La rencontre {T. 3} (Réécrit)

CHAPITRE 16

Pdv Manon

J'ouvre soudainement les yeux, comme si une idée brillante venait de me traverser l'esprit.
Étant sur le dos, mon plafond est la première chose que je vois. Je continue de le fixer et ne fais aucun bruit, pour savoir si je suis seule ou bien accompagnée comme je le pense. Mais rien. Je me décide enfin à me tourner et mes oreilles n'avaient pas menti.
Personne.
Le lit paraît fait, alors je suis dans l'incompréhension totale.

C'était un rêve ?

Toute cette soirée ne venait que de mon imagination ?
Pourtant j'en ressens tous les bienfaits.
Même cette nuit, qui au début me semblait tellement absurde et qui finalement m'a fait encore plus cogiter à son sujet.

Que faire maintenant ?

Tous les sentiments que j'ai éprouvé en quelques heures, c'est un record. Et lui, il a pu m'écouter et finalement... aurait-il profité de ma faiblesse ?

« Sois pas parano. »

C'était spécial. Un mélange de tellement de sentiments inénarrables s'emparent de moi, de toutes sortes.
Je me sens un peu plus légère parce que j'pense que vous le savez, mais parler ça fait un bien fou. Et j'ai jamais été aussi confiante avec un gars pour m'exprimer.
La suite, je préfère y garder privé peut-être qu'il vous y racontera, j'espère pas mais bon.
Enfin... si c'était pas un rêve.

Je me décide enfin à me lever, et pars en direction de ma cuisine. Curieusement, ça sent fortement le café.
J'attrape un gilet qui traine sur mon porte-manteau et suis cette odeur agréable.

-Hey, dis-je en voyant Florian.
-Bonjour, il répond le sourire aux lèvres.

Je m'approche de lui et laisse un bisou sur sa joue, ne sachant quoi faire d'autre.

-Il caille, pourquoi t'as ouvert la fenêtre là bas ?
-Je... va voir par toi-même, il ajoute avec une voix peu rassurante.

Je marche donc la tête pleine de questions vers cette dernière. Une fois devant cet individu, je referme mon gilet correctement mais surtout brusquement, par frilosité ou même juste par gêne. Oui je ressens de la gêne devant ses yeux.
Aucun mot de sort de ma bouche, ni de la sienne. Je jette un rapide coup d'œil du côté de Flo et lui demande dans un regard « qu'est ce qu'il fout là lui ? » mais Yanis se décide finalement à parler.

-Salut, je venais juste rendre tes clés, il dit peu sûr et en les jetant sur la table.
-Merci.

J'attends debout devant lui, et le fixe. La seule chose que je souhaite c'est qu'il parte maintenant.
Ou finalement, autant lui dire ce que j'ai à exprimer.

L'autre homme présent part se doucher suite au regard qu'il m'a lancé comme pour me dire qu'il fallait que je me lance, je suis donc seule avec ce cher parisien dans un froid glacial.

-Il est chelou ton pote, dit-il avec un certain entrain dans la voix qui me paraît quand même un minimum faux.
-Il est surtout là si on a besoin, j'ajoute sèchement accompagné d'un regard noir.

Là, son sourire laisse place à un visage déstabilisé et craintif.

-Tu... t'as rien fait avec lui, hein ?
-Qu'est-ce que ça peut te foutre ?
-Ça peut me foutre que j't'aime moi, il me répond en recrachant sa fumée.

Sa phrase m'interpelle. Il a dit quoi ? Non jurez.

-J't'aimais aussi il fut un temps, mais tu verras au fil du temps ça te passeras, je reprends en lui prenant sa cigarette pour tirer à mon tour une taffe.
-Hein?
-Ouais. C'est compliqué, mais on s'y fait.
-Tu changes d'avis comme de fringues toi.
-Y a que les cons qui changent pas d'avis, tu sais, je dis fière. Non, j'ai juste eu une nouvelle manière de voir les choses. J'ai juste pris du recul et j'me suis rendue compte que perdre mon temps pour toi ne m'apporterait strictement rien.
-Mais j'étais prêt à tout lâcher pour toi, même revenir ici. Et tu me dis ça, il rétorque en me fixant droit dans les yeux.

-Tu essaies de me faire culpabiliser pour quelque chose qui n'est peut-être même pas arrivé ? Mais... dis-je en secouant la tête négativement. Tu te rends compte de l'état dans lequel tu m'as laissé ? De la merde dans laquelle tu m'as foutu ? J'ai abandonné mes études pour pouvoir te rejoindre et finalement tu m'écartes de ta vie comme ça, sans rien dire et maintenant je dois te laisser revenir ? Par dessus le marché tu laisses encore une fille en plan ? Tu vois, t'es pas le genre de personne que je qualifie de bonne.

Je m'arrête dans mon élan et le fixe comme pour qu'il me donne confirmation au'ile m'écoute.

-Tu penses qu'on est quoi, des raquettes de tennis et que tu peux jongler entre nous ?
Sache que l'amour il m'a beaucoup brouillé la vision et embobiné, mais il ne m'a rendu ni aveugle, ni complètement conne.
Alors maintenant, fais ce que tu veux, mais sors de ma vie.

Une liberté se ressent fortement soudain.
J'ai enfin mis au clair les choses. C'est dur, mais c'est aussi la vérité.
Cette foutue vérité.
Elle est là, et elle est toujours autant blessante, poignante. Elle peut arriver à tout moment, se dévoiler par n'importe qui et dans toutes les situations. Si elle était dite directement, elle aurait tellement moins d'ennemis mais peu ont assez de courage pour la combattre. C'est malheureux, quand on y pense. Elle pourrait pourtant être la meilleure amie qu'on a tous, mais beaucoup préfèrent la fuir, en la dissimulant. Comme moi.
Comme nous.
Si elle se savait, juste par Oli par exemple on serait foutus. Enfin je pense.
J'espère juste que tu ne t'abattras pas sur nous encore une fois, je te suis fidèle normalement mais là je vais te garder éloignée encore un peu, désolée.

-Ça marche.

Mon regard à la fois satisfait et déçu se replonge dans le sien. J'attendais une autre réponse. Plus recherchée venant de lui.

Il se lève suivi de près par moi. En passant pour rentrer, il effleure ma main avec la sienne, ce qui provoque quelque chose proche du néant à l'intérieur de moi.

J'ai réussi.

Il part donc sans aucun regard, aucune parole. Rien.

« Aïe, toute ton enfance vient de partir en fumée ma grande.
Ah ça oui, quand Sara le saura tu perdras tout.
Mais tu ne peux t'en vouloir qu'à toi-même. »

Ces paroles qui résonnent dans ma tête deviennent de plus en plus fortes. Je ne peux pas les esquiver, elles sont bel et bien là et commencent à me hanter.
En l'espace de quelques minutes, oui.
Je m'assois sur mon canapé en tailleur avant de m'allonger, fermant les yeux pour relativiser.

Tout va se passer comme prévu.

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