Cannibales

Chapitre 5

Cela faisait maintenant de longues secondes que la petite troupe de survivants était postée là, à la merci de leur assaillante, et le stress commençait à monter. Romain bouillonnait de l'intérieur et n'avait envie que d'une seule chose : s'interposer et maîtriser leur opposante. Cette dernière lui coupa l'herbe sous le pied. Elle baissa son arme tout en prenant soin de tout de même garder son doigt sur la gâchette puis les dévisagea chacun leur tour.

- Comment est-ce qu'un groupe aussi hétéroclite et indiscipliné que vous, principalement composé d'enfants et d'éléments faibles a-t-il réussi à survivre jusqu'ici ? Demanda-t-elle l'air hautain.

- Il faut croire qu'on a trouvé un bon équilibre, dit Marc d'un ton calme pour apaiser les tensions.

- D'où venez-vous ? Appartenez-vous à une communauté ? Reprit-elle.

-Nous venons de la base militaire au sud de la ville. Nous sommes venus ici pour trouver ma famille, déclara Alex. On ne veut pas d'ennuis, laissez nous passer s'il vous plait.

- Y a-t-il du monde dans cette base militaire ?

- On doit être au moins cinq-cents personnes, répondit Marc. Pourquoi toutes ces questions ? Qui êtes-vous ?

- Je m'appelle Stéphanie, je fais partie d'un petit camp de survivants retranché dans les collines. Je suis venue en éclaireur pour voir s'il y avait quelque chose à exploiter en ville.

- Et vous avez trouvé quelque chose ?

- Non, tout n'est que désolation et folie ici. Vous êtes les premières personnes vivantes et saines d'esprit que je rencontre depuis trois jours. Désolée d'être partie du mauvais pied mais je préfère me méfier à présent. Puis-je vous accompagner jusqu'à votre base militaire ? Mes amis pourraient bien profiter d'un lieu sûr comme celui-ci.

- Pourquoi on vous ferait confiance ? Lança Léo.

- Vous n'avez effectivement aucune raison de m'accorder votre confiance, mais vous avez aussi l'air plutôt démunis. Si vous voulez bien que je vous accompagne je vous aiderai en retour et me battrai à vos côtés. Ça me parait équitable comme marché, qu'en dites-vous ?

- Vous nous menacez de votre arme puis vous implorez notre aide en vous faisant passer comme indispensable à notre survie, continua Léo. On s'en est sorti jusque là, pourquoi on aurait besoin de vous ? Qu'a-t-on à y gagner ? Qu'est ce qui vous rend si importante ?

- Combien avez-vous d'armes ? Enquilla Stéphanie.

- En quoi ça vous regarde ? Siffla Romain en guise réponse.

- En plus du pistolet-mitrailleur que vous voyez là, j'ai deux pistolets et une grenade dans mon sac à dos, sans compter les trois autres fusils et toutes les munitions qui vont avec que j'ai laissés au campement. Je suis tireuse d'élite. Il vous en faut plus ?

La petite troupe marqua un temps de pause. La jeune femme semblait très sérieuse. Elle dégageait une assurance sévère et les intimidait quelque peu. Même Romain, d'habitude sanguin et confiant, se calma. Après quelques longues secondes de silence, Marc reprit la parole :

- Très bien, nous vous emmènerons à la caserne militaire et nous accueillerons votre groupe. En échange, pour prouver votre bonne foi, vous nous remettrez toutes vos armes jusqu'à notre arrivée à destination. Romain se chargera de vous surveiller et de s'occuper de vous si vous tentez quoi que ce soit.

A ces mots, Léo et Romain ne manquèrent pas de manifester leur mécontentement. Alex quant à lui, ne s'offrit pas le luxe d'être méfiant. Il savait que s'il voulait avoir une chance de retrouver sa famille, chaque seconde comptait. Il s'installa rapidement dans le fourgon, prêt à partir. Olivia, Eva et sa maman Lillie lui emboîtèrent le pas ; elles préféraient ne pas se mêler de cette situation qui avait déjà l'air assez bien compliquée. Stéphanie s'approcha alors du mécanicien et lui remis son sac à dos et sa mitraillette avant de se faire escorter dans le véhicule par Jess et Sophie. Lorsque tout le monde fut installé, les survivants reprirent la route alors que le soleil commençait déjà à décliner.