III

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Nagnouma attacha Niéléni à l'aide de son pagne sur son dos et continua sa tournée. Il faisait tellement chaud en ce mois de Mai. Des grosses gouttes de sueurs perlaient sur son front. Cette chaleur était insupportable mais elle n'avait d'autres choix que de vendre de l'encens dans des bouteilles de moutarde et mayonnaise. C'est bête pour une femme de compter sur son mari surtout si ce dernier est polygame, ceci était la pensée de Nagnouma.
La recette de sa vente lui servira de trousseau pour le mariage de sa fille aînée, le mariage de la jeune fille demande plus de dépenses que celui d'un homme. Le mariage de Soumba est certainement dans trois ou quatre ans. Il va falloir acheter des bijoux, des vêtements neufs surtout des ustensiles de cuisine. Elle ne voulait que sa fille ne manque de rien mais elle ignorait que ce souhait est impossible même les filles de président manquent de quelque chose le jour du mariage.
Le mariage de Anatou, la fille aînée de Tita, a été une réussite ; tout le village en a parlé pendant des mois, elle a reçut les meilleurs bijoux de la grande ville, des pagnes de bon qualité, deux voitures, deux voitures remplient de ustensiles de cuisine tous ça pour elle seule. Et c'est ce que je veux faire pour ma fille sinon plus, songea t-elle.
Le sang de Nagnouma n'a fait qu'un tour lorsqu'elle apercut Soumba de loin courir en sa direction.
- Que ce passe t il Soumba, quelque chose s'est passé à la maison ? Demanda t-elle en criant dû à la distance entre elles.
Soumba, une fois près de sa mère, prit quelques secondes pour reprendre son souffle avant d'annoncer à Nagnouma, que son père voulait la voir.
-Tout de suite ?
-Oui.
Elles prirent la route ensemble, traversèrent le marché avant de pénétrer dans la grande cours de Boubacar. Ce dernier était assis devant la grande case, qui comporte trois chambre celle de Nagnouma, l'autre pour Maïmouna et la dernière est celle des filles, la grande case jouait le rôle de véranda; celle des garçons est construite à part non loin des toilettes, deux exactement, toutes construites de terre battu.
Boubacar n'était pas seul, il était avec Djissouma, le griot de la famille.

-Bonjour, Djéliba comment va la famille ?
-On remercie le bon Dieu alhamdoulilah.
-Quel bon vent t'a amené ici sous cette chaleur insupportable ?
-Djéliba est là parce que je lui ai fait appelle, attendons ta co épouse avant d'entamer cette discussion. Rétorqua Boubacar
-Hèrèdo koni Baba ? Posa Nagnouma un peu soucieuse de l'air sérieux qu'a prit son mari.
-Si Dieu le veut, c'est une bonne nouvelle.
Au même moment Maïmouna pénétra dans la cours haletante, prit un escargo à la hâte et s'ajouta au petit groupe.
-Aw ni tché( salutation) désolée du retard, j'avais beaucoup de clients j'ai un peu galéré à trouver quelqu'un pour me remplacer.
-Fille des peulhs tes excuses sont acceptés.
-Ah oui j'avais oublié qu'on avait une grande commerçante dans notre famille, lança Nagnouma pour piquer Maïmouna, tchuur toujours là à retourner la situation en sa faveur, à croire qu'elle reçoit tout le village chaque jours.
-Ce n'est pas de ma faute si ton marché d'encens ne marche pas Nagnouma.
-Maïmouna enlève mon nom de ta bouche, je veux pas d'histoire. Oui mon encens ne marche pas à merveille mais une chose est sûre je ne compte pas sur l'héritage de ma famille moi.
-Descendente de Diatta et fille des peulhs je vous en prie, calmez vous, supplia Djéliba.
Boubacar resta là silencieux, il daigne même pas à réagir de toute façon ce n'est pas la première fois qu'il assiste à ce genre de spectacle ni la dernière fois non plus.
-Comme tu viens de le dire Nagnouma c'est l'héritage de Ma famille j'en fais ce que je veux, que je sois mariée ou pas je suis et serai toujours la fille de mon père donc j'ai autant le droit que mes frères de bénéficier des vaches de ma famille. C'est pas de ma faute si ton pauvre défunt père n'a rien laissé pour toi. Dit Maïmouna en nargant Nagnouma, qui visiblement fulminait.
-Maïmouna je ne te permait pas de me manquer de respect ni à mon père ni a ma famille si tu veux pas affronter ma colère petite impolie.
-Héhé Nagnouma comme si j'avais peur de toi, tu n'e...
-ASSEZ, C'EST UNE FOIS MORT QUE VOUS ALLEZ ME RESPECTER PEUT-ÊTRE ? S'écria Boubacar.
-Keïta, calmez vous svp, s'énerver n'arrangera rien.
-Que vous vous disputiez à longueur de journée cela m'importe peu mais ayez au moins la descendance de vous contrôler quand on a des invités, poursuivit Boubacar qui ignora Djéliba, si vos parent ne vous ont pas bien éduqués moi je le ferai sinon rentrez toutes les deux chez vous, mes enfants auront d'autres mères polies qui les apprendront le respect de soi et des autres, quand est-ce que vous vous unirez pour la paix dans cette concession ?
Après un long silence, Maïmouna s'agenouilla aux pieds de son mari et du griot et les demanda de la pardonner. Nagnouma dans un ton détaché présenta aussi ses excuses sans se lever de sa place.

Une Question de tradition Où les histoires vivent. Découvrez maintenant