CHAPITRE 36

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Nous attendons depuis vingt bonnes minutes dehors, d'après ce que j'ai compris les gars sont allés au restaurant après avoir fait un espèce d'apéro à la maison.
Tant mieux.

Pas que je ne les aime pas, attention mais je n'ai pas spécialement envie de voir du monde là.
En plus Nicolas m'a fait mal, ma cicatrisation n'est pas encore complètement terminée et il m'a effleuré très violemment à plusieurs reprises vers elle.

Anaïs observe la vapeur qui s'échappe de ma bouche à chaque bouffée d'air que je rejette puis elle s'empare de son paquet de cigarettes.

-T'en veux une ? elle propose.
-Sans façon, merci.
-Très sage décision.

Je souris timidement.

-Et sinon, reprend-t-elle, il n'est pas allé trop loin encore ..?
-Oui et non, c'est déjà de trop ce qu'il a fait. À me tripoter comme il l'a fait, mais non, y a rien eu de trop violent.

Je revois des sortes de flashs d'avant, j'en tremble. Imaginer de nouveau Kris face à moi, enfermée dans une pièce avec lui, et...

-Ça te... elle continue gênée.
-M'a fait un choc, en quelques sortes.

Elle a l'air de comprendre. Mais elle ne sait rien d'avant. Elle ne sait pas la douleur que ça m'a rappelé.

-Il va se faire virer, t'en fais pas. Tu ne sais pas à quel point notre patron a horreur des trucs du style harcèlement sexuel et tous ces trucs, alors là il ne va pas le rater.
-J'espère bien.

D'ailleurs j'espère de tout cœur qu'il est parti. En aucun cas je ne veux retomber sur lui maintenant.
Je retiens difficilement des larmes depuis tout à l'heure, je pense que c'est l'accumulation de beaucoup de choses qui sont la cause de ces dernières. Il est vrai que cette période de ma vie est un peu... mouvementée, si je puis dire. Alors lâcher prise deux secondes en laissant l'émotion sortir, j'en ai envie, mais pas maintenant. Pas devant ma collègue qui d'ailleurs commence à devenir une bonne amie pourtant.

Une voiture arrive sur le petit parking de la boîte, je croise les doigts pour que ça soit Oli. Pour mon plus grand bonheur, c'est bel et bien lui.

Anaïs me le demande à son tour, puis après ma validation nous attendons avec impatience sa sortie.

Quand elle le voit sortir, elle reste un court instant perplexe.

-C'est peut-être pas ton copain, mais au moins on aura vu quelqu'un de connu ce soir, dit-elle en souriant.
-Si tu le dis.

Voyant qu'il s'avance vers nous, elle continue :

-Il veut peut-être un... renseignement ?

Je hausse les épaules.

Sa démarche est classe, il est vraiment bien habillé en plus pour cette soirée. J'avoue que je ne peux m'empêcher de craquer face à ce gentleman.
Vraiment, qu'est-ce qu'il est beau.

Il est absorbé par son téléphone donc ne peut pas laisser penser Anaïs qu'il est effetivement là pour moi.

Une fois arrivé à quelques mètres de nous il lève la tête et me sourit.

-Ça va, dit-il en s'avançant vers moi pour m'embrasser. Tu m'as fait flipper au téléphone là. Il se passe quoi ?
-Ça va, ça va.

Il me fixe longtemps en plissant les yeux. Il cherche dans mon regard.
Il me fout vraiment la pression, il sait que je déteste ça. Mais de son côté, il sait que ça marche à tous les coups.

La rencontre {T. 3} (Réécrit)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant