Chapitre 1

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[JOUR J]

Tout présageait que cette journée allait être une bonne journée. Le doux soleil de printemps brillait au milieu du ciel bleu. Quelques nuages cotonneux avançaient doucement emportés par le vent frais. Cette même brise matinale faisait frémir les feuilles verdoyantes des arbres du haut desquels les oiseaux chantaient allègrement. Les fleurs jonchaient maintenant les pelouses de l'université, et abeilles et papillons s'en donnaient à cœur joie.

La salle de classe était relativement calme. Le professeur avait donné un exercice à ses élèves qui s'entraidaient en gardant un niveau sonore adéquat. L'enseignant passait dans les rangs afin d'aider les élèves en difficultés. C'était un homme d'une quarantaine d'années, plutôt grand et fin, avec une barbe brune assortie à ses cheveux courts grisonnants. Il enseignait la physiologie animale. Habituellement, en travaux dirigés, les effectifs tournaient autour de trente élèves par classe mais dans le cas présent seule une petite vingtaine d'étudiants était présente. Il s'agissait de jeunes gens d'âges divers en première année de master de biologie. Parmi eux, un petit groupe commençait à s'agiter. Le professeur décida donc d'interroger les élèves en question sur l'exercice ce qui les calma instantanément. L'un d'eux, très à l'aise à l'oral, s'exécuta. C'était un jeune homme blond, toujours tiré à quatre épingles, nommé Aaron. A sa gauche, son amie Sophie acquiesçait en l'écoutant attentivement. C'était une jeune fille aux cheveux châtains, légèrement ondulés qui faisait preuve d'une grande logique et qui était sans doute la meilleure de la classe. Derrière eux, Eva, Léo et Jessica restaient tête baissée. Ils craignaient une autre interrogation de leur enseignant. Eva était de nature enjouée et jouissait d'une étonnante beauté. L'étudiante avait un goût prononcé pour la mode et était toujours bien habillée quelques soient les circonstances. Son acolyte Léo était plus calme et réservé. Il arborait un style vestimentaire sombre et profitait de sa mèche de cheveux pour se cacher. Quant à Jessica, c'était une jeune fille très dynamique, un bout en train à la personnalité bien affirmée.

Le professeur écoutait Aaron avec attention débiter sa réponse tout à fait adéquate. Lorsqu'il eut fini, il le gratifia d'un « très bien ! » et rejoignit le tableau afin d'y noter un résumé. Alors que le quadragénaire écrivait ladite réponse, un bruit sourd qui semblait venir de derrière la porte se fit entendre. Un vacarme lointain commença alors à résonner dans les couloirs. On entendait des gens crier à l'intérieur du bâtiment, et par la fenêtre on pouvait voir une foule s'agiter et courir dans toutes les directions. L'ambiance de la salle devint tout à coup pesante et tout le monde se tut. Le bruit sourd retentit à nouveau. Cela ressemblait à un objet se cognant contre la porte à intervalle régulier. Un élève situé au fond de la salle décida de se lever pour voir ce qu'il en était. Il ouvrit doucement la porte mais quelque chose la poussa violemment et la fit buter contre le mur. Ce même quelque chose se jeta alors sur l'élève un peu trop curieux et le fit tomber au sol. Le restant de la classe put constater avec effroi que leur camarade était en train de se faire dévorer les entrailles par un autre étudiant. Ses cris de douleur perçant le brouhaha de fond et le spectacle cannibale se déroulant sous leurs yeux déclenchèrent la panique chez les étudiants ainsi que leur professeur. Tous se mirent à hurler et courir à l'extérieur dans la cohue générale sans trop savoir ce qu'il se passait.

Dehors, c'était le chaos. Des gens titubaient en pourchassant d'autres personnes. Des corps inanimés avec des plaies béantes parsemaient le sol. Des étudiants se jetaient sur d'autres afin de les dévorer. Du sang giclait de tous côtés, tout le monde courrait, criait.

Ce phénomène aussi soudain que choquant transparaissait parfaitement bien dans le regard d'Eva, qui restait plantée là devant cette scène morbide, les muscles tétanisés. Léo eut vite fait de la sortir de sa torpeur en la tirant de toutes ses forces par le bras et en lui criant qu'il fallait se mettre à l'abri. Ils se mirent alors à courir le plus vite possible au milieu de ce champ de bataille, évitant les corps mutilés gisants sur le sol et les flaques de sang. Aaron, qui courrait devant se dirigea vers le bâtiment de physique, il ouvrit les portes et hurla à ses camarades de le rejoindre. Eva et Léo arrivèrent quelques secondes après, échappant de justesse à une marée humaine déchaînée. Les trois amis refermèrent les portes hâtivement puis regardèrent à l'extérieur par la vitre de celles-ci, les yeux emplis de terreur.

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