As Salam aleykoum.
Je vous souhaite une très bonne lecture.
**********Le soleil se levait timidement dans le ciel. Les oiseaux avaient commencé leur chant du matin et volaient d'un arbre à un autre. Le chien qui d'habitude s'échappait dans la brousse très tôt pour ne plus être dérangé par le brouhaha des poules et du chat, rôdait désormais dans la cour. Les poussins suivaient leur maman dans un silence inquiétant à la recherche de leur petit déjeuner. Tous semblait savoir l'importance de ce jour.
Les initiatrices s'affairaient dans la cuisine. Des grosses marmites étaient déjà installées sur trois gros cailloux chacune. Certaines épluchaient des condiments ou coupaient les feuilles de patates, d'autres s'occupaient de piler le maïs ou de ramener l'eau du puit. Au menu, du bon couscous de maïs et du maïs cuit accompagnés de sauce à bas de feuille et de sauce rouge.
C'était un grand jour. Après des jours d'apprentissage sur les rôles de la femme dans son foyer, l'obéissance de la femme vis à vis de son mari, le respect des traditions et des coutumes, l'importance du mariage et ses enjeux; les filles devraient sortir ce jour. Elles ont aussi su l'usage de certaines plantes pour telle ou telle maladie.
Elles étaient toutes guéris et désormais on les voyaient comme des femmes et pas comme des filles.
Comme à l'accoutumé, elles se dispersèrent dans les rues les plus empruntées du village pour jeter des pièces d'argent. Elles se cachaient loin des regards, fixaient l'argent au sol. Si par malheur quelqu'un se baissait pour les ramasser, elles sortaient de leurs cachettes, chantaient une chanson et réclamaient à la personne de l'argent. Elles empoignaient parfois le boubou et le bout de pagne de ceux qui essayaient de s'enfuir.
A l'heure du déjeuner elles rentrèrent à la case pour bien manger et se préparer pour la fête du soir.
Le tam-tam battait son plein. On chantait, dansait, tapait des mains, rigolait aux éclats.
Les mamans fières ne cessaient de sourire.
Désormais ces filles étaient dans la cour des grands.
A la fin de la fête, toutes les mamans ramenèrent leurs filles à la maison.
Elles retrouvèrent leurs maisons comme elles les avaient laissées et furent heureuses de humer l'odeur habituel de leurs cases mais une chose avait changé en elles. Elles gardaient désormais une douleur enfouie au fond du cœur, une cicatrice que même le temps ne pourra faire disparaître. Elles étaient désormais excisées.
Quelques temps après leurs initiations, niéléni et niaman avaient repris le train train de leur quotidien.
Niéléni avait développé en elle une confiance en soi. Elle se sentait différente, féminine. Elle prenait un malin plaisir de charmer les garçons. Et était enchantée de voir les garçons tournés autour d'elle. Elle recevait pas mal de demande pour aller à telle fête dans tel village, bien sûr c'était une façon pour eux de te demander d'être leur petit copain. La plus part du temps elle déclinait, c'était une chose de charmer les garçons, s'en était une autre de sortir avec eux. Néanmoins elle sortait avec un jeune homme du village du nom de salif. Il travaillait lui aussi à la mine comme la plus part des jeunes du village.
Par contre niaman évitait les garçons, personne n'avait remarqué qu'elle n'était plus elle même depuis ce fameux soir. Personne ne remarquait ses absences, personne n'avait idée de ce qu'elle avait vécu, personne ne pouvait comprendre ce qu'elle ressentait et elle ne pouvait en parler avec personne. Elle avait peur qu'on la juge ou qu'on la regarde plus comme une fille innocente. La gente masculine l'effrayait et la dégoûtait. Elle repoussait brutalement tout homme qui voulait la côtoyer. On la traitait de aigrie.
Bien sûr qu'elle était aigrie. Qui ne le serait pas après s'être fait violer par un vieux. Qui ne le serait pas après s'être fait violer le jour de son excision, qui ?
La gens avaient la facilités de juger sans chercher à connaître le pourquoi du comment. Sans chercher à connaître les raisons de nos agissements.
Niaman se réveillait tous les matins le cœur lourd. Elle avait besoin d'en parler avec quelqu'un, mais qui ? Elle ne voyait personne autour d'elle qui pourrait la comprendre et la soutenir. Et puis qui voudrais d'une jeune fille deviergée au village. Elle voulait pas mettre la honte sur ses parents.
Elle pensait au jour de son mariage, ce fameux jour où son secret éclatera au grand jour, ce fameux jour où on la jugerait. Elle y pensait constamment. Elle pense à la réaction de sa mère quand on lui annoncera qu'il y avait pas de sang sur le drap. Elle pensait à la honte qu'elle allait infliger à sa famille, elle pensait au regard dégoûté que lui lancerait son père chaque fois qu'ils se rencontreront.
Il suffit qu'elle ferme les yeux la nuit pour vivre l'enfer de Ce jour, pour sentir l'haleine dégoûtant de ce vieux, pour voir le visage sans pitié de ce vieux qui la violait.
Son propre intimité la répugnait.
C'était un calvaire pour elle de le laver pendant la douche. Elle avait juste envie de le couper et l'enterrer. Elle souhaitait vivre sans sexe, elle le souhaitait.

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Une Question de tradition
General FictionTradition, que veut dire ce mot ? Qui nous oblige à agir contre notre gré, de suivre les pas, comme on le dit, de ses ancêtres, de croire aux esprits surnaturels. Ce mot Qui nous interdit des choses sans une explication concrète. Parfois on a l'impr...