Le convoi de voitures s'était arrêté à deux kilomètres du château, à couvert dans les sous-bois. Les combattants avaient rejoint le futur champ de bataille à pied, discrètement à travers la forêt. Les équipes pré établies emmenées par Stéphanie et Remigio se formèrent puis tous se mirent en position. L'ambiance était tendue. Les résidents de l'Institut n'avaient pas remarqué la présence de ces hôtes indésirables. Ils vaquaient à leurs occupations, insouciants. La vie semblait si paisible ici. Les uns travaillaient aux champs tandis que les autres s'affairaient dans la cour du château. Hormis les caravanes et les algecos, cet endroit avait vraiment l'air d'être perdu dans des temps médiévaux. Voir ces civils innocents rendit la tâche encore plus complexe pour les apprentis soldats en embuscade. Peu d'entre eux avaient eu à user d'une arme face à quelqu'un de vivant auparavant. La simple idée de devoir ôter la vie à un être humain en révulsait plus d'un. Parmi eux, Amjad se sentait particulièrement angoissé. Il s'était porté volontaire pour venir sur le porte-conteneurs en tant que monnaie d'échange. Jamais il n'aurait imaginé devoir combattre ainsi ; d'autant plus que cela allait totalement à l'encontre de ses valeurs. Il prit un moment pour prier en pensant à sa femme, restée sur le navire. Le voyant pétrifié, Remigio posa sa main sur son épaule pour lui redonner du courage. Il lui murmura de rester en retrait pour couvrir leurs arrières et de déguerpir si les choses venaient à mal tourner. L'homme lui adressa un regard reconnaissant, puis se reconcentra sur sa prière.
La configuration n'était pas idéale. Le plan d'origine voulait que tout le monde soit regroupé pour le repas. Là, les habitants étaient éparpillés aux quatre coins de la propriété et aucun signe des enfants. Seuls deux hommes armés étaient visibles ; ils montaient la garde sur les remparts du château. Régis annonça le début des hostilités d'un signe de la tête. Stéphanie se mit en place, à plat ventre sur le sol, et installa son fusil de précision. Elle visa à travers la lunette de celui-ci et ouvrit le bal. Le premier coup de feu retentit, abattant l'un des deux soldats qui tomba du haut du mur de pierres et alla se fracasser au sol. Instantanément, ce fut la panique. Tous les habitants se mirent à crier et à courir au hasard en tentant de se mettre à couvert. Stéphanie ajusta l'angle de son fusil et tira une nouvelle fois, éliminant ainsi avec une précision terrifiante le deuxième homme armé. L'équipe de Remigio en profita alors pour se déployer. La dizaine d'hommes déboula dans les parcelles agricoles de l'Institut, armes en joue, pour rapatrier les civils dans les serres, où ils pourraient les garder à l'abri du combat. Cependant, leur démarche conquérante et leur attitude menaçante n'eurent pas pour effet de rassurer la foule.
Alertés par les coups de feu et les cris, une petite dizaine de soldats sortit du château en trombe. Ils se postèrent en position défensive dans la cour tandis que les civils les plus proches se replièrent dans l'imposant édifice de pierres. L'entrée du château, bien que large, agissait comme un véritable goulot d'étranglement et réduisait beaucoup la visibilité pour les tireurs, qu'ils soient dans la cour, ou au-delà des remparts. L'équipe emmenée par Stéphanie commença alors son offensive en restant beaucoup plus groupée que les hommes de Remigio qui ratissaient la zone extérieure pour rameuter tout le monde. Mélissa et Grace guidaient le groupe tandis que la tireuse d'élite fermait la marche en surveillant leurs arrières. La petite troupe longea le rempart Ouest du château jusqu'aux grandes portes. Depuis la cour, les Survivalistes tiraient abondamment dans leur direction de sorte à dissuader les envahisseurs de s'aventurer plus loin.
A couvert derrière les épais murs de pierre, les combattants de Régis profitaient de chaque fenêtre de tir qui s'offrait à eux pour répliquer les attaques. Trois téméraires tentèrent de rejoindre l'aile Est des remparts en s'aventurant à découvert. Cette action ne passa pas inaperçue aux yeux affûtés de leurs opposants qui sautèrent sur l'occasion d'abattre des proies faciles. Deux matelots furent tués sur le coup tandis que le troisième arriva de justesse de l'autre côté de l'entrée principale, touché à la jambe. Il s'adossa à l'enceinte et comprima sa plaie en étouffant des grognements de douleur. Grace et Mélissa s'échangèrent un regard empreint d'agacement et de gravité devant ce carnage ridiculement stupide. Profitant de la pagaille engendrée, un soldat changea de position pour se rapprocher des portes. Caché derrière une caravane, Remigio qui suivait l'action d'un œil inquiet l'avait dans la ligne de mire. D'un geste habile, il tira le coup fatal. Son équipe éprouvait quelques difficultés à regrouper tous les civils dans la serre, au milieu des balles perdues. Ils avaient réussi à sécuriser une poignée de personnes, mais il en restait encore beaucoup qui tentaient de fuir comme ils le pouvaient.
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Cannibales
Science FictionCannibales suit les péripéties d'un groupe d'étudiants en proie à une apocalypse zombie. Entre le choc et l'horreur des premiers jours et le désespoir et l'adversité des suivants, embarquez avec eux dans une course effrénée pour la survie. Mais n'ou...