CHAPITRE 28

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Je fixe encore cette porte, en lâchant un soupir comme pour exprimer ma désolation face à la situation. Puis je me replace correctement mais surtout nerveusement dans mon siège, avant de regarder le frère de mon petit ami venir vers nous. En arrière-plan j'entends une portière s'ouvrir puis se refermer, puis après environ 10 secondes que j'ai passées à enlever les clés du contact pour sortir à mon tour, une silhouette se place devant ma fenêtre puis ouvre ma portière.
Après une grande vague de froid qui submerge mes jambes, je sors de la voiture.

-Merci.
-Mais de rien, c'est normal, me dit mon copain.

Il esquisse un sourire tellement rayonnant que j'ai envie de le clore en déposant un baiser sur ses lèvres, mais le bourdonnement des roulettes de la valise de son frère devient tellement fort que je peux en déduire qu'il n'est pas très loin. Je laisse donc cette envie de côté et me contente de le suivre du regard pendant qu'il se cale contre la voiture en croisant les bras, tout en regardant Flo arriver.

-Ho les amoureux, balance le concerné justement.
-Yo frérot, répond Oli qui a l'habitude de ces commentaires.

Il nous salue et se dirige vers sa voiture qui est garée près de la mienne pour y ranger ses bagages, puis revient vers nous.

-Prêt, je demande.
-Oh oui, j'supporte plus cette ville j'te promets.
-T'es pas le seul, je réponds en soupirant et me plaçant aux côtés d'Oli. Y a pas moyen qu'on monte derrière, on passera inaperçu, on est pas très imposants ça passe.
-Mh je sais pas. Après tu vois si y a les douanes tout ça...
-Ah parce que tu comptes passer par l'Italie, intervient Oli en passant son bras autour de moi.

Flo détourne le regard comme pour chercher une réponse avant de continuer

-Plus Espagne.
-Okay.

Il se contente de rétorquer un sourire en coin et de taper la discute avec Oli.
Moi je fixe la fenêtre de l'appart de Manon. Du haut de son cinquième étage on dirait un observatoire, une vue sur toute notre cité. Les soirées à dormir sur son balcon, c'était de la bombe. Je les regrette aujourd'hui. Maintenant c'est devenu un gros bordel, mais j'ai pas peur. Enfin... dire ça serait vraiment mentir, je crains de la perdre si ce n'est pas déjà fait.

Elle qui m'a toujours guidé, mon essence quelque part. Puis j'ai pu penser que ce n'était pas réciproque. Mais j'le pensais, puisque vu son allure elle a pas l'air de vivre sa meilleure vie actuellement. Même en à peine dix secondes je l'ai remarqué.
D'un côté je pense que si elle aurait été joyeuse, y aurait eu un petit soucis. Enfin surtout pour moi. Mais n'en parlons pas, ce n'est pas le cas. Du moins j'espère.

-Elle est mal, ouais...

J'entends des fragments de la discussion qui a lieu à côté de moi et même si je me doute bien que ça parle justement d'elle, je ne m'y attarde pas.
Je sens juste qu'Oli décale son bassin toujours collé à la voiture pour ne pas glisser. Du coup alors qu'il me tient contre lui, je décide de me lever.

-Mais du coup Sa', t'en penses quoi franchement ?
- Simplement que je dois encaisser.
- Okay. Tu sais, elle s'en veut.
-Je m'en doute bien Flo, mais t'aurais réagi comment toi ? Je sais pas, on prend ton et ta meilleure pote et on les fout ensemble, ça te choque pas ? C'est quand même un peu bizarre sur le coup. Tu t'dis que tu les a toujours vu comme des frères et sœurs et là en fait, ils sont...

Je récapitule ma phrase mentalement tout en fixant le vide, et quand mes yeux reviennent sur la personne à qui je m'adresse j'ai l'impression qu'il finit par comprendre même s'il garde quand même son idée de départ.

La rencontre {T. 3} (Réécrit)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant