SMS ruggarol

4.

Ruggero

Assis autour d'une des tables exposées en plein soleil sur la terrasse d'un café mythique du coin, j'attends patiemment l'arrivée de Karol. Il est 16h25. Notre dernière journée de la semaine a prit fin il y a de cela vingt-cinq minutes. En sortant de cours elle m'a dit qu'il fallait qu'elle aille chercher un truc à la bibliothèque, qu'elle me rejoindrait plus tard mais je commence presque à me dire qu'elle est en train de me poser un lapin. J'ai eu quelques échos disant que la ponctualité n'est pas son fort mais, je ne pensais pas que c'était à ce point là.
Je sors finalement mon téléphone, pour regarder mes notifications. Je crois que le serveur est venu me voir au moins cinq fois depuis que je suis arrivé, et le même nombre de fois je lui ai répondu que j'attendais quelqu'un. Je pense que lui aussi va commencer à croire que je suis en train de me prendre un lapin. M'enfin bon.

- Désolée, j'ai eu...un contre temps.

Je relève la tête. Elle s'assoit devant moi, et pose son sac à main au sol. Elle semble essoufflée, perturbée peut-être. Ses joues sont d'une teinte légèrement rouge, elle ne plante pas son regard dans le mien lorsqu'elle balbutie ces paroles, ses yeux sont rivés sur la table.

- C'est pas grave je réponds simplement perplexe.

Elle prend une bouffée d'air, regarde partout autour d'elle, le ciel, la vue, les arbres, les gens. Comme si elle ne voulait pas croiser mon regard. Qu'elle cherchait à le fuir.

- J'ai apporté les documents qui sont exposés à la bibliothèque sur cette option, tu pourras les lire et si t'as des questions elle hausse les épaules tu peux me demander.

Ce n'est plus un doute, c'est une certitude. Karol a quelque chose dans sa voix, dans son attitude qui n'est pas normal. Elle est tendue, ses mains sont cramponnées à la pochette posée sur la table devant elle, sa jambe tressaute comme la mienne il y a quelques minutes, et son regard me fuit indéniablement sans aucune raison précise. D'habitude elle cherche à me provoquer.

- T'es sure que ça va ? je demande.

Elle ne prend pas le temps de la réflexion et acquiesce presque machinalement. Elle sort les documents, les éparpille devant elle et d'un simple geste elle vient fermer et ranger la pochette dans son sac.

- Les documents parlent de la présentation de l'option, ce que l'on y fait et des thèmes que l'on est susceptible d'aborder tout au long de l'année.

Elle plante enfin son regard dans le mien.

- Il me semble que tu sais lire, donc je vais te laisser ce soin.

Un éternel sourire étire mes lèvres.

- Quelle gentillesse Sevilla.

Je lui prends les fiches des mains, nos doigts se frôlent sous le papier, je fais mine de rien et lui lance un regard furtif. Elle ne réagi pas, son regard s'attarde une nouvelle fois sur les gens attablés autour de nous, sur le paysage. Je ne pensais pas qu'elle était le genre de fille s'éterniser devant ce qui l'entoure, c'est encore un énorme cliché mais, je pensais qu'elle était du genre à ne pas faire attention à ces choses là.

- Quel endroit ...romantique ? remarque-t-elle.

Elle tourne son regard vers moi les yeux plissés, un demi-sourire sur les lèvres, en tenant sa joue avec l'une de ses mains.