La rencontre {T. 3} (Réécrit)

CHAPITRE 41

J'attends encore et toujours que le temps passe. Il est long décidément.

Je n'ai toujours pas bougé, ne sachant où aller. J'suis toujours en bas, entre le p'tit Carrefour Market et le marchand de journaux. Je fixe sa fenêtre depuis que j'suis scotché à ce banc. Puis je me remets en route. À moitié vers l'inconnu, je sais juste que je peux aller vers la ville dans cette direction. J'ai un minimum de mémoire je pense, alors le trajet du bus d'hier traîne encore dans mon esprit. Et puis j'ai pas envie de le prendre, ce bus, autant y aller à pieds.

J'suis bizarre, hein ?
Cool, vous le saurez pour la prochaine fois.

Cette aération mentale me fait du bien. Personne que je ne connaisse personnellement dans les parages, aucune idée de l'endroit où j'suis mais au moins je peux tenter de retrouver une paix intérieure. Je dis bien essayer.

Mon téléphone vibre mais vu qu'il est déjà dans ma main je m'aperçois rapidement de l'appel d'Oli.

-Qu'est-ce que tu fous à cette heure réveillé toi ?je demande.
-J'ai rien dormi, laisse tomber. J'ai juste vu que t'étais en ligne sur Insta, alors je me suis dit que je pouvais venir t'embêter. À moins que je ne dérange ?
-Non, c'est bon.
-Ah, elle dort, c'est ça ?

Qu'est-ce qu'il me soûle.

-Oui, elle dort sûrement.
-Donc t'es allé chercher les croissants dehors ? Pourquoi y a des bagnoles en bruit de fond ?
-Laisse-moi parler peut-être aussi, non ? Bon. J'suis parti.
-Hein ?
-J'ai merdé hier et...
-Elle t'a friendzone ?
-Non, non. Justement au contraire.
-Si c'est le contraire, il est où le problème ?
-Ils s'est passé ce qui s'est passé hier, mais maintenant j'dois passer à autre chose.
-T'as peur des clichés, c'est ça ?
-Tu crois vraiment que c'est ça qui me ferait peur ? Non, juste que... j'en ai marre. Tu sais quoi, j'ai pas envie d'en parler tout de suite parce qu'au téléphone c'est pas la meilleure idée, j'te propose plutôt qu'on se voit ce soir quand je rentre et on s'expliquera.
-Ça marche, bonne visite en attendant du coup.
-Merci Oli.

Que dire à ça, hein ?
Incroyable ce gars. Il m'impressionne de jours en jours. Et ce pour encore longtemps j'imagine et j'espère.

Bref. J'suis devant une sorte d'école, on me klaxonne mais je n'y fais pas plus attention.

La route est encore longue d'après mes souvenirs, mais vu qu'il n'est que neuf heures trente, je sais que j'ai amplement le temps.

Mais qu'est-ce que j'aimerais avoir une voiture.
Je pense que c'est décidé, plus jamais je remets les pieds ici, sauf pour un concert ou un truc du genre. Et une bonne fois pour toute.

****

J'me suis occupé comme j'ai pu et finalement j'ai abandonné l'idée de faire tout le trajet à pieds, au bout d'un kilomètre j'me suis posé à un arrêt de bus. On dirait un auto-stoppeur, j'vous jure.

Mais l'air j'en ai besoin. Cet après-midi j'irai le passer dans un endroit chaud mais pour l'instant cet environnement extérieur m'est vital malgré la pollution.

Pdv Manon

Je tiens les feuilles d'une main ferme. Et je relis en boucle les lignes qui sont face à mes yeux.

Pas de larmes, pas de sourire non plus.
Rien. Que dalle.

Peut-être parce que j'ai du mal à comprendre. J'suis un objet en fin de compte, c'est ça. Très bien, je retiens.