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Ruggero

- Tu as vu Karol ?

- Elle est dans le jardin je crois répond Agustin.

Je le remercie puis m'excuse avant de m'éclipser. Je sors de la maison par la grande terrasse, j'épi les alentours avant de l'apercevoir sur le muret qui longe le chemin pour arriver sur la pelouse. Les lumières tamisées éclairent d'un ton chaud son visage, elle semble apaisée, les yeux vers l'horizon.

- Puis-je m'asseoir à côté de ma sauveuse ?

Elle tourne la tête, et m'adresse un sourire avant de m'indiquer la place à ses côtés.

- Je t'en prie.

Je saute le muret et m'y installe.

- Je voulais te remercier dis-je doucement.

Un petit sourire s'affiche sur ses lèvres, et j'aperçois le reflet des lumières danser dans ses yeux lorsqu'elle me regarde.

- Je suis heureuse que ça ait fonctionné.

- Je ne te pensais pas aussi têtue Sevilla.

Le doux son de son rire se fait entendre, et je l'aperçoit baisser un peu la tête.

- Quand je veux quelque chose je n'abandonne pas.

- Ça te tenait vraiment à cœur que je reste ?

- Disons que je n'aurais plus personne à embêter si tu partais.

Elle me jette un coup d'œil, un sourire en coin s'affiche sur mes lèvres instantanément. Je lui donne un petit coup d'épaule, ce qui la fait rire, et un ange passe. Les centaines de lumières virevoltent au dessus de nos têtes, le silence est apaisant, et j'aperçois l'eau colorée de la piscine miroiter sur son visage. Michael a peut-être raison, c'est certainement un signe pour lui dire ce que je pense face à face.

- Je voulais te dire quelque chose...je commence.

- Oula, c'est le retour du Ruggero sérieux !  rit-elle. Je t'écoute.

Je prends un petit temps de réflexion, durant lequel je récupère tout le courage qu'il me reste.

- Tu sais...il y a des choses que je voulais te dire avant mon départ.

Elle fronce les sourcils en me regardant, certainement confuse que je remette ce sujet sur le tapis.

- Oui ?

- J'ai l'impression qu'il faut que je te le dise, pour me libérer d'un poids.

Elle fronce les sourcils face à mon air aussi sérieux.

- Tu me fais peur Rugge.

- Pendant ces derniers jours, j'ai d'abord voulu m'éloigner de toi, parce que j'étais persuadé que ça serait moins difficile pour nous deux. Mais je me suis trompé, ces derniers jours ont été les plus étranges de ma vie. Je te cherchais partout, je me demandais ce que tu faisais, à quoi tu pensais, si ça te faisait autant de mal qu'à moi.

Du coin de l'oeil, j'aperçois un sourire se dessiner lentement sur ses lèvres.

- Est-ce que tu insinues que le grand Ruggero est en train tomber amoureux ?

Son regard est encré dans le mien, il me transperce et j'ai encore cette désagréable sensation qu'à cet instant, elle peut lire en moi comme dans un livre ouvert, constater tout ce que je ressens, chaque émotions et sentiments qui me traversent. Sa voix était douce et hésitante, comme le sourire qui illumine son visage, et ses petites fossettes qui creusent ses joues rosies.

- Je crois bien.

Un doux sourire s'étale sur ses lèvres. Elle baisse la tête lorsque ses joues virent au rose, et je me surprends à sourire à mon tour face à cette scène. Je relève délicatement son menton à l'aide de mon index, et m'approche un peu plus d'elle.

- Mais ça veut aussi dire que je ne veux plus du tout me passer de toi je lui chuchote.

Elle continue de sourire, et ses yeux pétillent à travers les miens.

- Moi non plus murmure-t-elle à son tour.

J'ai l'impression de rêver ce moment, tout résonne parfaitement comme j'avais pu l'imaginer. Ses yeux ne mentent pas, et tout me parait tellement irréel lorsque nos lèvres se frôlent que je pensais que rien ni personne n'aurait pu interrompre ce moment.

- Rugge ! Je suis tellement heureuse que tu restes ! Depuis que j'ai reçu ta carte, je me demandais s'il fallait que je vienne te voir !

Karol s'arrête brusquement et fronce les sourcils en me dévisageant. On tourne la tête vers la personne qui venait de se poster face à nous, et je la sens se détacher, laissant la brise refaire son apparition entre mes bras.

- Carrie ?

- Oui, j'ai pu réfléchir à ce que tu m'as dit dans la carte, et si c'est une invitation à sortir avec toi, j'accepte ! dit-elle enjouée.

- Oh, je vois dit Karol.

Je me décompose sur place quand Karol se lève du muret.

- Félicitations à tous les deux dit-elle en époussetant sa robe.

- Merci rétorque Carrie tout sourire.

Karol commence à partir pour rejoindre l'intérieur, mais je tente de la retenir par le bras.

- Non non non, attends.

- Si c'est bon, je vais retourner m'occuper de la fête dit-elle avant de s'éclipser.

- Qu'est-ce que tu fais là ? je demande en me retournant vers la blonde.

- J'ai lu ta carte, et je ressens la même chose que toi me dit-elle tout sourire.!

- Mais cette carte n'était pas pour toi Carrie !

Elle fronce les sourcils, et sort de sa petite pochette en cuir la fameuse carte ornée d'or et de coeurs rouges, et me la tend.

- Et ça alors ?

Je la lui prends des mains et lui montre le prénom que j'avais gravé sur la couverture.

- Il y a écris Karol, cette lettre était pour Karol tu ne devais même pas la lire !

- Et comment elle a atterri devant ma porte ? Avec un bouquet de fleurs ?

- Parce que Mick s'est trompé d'adresse Carrie ! Elle ne devait pas finir chez toi !

- J'ai essayé de la retenir ! Mick arrive essoufflé vers nous. J'ai croisé Karol sur le chemin, elle est devant la maison, vas la voir.

- Et moi ? dit la blonde.

- Toi, tu reste avec moi intervient mon meilleur ami.

Je remercie Michael à toute vitesse et pars en courant à l'intérieur de la maison.
Lorsque je sors, je la vois monter dans un taxi, avant de claquer la porte du véhicule et de s'en aller.

Je passe mes mains dans mes cheveux, mon pied tape sur le goudron froid de la route et je soupire. Tout est en train de se retourner contre moi, et j'ai cette désagréable sensation de ne jamais réussir à aller au bout des choses avec elle, sans que ça ne se transforme en situation improbable.

Finalement, je rebrousse chemin. J'attrape les clefs de la voiture de mon père, et descends au garage en quatrième vitesse. Je monte dans le véhicule, démarre le moteur et m'élance sur la route.

J'arrive devant sa maison après une bonne dizaines de minutes, je me gare devant son portail et j'attrape mon téléphone pour l'appeler.
Je renouvelle ce geste au moins cinq fois, sans succès. À chacune de mes tentatives je retombe sur son répondeur, encore et encore, jusqu'à recevoir un message de sa part.

**

Karol
Je ne veux pas t'ouvrir, j'ai besoin de réfléchir. Bonne nuit Ruggero


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SMS ruggarol Où les histoires vivent. Découvrez maintenant