XXVIII

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-Nagnouma j'espère pour toi qu'on m'appelle pas pour des futilités.
-Elle a dit que c'était urgent.
-Ayiwa. Fit Ladji en poussant le portail en taule.
Sous le grand arbre, était déjà assise Fatima tenu compagnie par maïmouna.
-Salam aleykoum, lança Ladji.
Fatima répondît et se leva pour lui donner la main.
-Bonsoir. Salua Fatima.
-On m'a dit que vous vouliez me voir ?
-Oui effectivement.
-Rien de grave j'espère ? Demanda Ladji en s'asseyant sur la chaise.
-Bachi tai.
-Je vous laisse, rétorqua maïmouna.
-Non, l'arrêta Fatima. Je compte m'entretenir avec tous les deux.
-Eh, aya on t'écoute alors.
-Je vais d'abord m'excuser pour le dérangement. Et je vous prie de m'écouter jusqu'au bout. Ladji si je suis ici ce n'est en aucun cas par indiscrétions, j'aime pas me mêler de ce qui me regarde pas mais la situation est un peu complexe. Ladji je connais votre fille depuis quelques mois.
-Laquelle?
-Niaman. J'avais entendu dire qu'elle s'était mariée.
-En effet depuis un moment. Mais je ne vois pas où vous voulez en venir néba.
-Les bambaras disent que chaque jour l'oreille va à l'école. Ladji loin de moi l'idée de vous frustrer mais je dois vous apporter des choses que vous ne savez peut-être pas. Ladji vos filles sont encore mineures et elles n'ont pas l'âge de fonder une famille. Leurs corps ne sont pas assez développés pour une relation sexuelle ou porter une grossesse. Le mariage forcé, surtout des mineurs, est une violation des droits de la personne humaine. En dépit qu'elles ne partent pas à l'école vous devriez les laisser auprès de vous pour quelques temps encore. Saviez vous que des parents sont emprisonnés pour avoir donner leurs filles en mariage de force ? Et c'était leurs droits que vous les inscrivez à l'école. Le mariage des mineurs lui prive de son enfance, élève les risques des grossesses précoces. Je sais que vous pensiez bien faire, que vous voulez assurer l'avenir de vos filles mais ladji ce n'est pas en les donnant en mariage que leur avenir sera préservé. Quoi de mieux que laisser vos enfants terminer l'école et devenir des cadres de notre beau pays. Ladji vous avez arraché vos filles à leurs espoirs, rêves, enfances, amour et soutien de leurs parents. Elles sont réduite à enfanter encore et encore, s'occuper des tâches ménagères auprès d'un mari violent, pour la plupart.
Hier niaman est venu me voir mal en point. Son mari la bat comme une âne. Est ce pour cela que vous l'avez donné à cet homme ? Qu'il l'a batte jusqu'au sang ? Qu'il lui prenne sa dignité et tue son estime de soi? Est ce cela un avenir pour votre fille ? Vous le voulez faire d'elle une mère aigrie ? Ladji je vous prie d'ouvrir les yeux et trouver une solution à cela. J'espère ne vous avoir pas offensé par les dires et m'excuse encore et vous remercie de m'avoir écouter.

Ladji qui fixait un point devant lui, reporta ses yeux sur Fatima.

-Ce sont pour ces broutilles que vous m'avez fait déplacer ? Dit il le plus calmement possible. Madame je vois que vous, vous n'avez rien compris à la vie. Déjà laissez moi vous informer que les femmes ne convoquent pas de réunion ici. Vous vous prenez pour quelqu'un qui connaît tout à la vie alors qu'en réalité vous ne savez rien. Quand une femme a quelque chose à dire, elle part voir un homme qui transmettra le message. Mais vous avec vos manières de toubabs vous ne le prenez pas en compte. Vous n'êtes personne pour me dire comment je dois éduquer mes enfants et quels choix je dois faire pour eux. Si le mari de Niaman la corrige c'est parce que elle a dû lui faire quelque chose. Vous me parlez de mariage des mineurs, grossesses précoces et j'en passe mais combien de mineurs comme vous le dites si bien tombent enceinte en ville? Savez vous que vos soit disant mineurs passent plus à l'avortement que les femmes âgées de ce village ?Quand un mineur tombe enceinte, on met cela sur le compte de l'erreur de jeunesse, d'inconscience. Mais quand un parent décide de donner la main de sa fille on cri au scandale, mariage précoce par ci, grossesse prématurée par là. Je préfère de loin voir ma fille avec cinq enfants et un mari violent qu'une dévergondée qui passera ses journées à courir derrière les hommes. Madame la place d'une femme est dans son foyer, à obéir à son mari, éduquée ses enfants et unir la famille. Une femme est une mère, épouse. Qu'est-ce qu'une femme peut foutre à l'école ? Qu'on leur bombe la tête de ces idéologies de blancs ? Que les femmes sont égaux aux hommes ? Qu'ils les apprennent des perversités ? Que les femmes et les enfants ont des droits ?J'ai entendu dire qu'en ville, les professeurs engrossent leurs élèves. Que les enfants ne respectent pas leurs aînés. Que les filles disent qu'ils n'ont besoin d'hommes dans leurs vies. Que les filles proclament haut et fort qu'un seul homme ne peut pas les suffire. Que les femmes passent leurs journées dehors au lieu de s'occuper de leur foyer. Que les relations sexuelle ne sont plus mal vu, que parler de sexe n'est plus tabou. Qu'à longueur de journée les couples divorcent oubliant que le mariage c'est pour la vie. Avec la démocratie vous avez crié que chacun choisisse son partenaire mais vous avez du mal à rester lié avec celui que vous avez choisis. Vous me voyez laisser mes enfants sur le chemin de la perdition ? Et quant à vous, ne feriez vous pas mieux de retourner auprès des votre au lieu de foutre le nez dans les histoires de famille ?
-Ne le prenez pas comme cela ladji.
-Madame vous n'avez rien fait ni dit de mal ici. Vous m'avez dit ce que vous pensez et j'en ai fait de même.
-Maimouna vous êtes là maman de Niaman, vous êtes une femme vous devez savoir où je veux en venir. Qu'en pensez vous?

Le regard de maïmouna passa de ladji à Fatima. Qu'en passait elle ? Cette question ne lui a jamais traversé l'idée et c'était la première fois qu'on lui demandait son avis. Elle écoutait plus comme témoin qu'intervenante. Avait elle pris le temps et la peine de se faire son propre opinion sur la situation ? La seule chose qu'elle avait en tête c'est qu'elle allait passer un sacré quart d'heure à cause de sa fille.
Était elle pour ou contre le mariage de sa fille ? Elle l'ignorait.

-Qu'en pense t elle ? Répondît sèchement ladji. Je suis la voix de maïmouna ici, ce que je pense, elle le pense aussi.
-Ladji même si c'est votre femme elle doit avoir son mot à dire, elle ne partage peut être pas ton point de vu.
-Vous a t elle dit cela ? Si moi je dis noir c'est noir même si c'est une autre couleur. Je suis le chef de la famille, nineyé abla yoromi abéyé dé. Madame dans notre coutume on chasse pas les invités et on est pas désagréable avec eux mais vous m'excuserez mais j'ai à faire.
-D'accord je m'en vais.
-Eh bien vous connaissez la porte.

Fatima rentra chez elle déçu, plus de la passivité de maïmouna que l'idéologie de ladji. Car elle s'entendait pas à une meilleure réaction de la part de ce dernier.
Était ce donc à ça qu'étaient réduites les femmes au village ? Accoucher et cuisiner ? Se taire même si on a quelque chose à dire ? Subir les coups d'un mari violent ? Supporter les coups du sort ?
Fatima souffla puis s'allongea sous sa couverture, j'aurais essayé, se dit elle.

-Maïmouna si c'est pas à cause de ta fille maudite, muso foyi madelika nela sigui. Si c'est pas du n'importe quoi. Cette femme ose tenir une réunion avec moi ? Parle à ta fille maïmouna, lui pointa t elle du doigt. C'est ça que tu lui as éduqué ? Parler de ses problèmes de foyer aux étrangers pour qu'ils viennent m'insulter chez moi et me menacer ? Avec vous chaque jour je vis une nouvelle humiliation, quand aurai je la paix hein ? Quand je serai mort peut-être ?
-Ladji yafama Allah kama. Je parlerai à Niaman.
-Tu as intérêt, se leva t il pour joindre sa case.

Une question de tradition

Alors ce petit duel entre notre justicière et ladji ?
J'avoue que chacun des deux avaient des bon arguments.
Vous adhérez plus à la façon de voir les choses de Fatima ou ladji ? A vos claviers et soyez pas timide hein😉

Et INFORMATION IMPORTANTE
Mon coronavacance est fini et je suis un peu débordée avec les cours donc je vais essayer d publier un chapitre le dimanche peut-être sinon ne m'en voulez pas svp.
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Une Question de tradition Où les histoires vivent. Découvrez maintenant