VIII

843 109 3
                                    

Un question de tradition.

-M'bani soumba nana (soumba est venu). S'exclama niaman à quelques mètres de nagnouma, s'assurant d'être la première à annoncer cette nouvelle.
-Soumba wa? Nagnouma sauta de la chaise et alla à la rencontre de sa fille qui venait à peine de poser un orteil dans la concession.
-Soumba soumba hairai do ? Tu viens faire quoi ici et pour quoi ton mari ne nous a pas prévenu de ta venu ? Nagnouma remarque à peine le ventre arrondi de sa fille.
-Mah libert moi le passage. Je n'en peux plus. J'ai marché de manan jusqu'ici.
-Pas avant de m'avoir dit ce que tu viens faire ici. C'est ton mari qui t'a chassé?
-Personne ne m'a chassé mah, dit elle lasse et essoufflé.
-Alors qu'est ce que tu viens faire ici ?
-Iyeuh mah aux dernières nouvelles c'est la maison de mon père non alors je vois pas pourquoi je devrais pas venir quand bon me semble. Quitte je pars m'asseoir tu vois pas dans quel état je suis thieuu.
-Eh eh soumba chou kora kouman djoumai ko anbé fili an dayoroma ( depuis quand il fait nuit qu'on se trompe de lit)*. Petite insolente. Je suis toujours la même au cas où tu l'aurais oublié. Tu me parle pas comme ça et...attend soumba tu es enceinte? Depuis quand ?
-Donne moi d'abord une chaise où m'asseoir mes jambes tremblent à force de supporter ce gros ventre. Après je vais répondre à tes questions.
Nagnouma aida sa fille à s'installer et prit place sur une chaise en face d'elle. Ses yeux détaillaient chaque parcelle du corps de sa fille.
Soumba n'était plus la même la grosse l'a certes changé mais il y avait autre chose. Elle a perdu du poids et son teint noir s'est un peu plus noirci. Elle ne voyait plus les petites étincelles dans les yeux de sa fille. Soumba a perdu un peu de sa vivacité mais elle était toujours insolente. Rien qu'en sa façon de se tenir et de parler. Elle semble porter sur ses épaules tous les poids du monde.
Était elle heureuse dans son foyer ? Cette question lui fit dresser ses poiles. Le mariage n'est pas du tout repos elle le savait mais des quelques jours de bonheur étaient à prévoir. Elle secoua vivement la tête pour chasser rapidement l'idée que sa fille vive tous les malheurs chez sa belle famille.

-Tes beaux parents vont tous bien ? Tes belles soeurs et beaux frères?  Et ta co épouse.
-Mah tout le monde va bien même le chien et les coqs.
-Tu prends trop tes aises depuis que tu t'es trouvé un mari soumba.
-Dis plutôt depuis que baba m'a trouvé un mari. Rétorque t - elle.
-Ça revient au même. Tu es venu faire quoi ici soumba ?
-J'ai l'impression que tu veux me chasser de chez mon père. Si vous voulez plus de moi dites le que je parte
-C'est pas ça m'a fille mais tu sais bien que quand une femme se mari c'est le domicile de son mari désormais sa maison et tu as bien entendu les paroles de ton père le jour de ton mariage. J'ai peur qu'il vienne te trouver ici et faire une scène.
-Et m'bani maïmouna je devine qu'elle est au marché et ina? Soumba ignorance les dires de sa mère et fut exprès de changer de sujet.
-Oui. Elle viendra dans pas longtemps, c'est elle qui est au tour aujourd'hui. Ina est au verger.
-Han ayiwa.

Il eu un blanc de quelques minutes. Aucune ne savait quoi dire. La distance et les années ont installé une sorte de gêne entre elles.
-Je savais pas que tu étais enceinte. Deux ans de mariage et aucune ombre de bébé, j'avais peur que tu n'enfante pas. Tu es à combien de mois ?
-Six mois. Je dois t'avouer une chose mère, ceci n'est pas ma première grossesse.
-Tu as fais une fausse couche?
-Deux. La première j'étais à cinq mois et le deuxième à huit mois comme ça.
-Soumba ! Et tu n'as pas jugé bon de me le dire pour que je te donne des remèdes. Peut être qu'on t'a ensorcelé, je suis sûre qu'un être humain est derrière tout ça. Tu as toujours été têtue et je m'en foutisme soumba. Tu parles de ça comme si c'était normal.
-Un être humain est derrière tout ça je sais mais c'est pas comme tu le pense.
-Et c'est quoi ?

Soumba fut coupé dans son élan par l'arrivée de maïmouna.

-Bonjour, soumba inissai. Comment va la famille.
-Bonjour m'bani tout le monde va bien par la grâce de dieu.

Une Question de tradition Où les histoires vivent. Découvrez maintenant