Chapitre 1

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Un cri torturé perça l'atmosphère effervescente. Ce cri se prolongea quelques secondes puis décrut en intensité. Il fut ensuite suivi de pleurs et de gémissements de désespoir. Tout le monde se retourna vers la jeune femme à l'origine de cette agitation. Eva se lamentait sans retenue ; elle était en pleine crise. Ses camarades accoururent auprès d'elle et l'étudiante se laissa tomber dans les bras de son meilleur ami. Sophie trouva alors un bout de papier froissé qu'elle déplia. Elle lut les quelques mots de Lillie laissés à l'attention de sa fille. La jeune femme était horrifiée. Elle tendit alors la lettre à Jess qui la lut à son tour, ainsi qu'Alex qui regardait par-dessus son épaule. Léo, lui, était bien trop occupé à essayer de calmer son amie pour s'y intéresser. Les autres survivants, manifestement conscients qu'il se passait quelque chose de grave, observaient un instant de silence. Au loin, quelques silhouettes désarticulées se mouvant avec peine firent leur apparition dans un râle caractéristique. Les morts vivants avaient été attirés par les bruits de coups de feu et celui de l'explosion. Cela n'échappa pas à Remigio qui fit signe à ses collègues qu'il était temps de partir. Lui, Romain et Marc s'installèrent chacun au volant d'un véhicule et se mirent en route une fois tout le monde à bord.

Les trois vans militaires parcouraient les routes de campagne nocturnes depuis maintenant une quarantaine de minutes. Eva ne pleurait plus. Elle était affalée dans un coin du compartiment arrière, le regard complètement vide et le visage bouffi. Léo ne l'avait jamais vu ainsi. Il savait que la perte de son frère et de son beau père lui avait mis un gros coup au moral ; mais cette dernière goutte d'eau avait finit par l'anéantir. Il restait assis à côté d'elle, sans dire un mot. Cet épisode allié au traumatisme de l'attaque qui avait eut lieu juste avant avait également beaucoup affecté le reste du groupe. Personne ne parlait. Personne n'en avait la force.

Les premiers rayons de soleil commencèrent à pointer à l'horizon deux heures et demie plus tard. Kévin, qui avait peu à peu retrouvé la vue à son grand soulagement, profitait de ce spectacle. Ils n'étaient plus qu'à une petite heure de leur destination. Les rescapés avaient laissé les routes départementales pour l'autoroute, plus dégagée, et se contentaient de suivre le chemin jusqu'à trouver un panneau familier. Ils savaient dans quelle ville ils devaient aller mais ne connaissaient pas l'endroit précis. Après une soixantaine de kilomètres, ils virent enfin le nom de leur destination sur un panneau de signalisation. Ils suivirent donc l'itinéraire en passant à travers les différents villages avoisinants. Partout, c'était le même paysage : des rues dénuées de vie et maculées de sang coagulé où titubaient des créatures entre les voitures abandonnées. Au détour d'un rond point, ils aperçurent une grande pancarte en carton sur laquelle était écrit à la main « si vous cherchez un abri, par ici » agrémenté d'une grosse flèche de direction. Ils suivirent alors la route, guidés par des pancartes similaires jusqu'à un quartier excentré. Ils arrivèrent devant une grande enceinte grillagée bordée par de beaux champs de fleurs. Il s'agissait d'une maison de retraite. Cette constatation les laissa dubitatifs mais après tout, ils n'avaient rien à perdre. Ils vérifièrent les environs puis sortirent de leurs véhicules. De l'autre côté du grillage quelques personnes s'étaient attroupées. Un homme d'une trentaine d'années vêtu d'une tenue d'aide soignant s'avança à leur rencontre. Il leur adressa la parole à travers le grand portail :

- Bonjour, je m'appelle Arthur, vous venez chercher un abri ? Questionna-t-il.

Les aventuriers se lancèrent des regards soulagés. Marc s'avança alors à son tour :

- Oui, nous avons entendu votre annonce radio et avons suivi les pancartes jusqu'ici, répondit-il.

- D'où venez-vous ? Poursuivi l'aide soignant.

- D'une ville plus à l'Est, à deux heures de route d'ici, du moins... en temps normal.

- Qu'est ce qui vous a poussé à partir ?

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