Chapitre 5 - partie 2

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Dans un petit village de montagne où soufflait le blizzard hivernal, un feu de cheminée crépitait doucement dans un petit chalet en bois. La chaleur qu'il répandait dans le vaste salon contrastait avec la froideur extérieure. Dehors, le vent glacial soufflait et faisait virevolter en petits tourbillons la fine pellicule de neige encore mal accrochée au sol. Un homme bien emmitouflé dans ses polaires se dirigeait vers la porte d'entrée, les bras chargés de sacs en cartons remplis de provisions. Le voyant arriver par la fenêtre, une petite fille accouru pour lui ouvrir. L'homme entra rapidement pour se mettre au chaud et posa ses paquets au sol tandis que la fillette refermait la porte derrière lui. Elle se retourna ensuite vers lui. Il était face à elle, accroupi, et lui tendait les bras. Elle s'élança alors pleine de joie pour lui faire un câlin :

- Papa ! Tu m'as manqué !

- Mais je ne suis parti qu'une trentaine de minutes, lui dit-il en souriant.

- Maman est dans le salon, viens !

Elle le prit alors par la main et le mena jusqu'au salon où une femme en robe de chambre dégustait son thé, confortablement installée dans son fauteuil non loin d'un jeune garçon qui jouait aux Lego sur le sol.

- Papa est rentré ! Annonça la petite fille avec enthousiasme avant de rejoindre sa mère.

Un sifflement continu dérangea alors le calme de la maison.

- Ah, ton thé est prêt maman, lança-t-elle.

- Qu'est ce que tu racontes ma chérie ? Tu vois bien que je suis en train de le boire !

- Mais j'entends la théière siffler, protesta la jeune fille.

Le sifflement commença alors à se faire de plus en plus fort et strident au fur et à mesure que l'obscurité gagnait la maison. Lorsque tout avait disparu dans les ténèbres, elle ouvrit brusquement les yeux dans un sursaut. Elle était allongée au sol, sur une couverture et l'alarme continuait de résonner.

- Le bruit t'a réveillé ? Demanda une voix masculine.

Elle sursauta et tourna la tête vers son interlocuteur. Elle mit quelques instants avant de réaliser la situation et enfouit son visage dans ses mains en soupirant lorsque la réalité lui revint.

- Ça va Sophie ? Interpella Jack.

- Oui... ça va. J'ai juste fait un rêve. J'ai le sommeil agité avec tout ce qu'il nous arrive. C'est quoi ce bruit horrible ?

- C'est une sirène de voiture. Une créature a dû heurter un véhicule un peu trop violemment.

- Ah...  d'accord. Tu dors pas toi ?

- Non j'y arrive pas, murmura-t-il.

Sophie le fixa avec un sourire empli de peine et de compassion. Elle posa alors le regard sur son bandage qu'il venait de changer. Le sang avait commencé à coaguler et ne coulait plus trop. Soudain, un bruit de tôle se fit entendre, ce qui fit tressaillir la jeune femme.

- T'inquiètes, c'en est un qui a foncé dans la porte, rassura Jack.

Des cris de détresse retentirent alors et les portes d'entrée furent secouées énergiquement. Le gérant de la petite épicerie mit son index sur sa bouche pour dire à Sophie de ne pas s'affoler. Son rythme cardiaque avait augmenté, ses yeux reflétaient son stress naissant et de petites gouttes de transpiration perlaient sur son front. Quelques secondes plus tard, on tambourinait à la porte de derrière. Les appels au secours cessèrent avant que Jack et Sophie n'eurent le temps de réagir et se transformèrent en hurlements de douleur. Le dérangeant spectacle sonore auquel les deux insomniaques assistaient les prenait aux tripes et leurs visages affichèrent des grimaces de dégoût et de crainte. Ils pouvaient parfaitement imaginer le drame qui se déroulait dehors. Une fois l'horreur passée, de nouveaux coups portés à la porte métallique de la remise se firent entendre. Cette fois-ci ils étaient moins puissants et moins réguliers. Ces assauts sonores ne semblaient pas vouloir cesser. A l'inverse, ils s'intensifiaient, tant et si bien qu'un seul être, vivant ou mort, ne pouvait pas en être à l'origine à lui tout seul.

- Jack, c'est quoi ? Demanda Sophie, de plus en plus inquiète.

- Réveille les autres, lui ordonna-t-il.

Tremblante, elle s'exécuta. Elle secoua frénétiquement chacun de ses compagnons en les prévenant du danger. Tous se levèrent alors rapidement sans bien comprendre l'urgence de la situation, eux qui étaient restés endormis durant toute la scène.

- Sophie, qu'est ce qu'il se passe ? Questionna Eva encore dans les vapes.

- Ils sont là, répondit son amie entre deux respirations saccadées.

Eva mit quelques secondes à comprendre. L'espace d'un instant, les récents événements qu'ils avaient endurés quelques heures auparavant lui avait échappé, à l'instar des autres membres du groupe. Ses yeux s'emplirent de désespoir lorsqu'elle prit enfin conscience du sens de sa phrase. Jack revint alors de la remise où il s'était éclipsé :

- C'est la porte du fond, ils s'agglutinent comme des mouches et poussent de toutes leurs forces pour rentrer. La porte va céder !

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