Cannibales

Chapitre 2

Dans le van militaire qui les amenait vers de nouveaux horizons, les cinq amis apprenaient à mieux connaitre leurs coéquipiers qui avaient accepté de les accompagner. Romain était un homme d'une trentaine d'année, bien bâtit et débordant de virilité. Il avait choisi de s'engager dans l'armée pour la discipline qu'elle imposait mais avant tout pour sa grande passion des armes à feu qu'il entretenait depuis son plus jeune âge. C'est donc tout naturellement qu'il se dirigea au poste qu'il occupait avant que le monde ne s'écroule. Marc, quant à lui, était un civil travaillant dans le régiment. Ses talents en mécanique et ses connaissances des véhicules de l'armée du temps où il faisait son service militaire faisaient de lui un mécanicien hors pair dans son domaine. Les deux hommes ne se connaissaient d'ailleurs que de vue avant de partager cette aventure.

- Pourquoi vous avez accepté de venir avec nous ? Demanda Alex, perplexe.

- J'en pouvais plus de faire des rondes à la caserne, j'ai besoin de bouger dans la vie, assura Romain.

- Oui mais tu ne préfères pas aller à la recherche de ta famille ?

- Oh tu sais, j'ai pas grand monde. Mes parents vivent dans le nord du pays et ma sœur habite à l'étranger. Je ne les vois que rarement d'ordinaire alors ça me change pas trop.

- Et toi Marc ? S'enquit Sophie.

- J'allais quand même pas laisser partir une bande de gosses avec un fou de la gâchette ! Plaisanta-t-il.

- Tu veux qu'on aille chercher tes proches ?

A ces mots l'homme se referma et coupa court à la conversation en déclarant qu'ils arrivaient déjà à leur première destination. En effet, devant eux se dressait un centre commercial. Un supermarché immense surplombait les lieux et une masse de magasins de vêtements et d'ameublement s'étendait au loin. L'entrée principale était condamnée par un carambolage de voitures vides. Ils firent donc un petit détour pour entrer de l'autre côté et se garèrent dans un parking désert, à l'extérieur.

- Il faut récupérer des vivres et pourquoi pas d'autres objets utiles. Vous pourrez aussi vous changer si vous le voulez, je sais bien que ces uniformes ne sont pas bien confortables lorsqu'on n'a pas l'habitude.

En effet, ils n'avaient pas voulu dérober de nourriture à la caserne et un petit rafraîchissement vestimentaire n'était pas de refus. Tous descendirent du véhicule et se dirigèrent vers le supermarché en guettant les environs. Les portes automatiques étaient brisées, ils entrèrent donc en prenant garde à ne pas faire de bruit en marchant sur le verre éparpillé sur le sol. Devant eux s'étendait la galerie marchande constituée de magasins d'habillement, de petits restaurants et de bijouteries qu'ils traversèrent en silence. Ils croisèrent quelques créatures qu'ils se contentèrent d'éviter. En cours de route les cinq étudiants se changèrent pour être plus à leur aise.

- C'est trop cool j'ai l'impression de faire mon shopping gratuit ! S'extasia Eva.

- N'oubliez pas d'enlever les antivols pour que les portiques ne sonnent pas, ajouta Léo, plus terre-à-terre.

Une fois cette escale réalisée la petite troupe se dirigea vers la grande surface puis se sépara afin de ramener le plus de produits en un minimum de temps.

Eva et Alex n'entrèrent pas dans l'hypermarché et allèrent dans la parapharmacie située en face des caisses. L'endroit semblait sûr. Ils inspectaient les rayons presque vides car déjà pillés, sans grande conviction. Soudain, la jeune femme glissa sur une boite de médicaments et entraîna son acolyte avec elle dans sa chute. Ils se retrouvèrent ainsi bien vite vautrés sur le carrelage, ce qui leur déclencha une irrépressible envie de rire. Après cet interlude, ils se relevèrent et se retrouvèrent nez-à-nez. Chacun se perdit dans le regard de l'autre et le silence environnant laissait entendre leur lente respiration synchronisée. Ils semblaient comme envoûtés l'un par l'autre. Alors que la tension était devenue palpable, un grognement rauque semblable à une raclure de gorge se fit entendre :