Chapitre 12

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Ce soir-là, Léo ne rentra pas à l'appartement. Au dîner, ses coéquipiers commencèrent à s'inquiéter de ne pas le voir arriver. Yoann et Erin semblaient très angoissés. Après leurs discussions respectives avec le principal intéressé, ils avaient des raisons de croire qu'il était allé fouiller là où il ne fallait pas. L'ingénieure proposa d'aller faire un tour au laboratoire, dernier endroit où elle l'avait vu. Ils quittèrent donc le réfectoire bien vite et se mirent en route alors que le ciel arborait ses couleurs flamboyantes de fin de journée.

Une fois sur place, ils trouvèrent porte close. Ils firent le tour du bâtiment en espérant capter l'attention d'une âme charitable qui les ferait rentrer, mais aucune pièce n'était éclairée. L'endroit était vide. Erin restait pourtant persuadée que le jeune homme était à l'intérieur. Ils décidèrent de se séparer pour augmenter leurs chances de retrouver leur ami. Yoann partit au centre d'entraînement tandis que Kévin se rendit à l'appartement pour y attendre Léo au cas où celui-ci rentrerait. Marc se mit à la recherche d'Adèle, peut-être savait-elle où il se cachait ou au moins peut-être pourrait-elle les aider. Erin quant à elle resta sur place pour trouver un moyen d'entrer dans le laboratoire.

Après une bonne vingtaine de minutes, Marc aperçut enfin Adèle, attablée avec son équipe de scientifiques dans la cantine R2. Il trouva cela étrange puisque depuis leur arrivée, la gérante de la Cité avait toujours mangé dans l'autre réfectoire, où ils avaient eux-mêmes l'habitude d'aller. Le mécanicien ne s'attarda pas sur ce détail et alla à sa rencontre. Avant qu'il n'eût le temps de lui exposer le problème, Adèle se leva de table et le guida dans un coin de la salle pour plus de discrétion.

- Qu'y a-t-il Marc ? Vous semblez troublé, s'enquit-elle.

- Oui... Léo n'est pas rentré ce soir et on l'a pas vu au dîner. Est-ce que vous savez où il est ?

- Et bien non, la dernière fois que je l'ai vu il quittait le laboratoire, répondit-elle innocemment.

- Mince...

- Ecoutez, rentrez chez vous je vais déployer une équipe pour le retrouver. Il ne doit pas être bien loin, dit Adèle se voulant la plus rassurante du monde.

Le mécanicien repartit soulagé et assuré de la bonne volonté de son interlocutrice. Il faut dire qu'elle jouait son rôle à merveille. A peine avait-il passé le pas de la porte que celle-ci attrapa un talkie-walkie. Son expression faciale avait changé et affichait maintenant un air plus sombre et déterminé. Elle enfonça un bouton de son appareil puis l'approcha de sa bouche et prit la parole : « Equipe 2, les quatre sudistes restants se doutent de quelque chose, trouvez-les ».

Au même moment, Yoann déambulait dans le hangar sombre servant de centre d'entraînement aux soldats de la Cité. Il appelait le nom de son petit ami en chuchotant tout en examinant chaque recoin, en vain. Après avoir fait le tour du propriétaire, il lâcha un long soupir du haut de la mezzanine. Le soleil venait de se coucher et les recherches allaient devenir plus compliquées.

Soudain, des soldats déboulèrent dans le bâtiment, armés de pistolets et de lampes torches. Yoann se mit à couvert derrière un tas de sacs de frappe et observa la scène. Les sentinelles se déployèrent et se mirent à fouiller partout. Bien vite, le jeune homme fût découvert. Aveuglé par la lumière braquée directement sur son visage et conscient du risque dû aux armes à feu, il ne tenta rien. Il leva simplement les mains en l'air, ce qui n'empêcha pas ses assaillants de l'embarquer brutalement. Ils lui attachèrent les mains dans le dos à l'aide d'un serre-câble en plastique puis le traînèrent dans un de leurs véhicules noirs aux vitres teintées.

Lassé d'attendre seul de son côté, Kévin quitta l'appartement et monta sur le toit de l'immeuble. Avec un peu de chance il pourrait peut-être apercevoir Léo depuis ce promontoire. Avec la nuit qui venait tout juste de tomber, la visibilité était médiocre. Il se pencha sur le rebord pour scruter la rue et vit un escadron de soldats se précipiter dans son bâtiment, ce qu'il trouva étrange. Il entreprit donc de redescendre pour voir de quoi il s'agissait. Alors qu'il dévalait les dernières marches de l'escalier menant à son étage, il entendit les pseudos militaires toquer à une porte. Curieux, il ne préféra pas se manifester et les épia de derrière le mur. L'adolescent remarqua que ces soldats étaient postés devant l'appartement qu'il occupait avec ses compagnons. Ils chuchotaient entre eux et faisaient des gestes tactiques. N'obtenant pas de réponse après avoir toqué une seconde fois, ils entrèrent discrètement. Kévin trouva ce comportement suspect ; il attendit pour voir la suite des événements. 

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