« Une question de tradition »*********
-Ne me dis pas que tu vas manger cette mangue sans l'avoir laver ?
Niaman haussa les épaules et croqua dans sa mangue sous le regard ébahi de Demba.
-Me regarde pas comme ça. Si ça pouvais tuer il y a longtemps que je serai morte. Depuis petite on ramasse les fruits dans la forêt et on les mange sans les laver.
-Quand on est petit on a des trucs qui nous protègent contre tout ça mais quand on est grand c'est pas le même cas.
-Si tu le dis. La nuit commence à tomber, rentrons. Rétorqua niaman.Demba se leva et tendit la main à son amie.
Niaman saisit la main de Demba et ils prirent la route du retour. Sur le chemin, ils se disputaient, se chamaillaient et rigolaient aux éclats.
Demba observa niaman riant aux éclats. Il lui a fallut des jours pour pouvoir l'approcher car la jeune fille se brusquait à chaque fois qu'il voulait lui parler.
Plus il observait niaman, plus il était certain que quelque chose avait changé en elle. Elle n'était plus la petite fille insouciante et pleine de vie que jadis. Bien sûr avec les années on prend conscience de certaines réalités de la vie ce qui change notre façon de voir les choses mais il était sûr que son amie cachait au fond d'elle un lourd vécu.
Niaman était différente des autres filles du village à ses yeux, elle était intelligente même si elle n'avait pas été à l'école et avait une bonne hygiène. Elle avait un charme fou et était naturellement charismatique. Pendant toutes ces années en ville il ne l'avait pas oublié, il se demandait parfois comment elle se portait, si elle était heureuse ou triste. Il s'imaginait parfois son visage d'adulte, son sourire. Ha il n'a pas pu oublié son amie d'enfance et fut vexé lorsque cette dernière lui avoua qu'elle se souvenait plus de lui.
Elle avait l'air tellement fragile qu'il avait envie de la protéger contre vent et marrés.
Niaman ne comprenait pas pourquoi elle était autant à l'aise avec Demba contrairement aux autres garçons. Même si au début elle a été brusque avec lui, il n'a pas abandonné.
C'est peut être son courage et sa persévérance qui l'a plu ou la confiance qui vient de son âme. Il avait l'air d'un homme honnête et loyal. Et tout le village témoignait sa bonne conduite contrairement aux autres garçons de la ville qui se croient au dessus d'eux.
Sa sœur était maintenant mariée et Demba lui faisait de la compagnie.Niaman proposa à Demba de faire un détour à la boulangerie du village.
-Il y a une boulangerie ici ?
-Oui. Mais les pains sont fait à la main. C'est différent de vos pains de la ville mais c'est très bon. Dépêchons nous avant que ça ne finisse.Demba fut surpris de voir deux garçons d'à peu prêt une quinzaine d'années faire les pains.
-C'est notre grand père qui a eu l'idée de l'ouvrir. On est peu les gérants, expliqua l'un des garçons.
-Vous arrivez à lier travail et études ? Demanda Demba.
-On a arrêté les études. Ça sert à rien d'étudier si à la fin on va faire des petits boulots ou faire l'exorte rural. Au lieu de perdre notre temps sur les bancs on a abandonné pour se fair de l'argent. Rétorqua le second.Demba fut déconcerter par sa façon de minimiser les choses. Pour lui les études étaient primordiales sinon vitales et voir ces jeunes abandonner l'école pour des sous l'écœurait. En même temps au village il y avait pas d'opportunités de travail ni rien. Soit on travail au champs soit on tient une boutique qui rapporte presque rien.
Niaman récupéra le pain et ils rentrèrent chacun chez soi.Bacar venait de terminer la prière de fitiri(Maghreb) et faisait tourner son chapelet.
Assis dans sur chaise au milieu de la cour, il observait les va et vient incessant de nagnouma de la cuisine au puits. Il se gênait pas de lui lancer un regard noir. Bacar était rancunier. Et cette histoire avec niéléni lui était à travers la gorge. Il espérait laver son honneur avec le mariage de niaman.
Cette dernière, à peine avait mis les pieds dans la cour qu'elle se fait interpeler par son père.
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Une Question de tradition
General FictionTradition, que veut dire ce mot ? Qui nous oblige à agir contre notre gré, de suivre les pas, comme on le dit, de ses ancêtres, de croire aux esprits surnaturels. Ce mot Qui nous interdit des choses sans une explication concrète. Parfois on a l'impr...