Riley Parker - Love does survive - TWD { Tome 1 }

Chapitre 0. Emotional elevator

Une demi-seconde. C'est le temps qu'il a fallu pour que toute ma vie s'écroule. Pour que je perde ce qui avait le plus d'importance à mes yeux. La chair de ma chair. Juste le temps d'un battement de cils, même pas. Et c'était terminé.

Le temps est une belle saloperie, quand on y pense. Il se joue de nous comme il veut, s'amusant à transformer nos vies en vrai ascenseur émotionnel. Et je sais de quoi je parle. Parce qu'il semble que le temps prenne un malin plaisir à jouer avec ma vie depuis ma naissance.

C'est comme s'il mettait ma vie volontairement au ralenti, mais par moments, il accélère pour tout détruire sur son passage. Écrasant ma naïveté enfantine avec le point de mon père, éliminant chaque jour un peu plus l'âme autrefois si pure qui m'habitait. Puis ce fut le tour de ma mère, et de son foutu accident de voiture, j'ai à peine eu le temps de me retourner pour la saluer, avant que sa voiture ne s'encastre dans ce camion, emportant ma mère bien loin de ce monde, pour m'abandonner dans les bras de cette ordure prénommée Papa. Sans mon frère pour veiller sur moi, je n'aurai pas survécu plus d'une semaine sous la violence de ses coups, Matt a encaissé pour me protéger, aussi longtemps qu'il l'a pu. Mais quand ce virus de merde s'est propagé, le monde s'est chargé de me rappeler que j'avais une destinée merdique et fini de m'achever en m'enlevant la seule personne que je n'ai jamais aimée.

Finalement, la seule constante que le temps m'ait laissé posséder, c'est mon frère. Mais, lui aussi il me l'a pris, il y a trois semaines maintenant, me laissant dans le chaos total, au bord du gouffre. Sans cet homme et son fils qui m'ont recueilli, il y a longtemps que j'en aurai fini.

Et je l'aurai sans doute fait, si le destin ne m'avait pas mis sur son chemin. Une nouvelle fois, le temps a joué avec moi. Mais cette fois, avec la perspective d'une rédemption. Une fraction de seconde, c'est le temps qu'il a fallu pour que je me noie dans ses prunelles bleutées. Pourquoi ? Je ne sais pas. Son regard torturé, son incroyable arrogance et sa naturelle agressivité m'ont subjugué. Il n'en a aucune idée, mais ce jour-là, il m'a sauvé.

*** trois semaines plus tôt ***

- Princesse ! Réveilles-toi !

- Qu'est-ce que tu me veux ! Je dors ! grognais-je d'une voix enrouée par le sommeil.

- Viens ! C'est la merde en ville, faut que tu te magnes si tu tiens vraiment à ton scoop !

- Merde, sérieux ?

- Dépêches-toi, je t'attends dans la Jeep. La caméra est prête, Princesse !

Je me redresse aussitôt et me jette en dehors de mon lit, je fonce sous la douche profitant de la chaleur de l'eau sur ma peau. Quand elle dévale sur mon poignet, je grimace. J'avais oublié, cet enfoiré m'a retrouvée il y a une semaine et on peut dire que les retrouvailles n'ont pas été très joviales. Je suis revenue en titubant devant le pas de la porte, une lèvre éclatée, un hématome violacé sur les côtes et mon poignet en miettes. Matt était fou de rage, s'il l'avait croisé il aurait pu le tuer à mains nues.

En sortant de la douche, j'enfile mon jean noir, un débardeur blanc et ma veste en cuir qui ne me quitte jamais. J'enferme mon poignet dans son attelle avant de m'observer dans le miroir. J'en profite pour lorgner sur ma lèvre rougie, bien que dégonflée depuis l'agression.

- Riley !

- J'arrive !

Je dévale l'escalier et retrouve mon frère sur le pas-de-porte, le bras tendu vers moi me tendant un objet.

- Je croyais qu'on était d'accord. On devait rien garder venant de lui.

- Ces flingues nous serons plus qu'utiles, Princesse !