XXIII

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« Une question de tradition »

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Demba avait passé des nuits blanches à peser le pour et le contre de sa décision.
Il avait pris sa décision. Il restait plus qu'à en faire part aux principaux concernés.
Il savait que ce qu'il s'apprêtait à faire était une question de toute une vie mais il était sûr de lui. Il n'avait jamais autant souhaité qu'une chose lui arrive.
Il enfila son t-shirt et alla à la rencontre de son géniteur.
Ce dernier écoutait les informations diffusées par la petite radio que lui avait offert son cousin.
Le départ étant prévu pour le lendemain, safi rassemblaient leurs affaires par précaution.
Demba s'installa sur une chaise à côté de son père.

-Père puis je te parler ?
-Demba o kadi ? Je t'écoute.
-Je sais pas comment le dire...je veux que tu saches que j'ai mûrement réfléchi et c'est pas une décision que j'ai pris à la hâte. Ça me ferait plaisir d'avoir ton soutien.
-Demba si tu allais droit au but. Le coupa son géniteur.
-C'est que...hum c'est pas facile à dire...je, depuis quelques temps j'ai fait mes observations sur Niaman et j'ai remarqué que c'est une fille bien et très bien éduquée donc j'aimerais la prendre comme épouse.

Makan resta silencieux des minutes ce qui augmenta le degré de stress de Demba, le soutien de son père comptait plus que tout au monde et il avait peur de faire face à un refus de sa part.

-Je me rappelle il y a quelques années tu nous as fait une crise comme quoi tu voulais rester au village, débuta Makan le regard lointain, en ce temps tu étais un gamin et tu passait tes journées chez les Keïta. Tu sortais tôt les matins et ne revenais qu'au petit soir.Ton esprit de gamin t'a fait croire que tu voulais rester parce que tu te plaisais au village mais en réalité tu voulais rester pour la petite Niaman. J'ai cru que c'était juste un truc de gamin et que ça allait te passer. Puis il a fallu qu'on revienne pour que tu reprennes contact avec la petite. Je suis pas bête Demba. Je t'ai observé et j'ai compris tes motivations.
Makan prit une pause puis reprit, Niaman de ce que je sais d'elle, c'est une femme que n'importe quel homme serait fière de l'avoir comme belle fille et femme. Je connais son père et je sais que c'est un homme bon, intègre et juste. Nous ne serons que heureux de voir nos enfants liés par les liens sacrés du mariage. Ceci nous permettra de solidifier davantage notre amitié. Mais Demba le mariage n'est pas un jeu. J'espère que tu es conscient de ça car je veux pas d'humiliation. Presque tous les jeunes de ton âge ici ont une femme sinon deux alors je dirai pas qu'il est trop tôt pour toi pour te responsabiliser. Tu es assez grand pour décider ta vie et si tu es certain que c'est elle qui te faut je ne peux que t'accompagner dans cette démarche et te bénir.

Demba remercia son père la voix pleine de reconnaissance. Il craignait que son géniteur ne s'oppose à cette union parce que Niaman est une fille du village.

-Vous en avez parlé ensemble ? Demanda Makan.
-Non. Je voulais avoir ton approbation avant de faire quoi que ce soit. Mais père je veux pas retourner en ville sans l'avoir fiancée.
-Vas demander son avis à elle et ce soir tu me donnes sa position. J'essaierai de voir si je pourrais en parler à Bacar demain. De ce fait nous répartirons après demain à la maison. J'informerai ta mère de tout ça après.

Demba partit de ce pas à la rencontre de sa dulcinée. Le long du chemin il ne cessait de sourire et secouer la tête. Il avait juste envie de crier sa joie au monde entier. Au détour d'une rue, il faillit se faire renverser par un jeune homme à vélo. Il s'excusa gauchement et parti à grand pas.
Il croisa Niaman qui était sur le point de se rendre au jardin.

-Niaman je dois te parler.
-Demba pourquoi tu es autant essoufflé ?
-C'est toi que je venais voir. On doit parler.
-Demba j'ai pas le temps je dois aller chercher des légumes pour ma mère. Niaman prit la route et Demba lui talonna les pas.
-C'est sérieux Niaman. Allons au jardin comme ça on sera seuls.
-Demba j'ai pas le temps pour les broutilles, s'agaça Niaman. En réalité elle voulait pas de problème avec son père et elle voulait à tout prix éviter de s'isoler avec Demba.
-Niaman je te dis que je veux te parler sérieusement.
-D'accord quand je reviendrai du jardin alors.
-Ça peut pas attendre Niaman. Demba fixa son amie sérieusement. Cette dernière fut gêné et intimidé et baissa les yeux.
Finalement, elle le laissa la suivre. Ils cueillirent les légumes dans un silence de morgue. Demba se demandait comment entamer la conversation et Niaman se posais mille une question. Que diable voulait lui dire son ami ?
Il hésita un moment puis finalement se lança.

-Je me rappelle quand on était petit, je me suis fait piquer par une fourmi ici. Avec ta sœur vous vous êtes moqué de moi parce que je ne pouvais pas me gratter les fesses en public.
Niaman souria. Elle se rappelait elle aussi de ce jour.
-Tu posais trop de question ce qui agaçait mon grand frère, en plus parfois des trucs inutiles. Commenta Niaman qui donna l'opportunité à Demba d'avoir son attention.
-Je voulais tout savoir aussi avant de partir, souria Demba avant de prendre une mine sérieuse.
Niaman je t'apprécie beaucoup tu sais. Tu es une femme brave, honnête, travailleuse et respectueuse.Depuis l'enfance je t'ai toujours observé et je n'ai jamais vu en toi un mauvais comportement. Je voulais te demander si tu voulais devenir ma femme, je veux t'épouser Niaman.

Niaman sursauta et fit deux pas en arrière.
-Tu veux m'épouser tu dis ?
-Oui Niaman je veux que tu deviennes mon épouse et qu'on parte ensemble en ville.
-Je ne peux pas Demba, répondît elle triste.
-Comment ça tu peux pas ? Je pensais que tu m'aimais autant que je t'aime Niaman. Pendant tout ce temps moi je voulais chercher à plus te connaître mais toi tu voulais juste me tenir compagnie le temps que je parte ?

Niaman fixa son ami et une arme coula de ses yeux. Elle appréciait elle aussi énormément Demba mais elle savait pas comment lui avouer qu'elle n'était pas une fille innocente. Elle savait pas comment lui dire qu'elle était souillée.
-C'est pas ça Demba, répondît elle d'une petite voix.
-C'est quoi alors ?
-Je peux pas te le dire. La seule chose que je sais c'est que tu ne mérites pas une fille comme moi.
-C'est pas toi qui sais ce que je mérite ou pas Niaman. Dis moi sincèrement pourquoi tu veux pas accepter ma demande.
-Je...je, c'est pas facile à dire.
-Fais moi confiance Niaman, Demba saisit les deux épaules de son amie. Dis moi pourquoi je peux pas t'épouser.
-Parce que je suis plus vierge, pleura t elle.

Demba fronça les sourcils, pris de haut.
-Tu as un petit copain Niaman ?
-Non.
-Alors explique moi.
-C'est arrivé quand je me suis faite excisée. J'ai faillit mourir et ma mère m'a amené chez un marabout et il...
-Il t'a violé ?!
Niaman hocha la tête et pleura de plus belle laissa son ami dans un autre monde.
Il entendait parler de ces genres de cas en ville mais il n'aurait jamais imaginé que quelqu'un de son entourage pouvait en être victime.
C'était donc ça qui était enfoui en Niaman. Sa désinvolte face aux hommes, ses moments d'absences.
Les gens la jugeait sans chercher à comprendre. On la traitait de fille aigrie alors qu'elle n'était en réalité qu'une fille brisée. Et il était sûr que certains la traiteront de dévergondée sans chercher à connaître l'histoire.
Il la prit dans ses bras pour la calmer.
C'est pas de ma faute, répétait elle.

-Niaman regarde moi et sèche tes larmes. Je sais que tu n'as rien fait. Même si tout l'univers me disait le contraire. Quand on connaît quelqu'un, on sait de quoi il est capable ou pas. Ce vieux aura ce qu'il mérite inchalah, Allah ne dort pas Niaman. Il voit et sait tout. Et sache que tu sois vierge ou pas ça m'est égal. Je ne t'épouse pas pour ta virginité mais pour la personne que tu es et c'est ça qui compte.
-Pourquoi ? Pourquoi moi Demba, il paraît qu'il y a des filles milles fois belles que moi en ville, qui s'habillent bien et qui sont instruites.
-On à beau être beau à l'extérieur quand on a pas une bonne âme il y a pas d'utilité. La beauté est éphémère Niaman, ce qui restera toujours sera ton fond. On peut apprendre, on peut adopter un nouveau style de vêtements mais on ne pourra jamais être quelqu'un qu'on est pas. Et laisse moi te dire que tu es plus belle que toutes ces femmes dans la ville.
-Demba j'ai peur.
-Fais-moi confiance. Dès demain mon père ira demander ta main pour moi. On ira nous installer en ville. Je vais te montrer chaque coin et recoin de la ville. Tu vas aimer j'en suis sûr. Je vais t'inscrire dans une école de formation pour que tu apprennes. Je finis cette année mes études et commencera à travailler. Je veux juste faire les fiançailles le temps d'être financièrement stable pour te marier. Dans deux ans maximum tu seras en ville.
-Merci Demba.
-Tout ira bien ne t'en fait pas. Rentrons avant que ta mère ne s'agace.

Tout le long du retour, Niaman ne cessait de sourire. Demba était bel homme et elle fille du village épousée un bamakois. Voilà l'homme qu'elle a secrètement souhaité avoir depuis toujours. Un homme qui ne la jugera pas.

Une question de tradition

Je suis de retour.
Une petite romance au village ?
En tout cas histoire à suivre.
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Merciii

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