CHAPITRE 58

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Par je ne sais quel miracle la pluie se transforme en légère brume.

Je sors de la Polo grise et un immense immeuble fait apparition dans mon champ de vision. Je fixe le dernier de ses dix étages jusqu'à ce que mon frère pose furtivement sa main sur mon épaule avant de se mettre en marche.

-Tu viens Oli ?
-J-j'arrive.

Je le suis d'un pas hésitant, mais surtout en retrait. Mes deux compagnons eux-mêmes sont distants vu l'électricité présente entre eux, mais ils sont tout de même plus proches que de moi.

Yanis sonne à l'interphone, je regarde mon reflet dans la vitre. Par stress mes mains se joignent et je scrute chaque centimètre de mon visage.

-C'est bon, t'es beau.

Je ris silencieusement en baissant la tête, peut-être mort de honte face à Yanis qui se fout ouvertement de moi.

J'essaie de me détendre même si je n'oublie en aucun cas pourquoi nous sommes ici. Je pense que mon stress est justifiable, je m'apprête à rencontrer la grand-mère cachée de ma copine.
Qui aurait cru que je me serais retrouvé ici, simplement à cause ma curiosité qui a dépassé les bornes et cela la seule fois où je me le permets ?

Les marches d'escalier s'enchaînent rapidement, nous voilà sur la pas de la porte. Je sonne, la décontraction pointe le bout de son nez au dernier moment à mon plus grand bonheur et je me place au second plan pour pouvoir laisser Yanis saluer en premier la gente dame.

Elle ouvre et se jette dans les bras de Yanis, comme s'il lui avait manqué. Elle est ravissante je trouve, en tournant autour des soixante cinq ans elle semble en pleine forme. Non pas que les gens de cet âge soient forcément dans un piteux état, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit.
Leur accolade dure un certain temps puis elle s'avance vers nous. Elle salue en premier Flo qui la tient par le coude, banalement autrement dit. Je m'approche à mon tour et seulement à son contact, on sent qu'elle regorge de bienveillance et d'amour.

Nous entrons et je constate un appartement très moderne dans des tons assez semblables à ce qu'on pourrait apercevoir chez moi par exemple, un truc simple qui reste dans des couleurs claires. C'est un peu ce qu'on a tous chez nous, j'entends bien. Mais le monde entier est un exemple vaste.

Les oiseaux chantent par la fenêtre, je ne peux m'empêcher de regarder à travers sa vitre. Un collège s'y trouve, la cours ressemble à la nôtre, j'ai eu des flashs de mon adolescence dans le cerveau actuellement.

Je secoue la tête et reviens dans la discussion entamée, mais la grand-mère de Sara se contente de demander des nouvelles de sa mère à Yanis. Elle nous propose de nous asseoir, puis une fois cette tâche accomplie nous sert un café.

-Très bien, je suis contente pour toi Yanis.
-Je vis ma p'tite vie sur Paris avec mes études terminées et mon boulot, alors ça va amplement.
-Parfait dans ce cas.

Le silence règne. Seul le bruit de la cuillère que je tape contre les parois de ma tasse résonne dans l'immensité de cette cuisine. Je fixe ce liquide aux tons marron foncé créer un tourbillon grâce à la force que j'entraîne avec mon mouvement circulaire un certain temps.

-Et vous ? demande-t-elle en se raclant la gorge.
-Et bien on est des amis de Yanis, mais je suis venu pour une autre raison, aussi.
-Si je peux te tutoyer, dis-moi tout.
-Pas de soucis sur cela madame.
-Alors Sylviane, dit Yanis en posant sa main sur son bras, on va ressasser quelques faits du passé.

Son visage se ternit en une fraction de seconde. Mais dans ses yeux je perçois de l'espoir, comme si elle savait pertinemment que ma présence ici est liée à Sara.

La rencontre {T. 3} (Réécrit)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant