XXI

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Une question de tradition

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« Yiri djougou bé kari a yairai kônô »
« Le mal revient toujours à celui qui le fait ».
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Sali réprima un soupir. Elle n'en pouvait plus de la douleur qu'elle ressentait au pieds. Elle prit la décision d'aller voir un guérisseur. Elle soupçonnait Batoma ou tarata de lui avoir jeté un sort. Elle savait que cette douleur n'était pas naturel elle le savait maintenant.
Au début, elle pensait que c'était dû au fait qu'elle ait dû marcher des heures pour aller vendre des condiments au marché de Siby mais plus les jours passaient plus elle avait de plus en plus mal.
Elles n'ont pas osé me faire ça, se disait elle, non elle n'ont pas osé.
Elle sortit tant bien que mal de sa case et se rendit aux toilettes sans jeter un regard à tarata dans la cour. Cette dernière était habituée à l'insolence de sa belle fille. Elle ne lui adressais la parole que par besoin et ne la saluait que quand bon lui semblait. Le plus bizarre c'est que elle n'arrivait pas à en parler à son fils. Comme si quelque chose lui couvrait la bouche chaque fois qu'elle voulait en parler. Elle se résigna en prenant conscience que sali l'avait attaché la bouche mystiquement. Elle remercierait jamais assez Allah de lui avoir ouvert les yeux sur le vrai visage de sali et était reconnaissant envers Batoma de lui avoir pardonner son comportement durant des années. Si je savais, regrettait elle souvent. Mais le mal était déjà fait et elle n'avait qu'à assumer les conséquences.
A la sortie des toilettes, sali laissa échapper un tchiip monumental en remarquant Batoma traîner les pieds avec son gros ventre. Depuis qu'elle avait accouché de son premier fils, elle s'était transformée en une poule pondeuse au grand damn de sali qui n'avait que deux fils contrairement à sa co épouse qui était à sa troisième grossesse. Comme on le dit se lever tôt n'est pas synonyme d'arriver tôt.
Elle fit sa toilette du matin, prit son petit déjeuner, et se rendit tant bien que mal chez un guérisseur, les massages et feuilles de malado n'ayant pas fonctionné.
Elle monta dans le charriot d'un jeune qui se rendait au champ. Le guérisseur se trouvait à quelques kilomètres de son village. Une amie lui avait recommandé car disait on qu'il savait ce qu'il faisait. Le voyage fut pénible pour elle. Le charriot la déposa à la sortie du village et elle dû attendre qu'un jeune homme passe sur sa bicyclette pour lui demander la permission de la déposer. A l'entrée du village, elle demanda la concession du vieux homme guérisseur. Une bonne femme se porta volontiers pour la guider.
-Tu n'es pas du coin ? Demanda t elle.
-Non je viens de karan.
-Ha c'est un peu loin. Le voyage n'a pas été difficile j'espère.
-Un peu oui.
-Tu as des problèmes dans ton foyer ? Posa la dame. Sali trouva cette question déplacée. Elle lui répondît un non sec et accéléra la marche.
-D'accord. La plupart des femmes viennent voir karamoko quand elles ont des problèmes dans leur foyer ou des problèmes d'enfants. Quelque soit ton problème le vieux trouvera une solution. Tu vois moi j'ai fait cinq ans de mariage sans enfanter, mon mari m'avait délaissé et mes co épouse se moquait de moi. Un jour une tante m'a parlé du vieux et des miracles qu'il faisait. Je suis venu et trois mois après j'étais enceinte.
-Hum, fit sali désintéressé.
-Une dame es venu d'un autre pays pour se faire soigner aussi. Apparemment on lui avait jeté un sort. Hum l'être humain est mauvais koyi. Comment peut on être méchant et égoïste à ce point. C'était sa belle mère qui l'avait marabouté. Elle lui avait pris ses facultés de marcher.
-Et le vieux l'a guéri ? S'intéressât soudainement sali. La dame fixa sali comme si elle était d'une autre planète.
-Bien sûr qu'il l'a guéri, répondît elle comme une évidence.
-J'espère qu'il pourra me guérir aussi.
-C'est Karamoko dont on parle quand même, il sait faire plus tu verras. Mais tu m'as pas dit ce qui t'a mené ici. Renouvella t elle sa question.

Sali trouva la femme trop curieuse et indiscrète.
-On est toujours pas arriver ? Esquiva t elle l'a question.
-On y est presque. Tu sais la femme là-bas, pointa t elle du doigt une dame près du puits, elle est la troisième femme de Karamoko, c'est une femme très correcte et respectueuse. Allons lui passer le bonjour.

Une Question de tradition Où les histoires vivent. Découvrez maintenant