La rencontre {T. 3} (Réécrit)

CHAPITRE 60

Pdv Oli

Le silence pèse. J'me retiens même limite de respirer pour ne pas attirer l'attention. Ça n'empêche pas que Christophe me fixe, et que je suis incroyablement gêné.
Yanis se lève et part en direction du balcon, me voilà seul à table avec le père de ma copine. Sylviane est partie en même temps que mon frère et Auriane, mais moins loin, seulement dans sa chambre. L'émotion était trop forte, elle a préféré se retirer.

Je soupire. J'aimerais tellement que cela se passe bien, mais au fond j'imagine qu'il va arriver quelque chose. Cette période est chargée en émotions, en nouvelles, bonnes ou mauvaises, mais j'ai l'impression d'être sur un bateau qui tangue. Je sais que le périple va prendre fin et que nous allons gagner la terre ferme mais jusque là, il faut encore attendre. Il y a des jours où la chaleur et le soleil sont à leur apogée, la mer est calme. Puis d'autres jours qui se font nombreux, où la vague arrive sans prévenir, elle sort de nulle part. On se relève à chaque fois et ça continuera ainsi autant de temps qu'il le faudra, et je sais que c'est ça la vie. Mais putain, c'est chaud.

Au fond j'me sens pourtant bien. Avec le recul j'ai appris à faire la différence entre l'important et l'inintéressant, même si des fois quelques failles s'introduisent dans le système, comme par exemple ce geste malpoli de fouiller comme je l'ai fait hier soir. N'empêche au fond c'est pardonné. Personne ne le saura et ma conscience restera tranquille, grâce à cela j'ai illuminé la vie d'un homme triste et celle d'une fille perdue, qui même avec mes paroles et mes gestes attentionnés avait du mal à avancer. Aujourd'hui, je me sens fier, satisfait de moi. Je deviens une personne que j'approuve, et c'est le but de ma mission, non ?

Un sourire imperceptible borde mes lèvres. La télé en fond m'accapare quelques instants, puis j'ose enfin rencontrer le regard du grand homme aux cheveux poivre et sel qui attendait.

-Alors c'est toi le fameux ? demande-t-il en posant ses coudes sur la table.
-Je crois bien que... oui, oui.
-Comment elle est devenue, elle va bien ?

Mon téléphone sonne, mais la notification m'importe peu. Christophe peut juste apercevoir mon fond d'écran grâce à elle.

-Elle est magnifique.
-Vous avez vraiment le même regard, je remarque.

Mes bras se croisent, lui continue de contempler le doux visage de Sara qui pourtant est de profil vu qu'elle laisse un baiser sur ma joue sur l'image. Il est subjugué, et ses yeux s'humidifient.

-C'est toi qui a tout préparé ? il dit en me rendant mon portable.
-Je suis juste malencontreusement tombé sur des documents hier durant son anniversaire à la maison des parents de Sophie, et j'ai expliqué la situation à Yanis qui a su quoi faire.
-Tu l'as su hier donc ?
-C'est ça.
-D'accord. Et tu sais quoi ?
-Pas grand chose, en fait.

Il me regarde, et semble comprendre que je souhaite avoir plus d'informations.

-C'était en 2000, crache-t-il enfin, tout allait pour le mieux entre moi et Sophie, enfin c'est ce que je pensais. Un soir en rentrant du travail, je suis tombé sur ma femme en plein flirt avec un inconnu. J'ai fait du mieux que j'ai pu pour ne pas m'énerver, et je pense que la déception vis-à-vis de Sophie m'a profondément touché alors mon énervement n'a pas pris le dessus. J'étais dans l'optique du gars pacifique, alors tout s'est bien passé et une heure plus tard j'étais à la rue. C'était attendu, je suis parti par moi-même. Seulement le lendemain matin en me réveillant j'ai reçu une lettre. Elle était posée sur la fenêtre de ma chambre ici, fait-il en hochant la tête, et elle expliquait que Kris serait désormais le nouveau père de Sara.

Je reste là, bouche bée. Ses paroles ressassent un sentiment profondément enfoui en moi, j'ai connu quelque chose de semblable. C'est même  exactement ce que j'ai vécu avec Léa. Cette haine qui s'empare de vous, elle est incommensurable, mais vous vous devez de rester calme.
Cela étant dit, son histoire a pris des proportions clairement différentes ensuite. Comment quelqu'un peut faire ça, enfin on ne peut pas retirer son enfant à un parent sans raisons valables, ou...
Et même, la formulation de la chose aurait pu être plus travaillée, non ?
J'ai l'impression d'être face à une mésentente.

-J'rigole même pas, continue Christophe, Kris avait lui-même écrit une lettre pour moi qui disait en gros " je te prends ta fille, t'as rien à dire et c'est tout ". Mon réflexe a été d'appeler la police, puis ça a fini aux tribunaux. Déjà pour le divorce, après pour la garde de Sara et malgré les menaces contre moi et tous ces autres trucs, c'est Sophie qui a eu la garde puisqu'elle avait un toit à lui donner comparé à moi qui vivait désormais chez ma mère.
-Mais vous aviez le droit de la voir quand même, non ?
-Totalement, mais monsieur Kris n'approuvait pas. Je me suis battu mainte fois avec lui, mais ça n'a rien donné. Puis après ils sont partis je ne sais où, et j'ai préféré m'en charger plutôt qu'appeler les condés et encore les mêler à ça. J'ai cherché encore et encore, mais que dalle.
-Trop injuste cette justice.

Il hoche la tête face à la remarque. Mon cœur se sert, la vie lui a foutu une vraie claque pour le coup.

-J'étais triste et j'avais peur, je voulais voir ma fille mais je n'en avais pas le droit. Dès qu'elle sortait de la maison elle était avec un des deux guignols, alors je n'ai jamais eu l'occasion de lui reparler. J'ai ensuite rencontré une autre femme qui m'a aidé à me relever, elle a elle aussi essayé de m'aider mais Sara était partie des radars, ainsi que Sophie. Je ne sais où, pas très loin pourtant mais Annecy c'est vaste, alors après avoir passé de fond en comble trois grosses communes j'ai décidé de patienter. « Le jour viendra », je me disais. Et grâce à vous il est là. Même si elle ne m'accepte
pas, ce que je comprendrais, je l'aurai au moins vue et je saurai qu'elle va bien.

Il est si positif et possède tellement de recul, j'aurais été incapable de prendre la situation aussi sereinement à sa place. Pourtant ça a payé, aujourd'hui il va revoir sa progéniture.
La peine laisse place à la joie au fur et à mesure qu'il parle. Il sait que ce temps de latence va prendre fin, alors tout semble s'éclaircir autour de lui. Je dis ça seulement en apercevant les étoiles dans ses yeux, son regard très expressif.

Le premier contact avec lui a été fort en émotions, je sens qu'on peut bien s'entendre. Il parle avec une telle franchise et sans aucun filtre, ça prouve bien qu'il a confiance.
J'essaie de lui rendre la pareille en restant à l'écoute.

-Tu dois être un mec bien, me dit-il pour changer de sujet et lui permettre de laisser son émotion retomber.
-J'essaie, je fais comme je peux. Oui, du mieux qu'je peux.

Dire que tout partit d'un rien, vous voyez comment tout est imprévisible ?

——

Hello hello vous, j'espère que vous prenez toujours du plaisir à lire ce récit. J'vous remercie, mon tome un reste dans les premiers du top #bigfloetoli depuis quelques temps maintenant et ça fait chaud au cœur. Je partais de rien, d'un simple délire entre amis et au final j'ai emporté quelques lecteurs intrigués à bord de mon méli-mélo d'idées. C'est incroyable pour moi, pas grand chose pour vous sûrement. Mais merci, vous me donnez l'envie de poursuivre et qui sait jusqu'où tout cela pourrait m'emmener.

Jamais baisser les bras et oublier nos rêves, rien ne peut y effacer.
Illxnx✨

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