D E U X

5.7K 216 20
                                    

ALYSSA

Ce matin, j'ai enfin pu manger. Une petite fille qui sortait de la boulangerie d'en face a fait tomber son chausson aux pommes par terre et a littéralement harcelé sa mère pour qu'elle lui en achète un nouveau. Evidemment, la mère a cédé, donc j'en ai profité pour prendre le chausson aux pommes abandonné et en faire mon petit déjeuner. 

Après ce faible repas, je décide d'aller faire un petit tour dans les rues, sans but précis, juste pour regarder les articles en vitrine des magasins et me réchauffer.

Je m'arrête devant une bijouterie. Le prix des bijoux est vraiment exorbitant, sérieux, qui va mettre 15 500 euros dans une bague, qui, en plus n'est pas si extraordinaire ? Il y aurait tellement de choses plus utiles à acheter avec cet argent, plutôt que de tout dépenser dans un seul petit objet.

Mon regard se pose sur un collier orné du signe de l'infini. Maman avait le même signe de tatoué sur le poignet, avec mes initiales et celles de Tucker. A la vue de ce collier, une larme roule lentement le long de ma joue. Je n'ai peut-être pas fait mon deuil, finalement. J'essaie de me convaincre que je vais bien, que je suis passée à autre chose, mais il faut que j'arrête de me voiler la face, ils me manquent et je pleurerai toujours en pensant à eux.

Mes tristes pensées sont interrompues par un homme sortant de la bijouterie en hurlant. Je met quelques secondes à réaliser que c'est à moi qu'il s'adresse, et il crie tellement que je ne parviens pas à comprendre ce qu'il dit.

- Dégage de là espèce de clocharde ! Tu vas faire fuir les clients !

C'est sûrement le gérant de la bijouterie. Il est habillé d'un costard cravate qui, je suppose, est hors de prix, et je peux même apercevoir une Rolex à son poignet.

- Je...je

- Ta gueule ! Et dépêches toi de partir ! 

Il avance furieusement vers moi, et, instinctivement, je recule, mais je m'emmêle les pieds dans ma minable couverture et tombe à la renverse sur les fesses, ce qui m'arrache un gémissement de douleur. L'homme se penche au dessus de moi et lève une main en l'air, comme s'il voulait me frapper, mais une voix retentit et il se stoppe :

- Vous n'avez pas intérêt de faire cela.

Le gérant se retourne et, à la vue de l'homme qui a pris ma défense, il se confond immédiatement en excuses.

- Oh, monsieur Stone, toutes mes excuses, je ne comptais pas toucher, ce... cette... fille. J'étais juste en train de...

- Stop, le coupe mon "sauveur" en s'avançant vers moi pour m'aider à me relever, traiter une jeune femme de cette façon, c'est inadmissible, vous n'avez en aucun cas le droit de lui parler comme ça.

Ce "monsieur Stone" me prend la main et me relève avec délicatesse, en jetant un regard noir au gérant de la bijouterie.

- Vous savez que je peux faire fermer votre bijouterie en un claquement de doigts. Donc, si j'étais vous, je m'excuserai auprès de cette demoiselle.

Le gérant semble outré et reste silencieux de longues secondes. Je jette un regard vers ce Monsieur Stone, et il me sourit gentiment. C'est vraiment étrange que quelqu'un soit gentil avec moi, je n'arrive pas à réaliser ce qui est en train de se passer. Je cligne plusieurs fois des yeux, comme pour m'assurer que je ne suis pas en train de rêver. 

- Veuillez m'excuser.

Simple, efficace, au moins il a fait un effort.

- Bien, reprend Monsieur Stone en s'adressant au gérant, nous pouvons retourner à l'intérieur, je vais vous régler les bracelets que je vous ai achetés. Mademoiselle, attendez moi ici, je n'en ai que pour quelques secondes, je reviens.

Cœurs - PNLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant