Karol
Je prends le chemin du retour en laissant mes amis derrière moi. Buenos Aires semble plutôt calme. Le soleil commence petit à petit à se coucher, laissant un dégradé d'orange voiler le ciel.
La journée d'aujourd'hui a été assez épuisante, après avoir fini les cours on est allé faire un tour en ville, puis on s'est installé à un bar pour réviser un peu. J'ai hâte de rentrer chez moi, et de m'étaler sur mon lit pour regarder une série bien au chaud.
Après quelques minutes, je tourne à mon intersection habituelle. Je marche, longeant cette petite rue assez calme. Mais plus les secondes passent, plus j'ai l'impression d'être suivie. Je n'y prête pas vraiment attention, ici des dizaines de chats parcourent les rues et ça ne m'étonnerais pas que ça soit l'un de ces petits animaux de compagnie. Alors je continue mon chemin sans trop me soucier de ça. Mais d'un coup, un bras vient se placer subitement sur mes épaules. Le contact de sa peau contre la mienne me donne des frissons, mon corps se crispe presque instantanément.
- N'aies pas peur princesse c'est moi.
Sa voix me fait froid dans le dos. Je ferme les yeux un instant, comme pour me donner un peu de force pour surmonter tout ça.
- Je te raccompagne dit-il le sourire aux lèvres.
Mes mains sont moites, mon coeur bat anormalement, ma bouche est pâteuse, mon poult s'est accéléré. Il me tient contre lui comme si de rien était, et j'ai peur. J'ai terriblement peur. Je ne me sens pas à l'aise contre lui, je peine à prononcer de simples petits mots.
- Tu n'es pas obligé.
- Ça ne me dérange pas ne t'inquiète pas me dit-il.
Il resserre un peu son emprise autour de mes épaules, en me souriant. Je ne sais pas comment me sortir de cette situation, je regarde de partout autour de moi à la recherche d'une chose qui pourrait m'aider. Mais rien. Puis soudain je me souviens, je me souviens de ce que Ruggero m'a dit samedi. « Envoie-moi un message s'il te suit, n'importe quoi le premier emoji qui s'affiche ». Je trouve ça ridicule, peut-être qu'il ne comprendra même pas mais je me dis que si je ne tente pas je pourrais peut-être le regretter.
Je ne sais pas par quel moyen j'arrive à apercevoir les toilettes à l'angle de la rue, mais peu importe. Je simule l'envie d'aller y faire un tour pour essayer de me détacher de lui, alors on s'arrête et il me laisse y aller. Je m'enferme dans une cabine, où je souffle un bon coup avant de sortir, les mains tremblantes, mon portable de ma poche pour cliquer sur le contact de Ruggero.Karol
🧚Je me ronge l'ongle lorsque je regarde une énième fois l'emoji que je viens de lui envoyer. C'est le premier qui s'est affiché. J'ai peur qu'il ne comprenne pas. Il est en plein rendez vous, peut-être qu'il n'a même pas son téléphone mais Sebastian va commencer à s'impatienter. Alors je tente le tout pour le tout et lui envoie directement ma localisation. Peut-être qu'il fera le lien si jamais il lit ce message.
Karol
Partage de localisationJe range mon téléphone, et déverrouille la porte avant de ressortir. Sebastian m'attend encore dans la rue, il me sourit lorsque je reviens vers lui.
- Tu veux qu'on aille prendre un verre avant ? me demande-t-il.
Et j'ai une soudaine envie de pleurer. Quand je le regarde dans les yeux, quand je me vois, impuissante face à cette situation, les larmes me montent aux yeux. Je n'ai pas envie d'être ici, avec lui, seule dans une rue sombre. J'ai peur. J'ai terriblement peur.
- Non, il est tard il va falloir que je rentre.
Il ne semble pas enjoué par ma réponse. Je suppose qu'il s'attendait à ce que je lui réponde que c'était avec plaisir, or ce n'est pas le cas et si jamais Ruggero ne voit pas mon message, j'aimerais juste rentrer chez moi le plus vite possible.
- Ça ne prendra pas longtemps, t'es sure que tu ne veux pas ? insiste-t-il.
J'aperçois une lueur dans son regard, qui me terrifie encore plus. C'est comme s'il me donnait un ordre avec ses yeux, il ne veut pas que je m'oppose à sa demande.
- Non, je dois retrouver mes parents.
- Tu ne peux pas les prévenir que tu rentreras plus tard ?
- Je n'ai plus de batterie, en plus ils avaient quelque chose à me dire je dis en mentant.
Finalement il acquiesce, déçu et peut-être un peu en colère que ça n'aille pas dans son sens. Je dévie mon regard, espérant apercevoir Ruggero arriver de nulle part sans succès. Je sens son regard pesant sur moi, je n'ose pas vraiment lui faire face, puis il se met à regarder fixement mes lèvres. Cette situation me met encore plus mal a l'aise, alors je commence à me coller un peu plus au mur. Ça ne l'arrête pas, lorsqu'il me voit reculer, il s'approche, encore et encore jusqu'à attraper ma main.
- Je vais te raccompagner ma belle.
Il me tient la main, me sourit et efface petit à petit les quelques centimètres qui nous séparent. Il va m'embrasser. Ça va se passer. Mon corps ne répond plus, je suis à deux doigts du malaise, et je ne sais pas pourquoi je suis incapable de faire quoique se soit. Pourquoi je ne bouge pas, pourquoi je ne dis rien. J'ai envie de me mettre des claques, de me dire de me bouger, de faire quelque chose. De me réveiller. J'ai envie que ça soit un cauchemar. Qu'il ne soit pas là, qu'il ne me touche pas, qu'il ne soit pas si près. Mais malheureusement c'est la réalité.
Il met son bras contre le mur, à côté de ma tête, et ses lèvres frôlent les miennes alors je ferme les yeux. Comme pour ne pas m'affliger ce supplice, comme si ça allait paraître moins réel.Mais je ne sens rien, même plus sa main sur ma peau. Je réouvre les yeux et aperçois Ruggero tirer Sebastian par l'arrière du t-shirt. Mes yeux sont brouillés de larmes. Je suis immobile collée à ce mur, je me sens bête, de n'avoir rien fait, d'avoir subit ça. Soulagée aussi, que Ruggero ait finalement vu mon message, qu'il ait compris.
Je le vois parler avec Sebastian plus loin, il ne semble pas si calme que ça. Ruggero a l'air d'être même plutôt en colère. Je n'arrive pas vraiment à me concentrer sur ce face à face, après cinq bonnes minutes, Ruggero pousse Sebastian qui s'en va presque instantanément. Puis il s'approche enfin de moi.- Ça va ?
Bizarrement je suis incapable de parler. Je secoue la tête positivement, mais je peux sentir quelques larmes faire surface à l'instant même. D'un revers de main j'essuie le surplus d'eau sur mes joues en le voyant me regarder.
- Karol...me dit-il doucement eh, allé viens la.
Il m'ouvre ses bras, et je n'hésite pas une seule seconde avant de m'y réfugier. Lorsque ma tête se pose sur son torse, et que ses bras enserrent ma taille, je craque. Mes larmes coulent et mes pleurs résonnent dans la ruelle.
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SMS ruggarol
Fanfiction"Ils n'oublieront pas leurs promesses Ils s'écriront aux mêmes adresses Les grands amours se reconnaissent Lorsque l'un part et l'autre reste..." Charlotte Gainsbourg - ...