XII

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« Les coutumes, les cultures ne changent jamais quelque soit la génération, quelque soit le siècle, quelque soit les mentalités. »

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-Non Demba met pas les noix que tu viens de manger sur ceux là. Préviens niéléni.
-Mais ils doivent tous être séchés non ?
-Non. Tu vois ceux là au soleil ils ont été bouillies d'abord. Met ceux que tu mange dans ce petit seau quand ma mère viendra elle les fera bouillir aussi puis faire sécher au soleil.
-Et après ? Demanda Demba curieux.
-Tu vois cette noix ? Il y a encore une amende là dedans. Elle enlève la coque puis lave les amendes pour enlever les saletés. Elles sont séchées puis terrifiées enfin elles sont moulues jusqu'à l'obtention d'une pâte épaisse. On mélange la pâte à l'eau pour la battre vigoureusement.
-C'est donc comme ça qu'on obtient le beurre de karité. Ça semble très facile.
-Vu comme ça oui mais en réalité la tâche est très difficile. Il faut des heures de travails et des jours aussi.

Nagnouma entra du marché et les enfants coururent là débarrasser de ses affaires.

-Niéleni aide moi à déplacer les noix de ce côté, dit nagnouma en désignant un coin isolé de la cour. Il y a de plus en plus d'humidité sous les noix si on les déplace pas ils risquent de ne pas sécher.

Aide par Demba, le trio s'affaira à changer le mieux d'étalage des noix. Chaque fois qu'il se rendait chez les Keïta, c'est avec des connaissances que Demba retournait chez lui. Il ne cesse d'apprendre de nouvelles choses. Ayant le désir d'en savoir toujours plus, il ne s'épuisait point à poser des questions ou de suivre les filles partout où elles allaient.
Il ne connaissait peut être pas toutes les traditions ni les trains trains de vie du village mais il pourrait se vanter d'avoir acquis certains savoirs. Désormais il savait qui il était et d'où il venait. Leurs retours en ville s'approchaient à grand pas. Contrairement à ses sœurs, Demba n'avait plus dit tout envie de rentrer chez lui à Bamako.

-Mais qu'est ce que tu racontes Demba, je pourrais pas te laisser seul ici c'est insensé. Essaya son père de le raisonner.
-Tu pourras me confier à l'oncle Bacar et sa famille. Je sui sûr qu'il sera d'accord.
-Hanhan j'ai compris maintenant. C'est pour rester auprès de ta dulcinée que tu n'as pas envie de retourner à la maison.
-Oumou arrête tes conneries veux tu, la sermonne gentillement sa mère.
-Demba tu dois retourner à l'école pour étudier et aux vacances prochains tu reviendras.
-Mais c'est trop loin papa.
-Mais pas du tout l'année va filer à une telle vitesse que tu te demanderas si tu as vraiment fait neuf mois. Lui dis sa mère.
-Tu peux pas rester ici tu as ton école et tu dois préparer ton avenir. Tu n'es pas préparé à vivre dans la brousse. Crois moi ce que tu vis ne sont que des vacances.
-Je vais m'habituer.
-Ici c'est pas comme chez nous. Au bout d'un mois tu vas pleurer vouloir rentrer à la maison et ça sera trop tard. Tu n'as pas vu comment les frères de niaman travaillent dur pour subvenir à leurs besoins et ceux de leur famille. En plus ici on termine pas l'école. Au bout de six à sept ans ils abandonnent pour aller au champ. Faut vraiment être un villageois pour vivre ici facilement. Je t'en prie laisse cette idée de rester tomber. Je te promet qu'à chaque vacances je te laisserai venir avec ou sans nous d'accord.

Demba abdiqua finalement. Même si il se sentait triste d'abandonner ses amies, l'excitation à l'idée de revenir lui fit oublier sa tristesse.
Ainsi le surlendemain, les bamakois retournèrent chez eux après deux semaines de séjour au village.
Les filles coururent derrière la voiture en chantant une chanson d'adieu qui fit pleurer Demba. La voiture s'éloigna à une bonne distance d'elles et elles retournèrent chez elles. Quant à Demba, comme à l'allée, son front était collé au vitre de la voiture mais cette fois si au lieu d'observer le paysage, il était nostalgique.

Une Question de tradition Où les histoires vivent. Découvrez maintenant