Chapitre 15

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Yoann courrait à toute allure le long de l'avenue principale de la Cité. Il ne voulait plus perdre de temps. Il slalomait entre les silhouettes désarticulées qui peuplaient les lieux avec une agilité déconcertante, décapitant quelques têtes au besoin. Il arriva devant le laboratoire, animé d'une détermination sans faille, et se précipita sur les portes vitrées, mais celles-ci étaient verrouillées. Le sang du jeune homme ne fit qu'un tour : il se rua sur un bac à fleurs en béton qui bordait les escaliers du parvis à la statue et le souleva en usant de toute la force dont il pouvait faire preuve. Il était comme galvanisé à l'idée de retrouver son amant. Il était si près du but. Yoann parcourut ensuite les quelques mètres qui le séparaient de l'entrée du bâtiment en soufflant comme une bête sous l'effort – tous les muscles de son corps raidis au possible – puis se débarrassa enfin de son boulet en l'abattant violemment sur les vitres qui se brisèrent en mille morceaux sous le poids colossal du bac à fleurs. Le grand brun souffla un grand coup, puis fit irruption dans le hall. Il intercepta alors un scientifique qui tentait de fuir en le menaçant de son katana.

- Où sont les sous-sols ?! Somma-t-il de sa grosse voix.

Son regard était sombre, dur, mauvais. Une expression vengeresse crispait son visage. Lui qui était d'ordinaire si calme, il dégageait en cet instant une aura de noirceur presque palpable.

Devant cette menace qui le terrifiait, le scientifique s'exécuta immédiatement et le conduisit avec crainte devant la porte qui menait aux sous-sols. Yoann défonça le verrou d'un coup de pied monumental et descendit dans l'ombre des escaliers de service. Il découvrit ensuite un endroit glauque et hostile qui le mit instantanément mal à l'aise. Une atmosphère malsaine régnait en ces lieux. Le jeune homme se mit alors à crier le nom de son petit ami à tue-tête en arpentant nerveusement les couloirs.

Depuis sa cellule, Léo était groggy. Il mit quelques minutes à reconnaître la voix de Yoann. Lorsqu'il comprit enfin, son visage s'anima et son cœur se mit à battre la chamade. Il se traîna jusqu'à la porte qui le retenait prisonnier et se mit à tambouriner sur le métal froid. Son amant s'arrêta net, se retourna, et accourut dans sa direction. Il se jeta sur la porte :

- Léo ! Léo, c'est toi ? Tu m'entends ?!! S'égosilla-t-il.

Le jeune homme tenta à nouveau son puissant coup de pied pour faire céder le verrou mais l'armature était trop solide. Il commença alors à s'acharner sur la poignée quand il entendit un faible filet voix. C'était Léo qui tentait de communiquer avec lui à travers le très fin interstice en bas de la porte. Il était couché au sol, la bouche presque collée au sol. Yoann se mit à quatre pattes et rapprocha son oreille.

- Les clés... Le docteur Dubois, répétait le prisonnier apparemment très affaibli.

A ces mots, le grand brun se releva et dévala le corridor. Il ne savait pas où donner de la tête et cherchait frénétiquement, comme si son temps était imparti. Yoann arriva enfin devant le sas qui menait à la première salle d'expérimentation ; il y pénétra sur ses gardes. Tout était silencieux. Le lieu était complètement vide, immaculé. En s'avançant un peu plus, il remarqua la porte coulissante menant à la deuxième salle avec le fauteuil de contention que Léo redoutait tant. Un petit groupe de scientifiques visiblement anxieux s'y était terré. Lorsque l'intrus en combinaison de soldat fit irruption, tous marquèrent un temps d'arrêt. Ils remarquèrent son sabre tâché de sang noirâtre, et le pistolet qu'il portait à la ceinture. Un silence tendu dura quelques secondes ; personne ne bougeait, comme si le temps s'était arrêté. Yoann décryptait les visages un à un de ses yeux sombres.

- Le docteur Dubois, énonça-t-il simplement d'une voix plus rauque qu'à l'accoutumée.

Quelques regards furtifs et angoissés trahirent alors la directrice de recherches se tenant au milieu de la pièce. Le jeune home s'avança d'un pas décidé et l'attrapa fermement par le bras en menaçant de son katana les quelques téméraires qui semblaient prêts à en découdre pour protéger leur collègue.

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