Chapitre 7

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Le moteur du pick-up marron se mit à ronronner et les cinq éclaireurs quittèrent la résidence des Coquelicots. Sur place, les résidents les saluaient dans un mélange d'inquiétude et d'espoir. Lorsque le véhicule disparut de leur champ de vision, ils refermèrent le grand portail et regagnèrent l'intérieur du bâtiment. Nathalie tendit son fils à son mari et alla s'isoler dans sa chambre. Elle s'assit sur le rebord du lit et contempla les nuages qui défilaient dans le ciel. Doki la rejoignit et se coucha à ses pieds en laissant échapper quelques gémissements de tristesse. Nathalie glissa doucement le long du lit pour s'asseoir par terre. Elle resta là de longs instants, en caressant les poils soyeux du labrador avec mélancolie. Remigio vint la sortir de sa torpeur :

- Chérie, j'y vais.

- Où ça ? Demanda-t-elle, absente.

- Tu sais bien, les patrouilles. Ugo est avec Eva dans le jardin. A toute à l'heure, répondit l'ex militaire calmement.

- Oui... D'accord, articula sa femme avant de replonger dans ses pensées.

Le quinquagénaire quitta la pièce et retrouva ses coéquipiers dans le grand hall d'entrée. Il n'y avait plus que lui, Stéphanie, Romain, et Alex pour assurer les missions d'exploration et de ravitaillement à l'extérieur. Les autres n'étaient pas des combattants, malgré les cours qui leur avaient été dispensés. Sans tarder, les quatre aventuriers se mirent en route. Ils partirent vers le sud. Tout était planifié à l'avance. Leur méthode était simple : ils exploraient des zones circulaires concentriques de plus en plus éloignées de l'EHPAD en commençant par l'ouest et en remontant le sens des aiguilles d'une montre. Lorsque tout ce qu'il y avait à explorer au sein d'un secteur avait été visité, ils passaient au suivant. Quand ils étaient encore assez nombreux pour constituer deux équipes, chacune faisait une sortie par semaine. Le rythme allait maintenant s'intensifier pour ces quatre survivants jusqu'au retour de leurs collègues.

Ils arrivèrent dans un quartier résidentiel. Selon leur philosophie, tout bâtiment méritait d'être fouillé puisque n'importe lequel pouvait renfermer ce dont ils avaient besoin. Ils procédaient donc lentement mais avec minutie. Leur technique était rodée. Pour des maisons individuelles, des interventions en binômes suffisaient. Cela leur faisait gagner pas mal de temps. Ils ne restaient en groupe de quatre que lors de l'exploration de grands immeubles ou de hangars. Ce jour-ci ils commencèrent par un lotissement. Stéphanie était déjà venue ici la veille. A la suite de son escapade en solitaire, elle y avait parsemé les quelques vivres qu'elle avait trouvé au centre commercial. De cette manière, les produits entraient dans les registres de manière officielle et elle n'était pas démasquée. Ils visitèrent ainsi une quarantaine de foyers en un peu moins de deux heures puis se dirigèrent vers leur prochaine destination : une ferme avoisinante.

Leur arrivée ne passa pas inaperçue puisqu'un groupe d'une trentaine de créatures les accueilli. Ce n'était pas exactement ce qu'ils étaient venus chercher. D'ordinaire, ils auraient fait demi-tour pour économiser leurs efforts mais cette ferme était beaucoup trop intéressante pour ne pas s'y arrêter. Ils se préparèrent donc au combat en privilégiant les armes blanches. Alex se munit de ses chers couteaux de cuisine fraîchement aiguisés ; ils étaient devenus ses armes fétiches et il les manipulait avec une grande maîtrise. Romain privilégiait la hache. Sa stature et sa force faisait de lui un redoutable guerrier capable de manier avec aisance un outil aussi lourd. Stéphanie et Remigio quant à eux saisirent leurs baïonnettes respectives pour les harnacher à leurs fusils. Ils préféraient avoir une arme à feu sous la main au cas où la situation dégénérerait. Face à une telle masse de morts vivants, leur technique était la suivante : plutôt que de foncer dans le tas, ils formaient une ligne face à leurs adversaires et reculaient lentement pour les attirer à eux. Lorsqu'une créature s'approchait de trop près, l'un d'eux portait le coup fatal. Ainsi, ils éliminaient leurs assaillants efficacement sans risquer de se faire encercler.

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