La nouvelle c'était répandu comme une traînée de poudre. Tout le monde parlait du déshonneur de niéléni. Au marché, au bord de la rivière, sur les routes de champs.
Nagnouma simula une maladie pour rester dans sa case pendant quelques jours. Elle se demandait comment elle allait surmonter cette honte. Si elle a pu garder la tête haute tant bien que mal après la fuite de soumba,elle ne savait de quelle force puiser pour sortir.
Elle savait que ceci était une occasion pour son mari de la rabaisser plus bas que terre. Le minimum d'estime qu'il avait à son égard venait de partir en fumée.
Elle se demandait comment elle avait pu être aussi tolérante et inattentive avec sa fille. Pourtant, elle n'a jamais cessé de lui répéter l'importance de la virginité et comme toujours niéléni répliquait, un sourire narquois aux lèvres,qu'elle se préservera jusqu'au jour de son mariage. Et elle buvait ses mots. Elle voyait en niéléni l'opportunité de remonter la pente, de regagner la considération de son mari. Même si elle le montrait pas, la fuite de soumba l'a blessé dans son égaux, elle y ressentait une certaine honte. Elle savait plus comment affronter sa co épouse. Maïmouna venait de remporter la guerre.
Elle se laissa tomber sur sa natte lessiver de la vie, de sa situation, de l'acharnement du destin sur elle. Elle se demandait que sera le prochain sort du destin sur elle. N'a t elle pas fait de son mieux pour inculquer les valeurs morales et culturelles à ses enfants ? Combien de fois les avait elle mis en garde ? Combien de fois les avait elle tiré les oreilles pour qu'ils respectent les choses ? Combien de fois ? Où avait elle échoué dans son rôle de mère ? Elle passa en revue l'enfance de ses enfants et elle ne vit aucune faille de sa part.
Était elle maudite ? Elle secoua la tête, non c'était pas ça.
N'a t elle pas respecté ses parents ? Quel travail domestique n'avait elle pas fait pour sa mère ? Qu'elle tante paternel l'aurait maudit ? A l'égard de quel oncle avait elle manqué de respect ?
Elle était confuse. Elle savait pas quoi faire, elle était troublée.
Elle souffla pour la énième fois puis se tourna de l'autre côté.
Elle souhaitait même pas à son ennemi de vivre une situation pareille. Celle du désarroi et de l'anxiété.
Seule dans sa case, elle souhaita mourrir pour être en paix. Elle n'avait plus envie de vivre, de se battre. Et pourquoi vivre d'ailleurs si on a des enfants qui ne se soucient pas des conséquences de leurs actes, quand on a des enfants qui se chiffonnent pas pour nous désobéir ? Et se battre pour quoi ? Pour un mari qui nous considère à peine ? Pour un mariage qui n'en est plus un depuis des années ? Pour un soit disant foyer ?
Elle avait atteint le degré maximale de la patience, du « mougnou » et du « sabali ». Elle était à bout.
Elle fit mine de dormir quand elle entendit des bruits de pas aux alentours de sa case, ce qui interrompu ses pensées.
C'était maïmouna. Le sons de sa voix chantant une chanson provocatrice atteint ses oreilles. Depuis la nouvelle, maïmouna avait en elle une joie de vivre incroyable. Comme on le dit: « ni dô ka bama sa dô ka naté dia » « au malheur de certain,le bonheur d'un autre ».
Maïmouna savourait sa petite victoire de son côté. Elle était sûre qu'avec sa fille elle rencontrerais pas une honte. Elle avait confiance en sa fille.
En tant que femme, nagnouma lui faisait un peu pitié mais en tant que rivale elle ne pouvait que se réjouir. Désormais elle avait l'attention et le respect total de son mari. Elle marchait dans les rues la tête haute, se dandinait dans la cour comme une reine et éclatait de rire au moindre coup de vent, oui elle était heureuse, heureuse du malheur d'une autre.
De son côté Niaman avait juste envie de crier à sa mère de ranger ses dents car son tour d'humiliation arrivera. Elle aussi ressentira ce que ça fait d'apprendre que sa fille n'était pas vierge au mariage. Elle aussi sera la risée de tout le monde au village. D'un autre côté ce retournement de situation l'arrangeait. Elle entendait plus sa mère rouspéter contre elle de n'avoir pas été mariée avant niéléni, à croire que cela dépendait d'elle. A croire qu'elle avait conseillé à l'homme de choisir sa sœur.
Elle souhaitait secrètement que ce jour n'arrive jamais même si c'était contre le gré de sa mère, elle voulait pas se marier, elle voulait pas vivre avec un homme encore moins qu'il la touche.
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Une Question de tradition
General FictionTradition, que veut dire ce mot ? Qui nous oblige à agir contre notre gré, de suivre les pas, comme on le dit, de ses ancêtres, de croire aux esprits surnaturels. Ce mot Qui nous interdit des choses sans une explication concrète. Parfois on a l'impr...