l'amour toi, Roméo ?
- J'ai arrêté d'y croire, tu sais je n'aime pas trop ça moi.
- Pourquoi tu as cessé d'y croire ?
- La seule personne que j'ai aimé pensait que le destin faisait tout pour nous séparer.
Cette phrase résonne comme un écho dans ma tête. Je relève la tête vers lui, et son regard répond petit à petit à mes questionnements. Cette pièce parle de nous, et la personne qu'il décrit n'est autre que moi.
- Tu n'as pas essayé de l'en dissuader ?
- Ella était têtue tu sais, et elle était persuadée que le destin serait toujours plus fort que ce que l'on ressentait.
- Alors tu as fini par l'oublier ?
- Non, je ne pourrais jamais l'oublier. Et si elle revient, alors je continuerai d'essayer.
- C'est beau ce que tu dis Roméo. Alors, c'est ça l'amour ? Ne jamais laisser tomber ?
- L'amour c'est bien plus que ça, mais ne jamais abandonner est important tu sais. Quand tu aimes vraiment, tu es prêt à tout lui donner.
Les applaudissements des élèves m'extirpent de ma bulle, un tas de questions se bouleversent dans mon esprit. On rejoint nos places, et le professeur prend la parole.
- Bien, je vois que vous avez tous joué le jeu. Le reste des groupes passera la prochaine fois c'est tout pour aujourd'hui, vous pouvez y aller.
Toute la classe se lève, et les premiers élèves sortent déjà de la pièce en trombe. Il faut que j'ai une discussion avec Ruggero, et pourtant allé le voir me paraît être une tâche difficile. Je suis assez chamboulée à vrai dire, je ne m'attendais pas à ce qu'il écrive une pièce de théâtre pour me faire passer un message, et dans laquelle il m'avouerait ses sentiments. Je n'arrive pas très bien à réaliser, tout est assez embrouillé dans mon esprit.
- Karol ?
Ruggero se poste devant moi en passant une main dans sa nuque, comme lorsqu'il est nerveux. En fait je suis dans le même état que lui, nerveuse, et c'est à peine si j'ose vraiment le regarder dans les yeux.
- Est-ce qu'on peut aller parler ailleurs s'il te plaît ?
J'acquiesce, et nous sortons tous les deux de la salle. En arrivant devant le lycée, on passe devant notre groupe d'amis qui ne semblent pas surpris de nous voir nous éloigner, et Ruggero fini par s'arrêter prêt des arbres non loin d'eux.
Il passe sa main dans sa nuque, une seconde fois, et triture ses bagues en cherchant ses mots.
- Je ne m'attendais pas à ce que tu fasse ça dis-je en brisant le silence.
Il lève la tête vers moi, d'un air un peu inquiet.
- Et...ça t'as plu ?
- Oui, enfin j'en sais rien c'était vraiment inattendu. On est censé faire quoi maintenant ?
Il hausse les épaules silencieusement.
- Qu'est-ce que tu as envie de faire toi ?
- Ruggero j'en sais rien ! Je comprends pas ce qui est en train de se passer entre nous, j'arrive pas à te dire certaines choses ou juste à nous comprendre.
- Je sais me dit-il.
Je le regarde, intriguée et il poursuit comme pour répondre à mes questions intérieures.
- Je le sais parce que je suis aussi perdu que toi. C'est la première fois que je laisse une fille s'immiscer autant que toi dans ma vie, je ne sais pas ce que je suis censé faire, je n'arrive pas à te dire que je t'aime plus que bien et j'ai peur de souffrir. Mais j'aimerai vraiment essayer, pour une fois dans ma vie j'aimerai prendre ce risque, et si c'est avec toi c'est encore mieux.
J'ai du mal à reconnaître cette facette de lui, c'est la première fois qu'il est aussi sincère dans ses paroles et qu'il se dévoile autant à moi sur ce qu'il ressent. Ça me fait du bien, et ça me terrifie autant que lui mais j'ai envie d'y croire, j'ai envie d'essayer comme lui vient de le faire.
Je soupire, en détournant mon regard humide de lui et dépose mes mains sur mes hanches.
- Je déteste quand tu es aussi sentimental Rugg' dis-je d'une petite voix.
Il commence à rire, lorsqu'il voit mes yeux brouillés d'eau et ma mine touchée par ses mots. J'essuie d'un revers de main mes joues, et lui répète que ce n'est pas drôle tandis qu'il continue à rire de la situation.
- Bon, on a tous les deux peur alors est-ce qu'on peut se promettre de ne pas se briser le coeur ? lui dis-je en lui tendant ma main.
- Je te le promets, qu'à une seule condition.
- Laquelle ?
- Que tu me dise si oui ou non tu veux sortir avec moi ?
Je lève les yeux au ciel, un sourire gêné au bord des lèvres.
- Oui, je veux sortir avec toi.
Il m'attrape alors la main, un immense sourire béa collé au visage, puis il m'attire vers lui et lorsque nos lèvres se frôlent il murmure :
- Je te promets de ne pas te briser le coeur.
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SMS ruggarol
Fanfiction"Ils n'oublieront pas leurs promesses Ils s'écriront aux mêmes adresses Les grands amours se reconnaissent Lorsque l'un part et l'autre reste..." Charlotte Gainsbourg - ...