Chapitre 3

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Le petit groupe voyageait vers le sud. Les routes étaient dégagées et le chaos caractéristique des premiers jours avait laissé place à un dérangeant paysage figé. Ceux qui l'ont pu avaient fui tandis que les infortunés restaient cachés en survivant du mieux qu'ils le pouvaient. Les morts quant à eux déambulaient silencieusement. Leurs proies se faisaient plus rares maintenant que la première et la plus meurtrière vague de l'épidémie était passée. La première escale des sept rescapés serait la maison de Léo. En effet, le jeune homme vivait dans une ville voisine avec un accès direct et rapide depuis la caserne militaire. Marc avait repris le volant du véhicule et se laissait guider par l'étudiant. Ils ne tardèrent pas à arriver à destination.

Le lotissement autrefois vivant et accueillant baignait à présent dans une atmosphère macabre et désertique. Les quelques survivants avaient barricadé leurs maisons et restaient cloîtrés à l'intérieur. En chemin, ils aperçurent un cannibale assis à la place conducteur d'une voiture garée sur le bas côté, la ceinture de sécurité encore bouclée. Il s'agissait d'un voisin qui visiblement n'avait pas eu autant de chance. Après un virage, Léo put enfin apercevoir sa maison. Marc gara le camion près du trottoir et tous débarquèrent. Eva et Alex s'approchèrent de leur ami alors qu'il s'avançait vers le portail resté ouvert, prêts à le soutenir quoi qu'il puisse découvrir. Le principal intéressé ne cachait pas son stress et son inquiétude alors que l'ambiance s'alourdissait de seconde en seconde.

Il décida enfin de passer le portail et ainsi pénétrer dans sa propriété. Il s'agissait d'une grande maison de plain pied à l'aspect contemporain entourée d'un spacieux jardin assez bien fleuri. Léo remarqua tout de suite un détail qui le chiffonna : la voiture de sa mère n'était plus là. Il se dirigea ensuite vers la porte d'entrée, angoissé et sur ses gardes, puis l'ouvrit tout doucement. A peine l'avait-il ouvert de moitié qu'une silhouette lui sauta dessus, arrachant un sursaut à tous ses compagnons. Loin d'être affolé, Léo soupira de soulagement et se mit accroupi afin de câliner le labrador au pelage sable qui ne pouvait contenir sa joie de retrouver son maître. Réalisant la scène, Jess s'approcha de plus près et se mit également accroupie :

- Oh il est trop mignon ! Comment il s'appelle ? Demanda-t-elle en caressant la boule de poils.

- Doki, répondit-il en souriant avant de s'adresser à son chien. Alors qu'est ce que tu fais ici, t'es tout seul ? Tu m'as manqué !

Après cet interlude tendresse et une fois que Doki s'était remis de ses émotions, Léo et le reste du groupe pénétrèrent dans la maison. Le vaste foyer silencieux semblait vide. La maison était décorée avec goût. En face, un grand salon avec une belle baie vitrée partageait l'espace avec une large cuisine ouverte, tandis qu'à gauche un long couloir menait aux autres pièces. En s'aventurant à l'intérieur, ils découvrirent bien vite qu'il n'y avait effectivement personne. Les placards de la cuisine étaient restés ouverts et le plastique d'un paquet de pain de mie, sûrement englouti par Doki, traînait au sol. En inspectant les chambres, Léo remarqua également que les armoires étaient en désordre et que plusieurs vêtements étaient étendus par terre ou sur les lits. Désemparé, il s'assit sur le matelas d'une chambre d'enfant et prit un nounours dans ses bras en baissant la tête pour le sentir. L'odeur lui rappelait son petit frère qui lui manquait terriblement, si bien que quelques larmes perlèrent au coin de ses yeux. Alex arriva alors et s'assit à côté de son ami.

- Tout laisse à penser qu'ils sont partis précipitamment, je suis sûr qu'ils vont bien, lui dit-il afin de le rassurer.

- Je les reverrai jamais, rétorqua fébrilement Léo avant d'éclater en sanglots.

Doki rejoignit le duo et se coucha aux pieds de son maître en poussant de tristes gémissements. C'était un chien très intelligent qui semblait comprendre parfaitement la situation. Ils restèrent là de longues minutes avant que Léo ne sorte de sa torpeur en déclarant qu'il fallait donner à boire et à manger à son fidèle compagnon qui n'était pas en très grande forme. Il alla donc remplir la gamelle habituelle d'eau que l'animal bu d'une traite avant de lui donner une bonne ration de croquettes dont le paquet était resté enfermé dans le cellier. Avant de partir, le maître des lieux se confectionna une arme de fortune plus à son goût que la pioche qu'il avait utilisé lors de la bataille du supermarché. Il récupéra son bâton de bō-jutsu qu'il améliora en scotchant bien solidement un couteau à la lame fine et longue à une extrémité, un peu à la manière d'une baïonnette. Lorsqu'il se senti prêt, le jeune homme indiqua à ses camarades sa volonté de reprendre la route. Tous regagnèrent alors le véhicule militaire, y compris Doki. Ils emportèrent avec eux quelques denrées alimentaires ainsi que des médicaments et des vêtements puis s'en allèrent. Leur prochaine escale serait la maison d'Eva à plusieurs dizaines de kilomètres de là.

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