V I N G T - T R O I S

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ALYSSA

- Nabil ?

- Ouais ?

- Euh... on peut... aller discuter ?

Le concerné paraît surpris mais acquiesce en hochant la tête. Alors qu'on s'apprête à partir en direction de ma chambre pour discuter plus calmement, je croise les yeux rieurs de Rayan et Tarik,  qui nous fixent en ayant un léger rictus au coin des lèvres.

J'ai décidé d'écouter les conseils de Tarik, et d'aller mettre les choses au clair une bonne fois pour toute avec Nabil. J'ai besoin de savoir ce qu'il pense, parce qu'on va pas se mentir, on a clairement une relation ambiguë, mais aucun de nous deux ne veut faire un pas vers l'autre, donc on continue indéfiniment ce jeu dangereux.

Même si j'ai encore les nerfs contre lui depuis que je l'ai vu avec l'autre blondasse, j'ai bien vu qu'il a l'air de s'en vouloir, et avec mon caractère trop "gentil", j'ai du mal à lui faire la gueule sans qu'il ait pu s'expliquer.

Lorsqu'on entre dans la chambre, je vais m'asseoir en tailleur sur mon lit tandis qu'il reste debout, à se balancer d'un pied sur l'autre, les yeux rivés sur ses chaussures. Si je n'étais pas aussi stressée par cette discussion, je me serais sûrement moquée de lui, parce que là, on dirait vraiment un enfant qui a peur de se faire réprimander par ses parents.

Je reste silencieuse quelques secondes, ne sachant pas trop par quoi commencer. Je ne veux pas le brusquer, mais je veux quand même "mettre les pieds dans le plat", en quelque sorte. Alors que je prends une grande inspiration, prête à commencer à parler, il me devance et lâche subitement :

- J'suis désolé Aly'.

Ma bouche reste entrouverte et j'hausse inconsciemment les sourcils, surprise qu'il prenne les devants. Son regard est toujours fixé sur le sol, et il semble de plus en plus mal à l'aise. Avant que j'aie eu le temps d'en placer une, il reprend :

- J'suis désolé, j'te jure que j'voulais pas te blesser, j'avais fumé et... elle... j'ai cru que... 

Il n'arrive pas à terminer sa phrase et se passe nerveusement un main sur le visage. Le voir comme ça me rend triste, il me fait de la peine, parce que je sens que ses excuses sont sincères, mais une partie de moi continue de me dire que si je n'avais pas été là, il aurait continué dans sa lancée et aurait couché avec cette fille sur le canapé, je ne l'aurais peut-être même jamais su.

- T'as cru que quoi ? Que "c'est pas grave, j'peux me la taper, Aly' est pas là, elle en saura rien", dis-je en imitant des guillemets avec mes doigts.

- Non, c'est pas ça, j'était défoncé et j'ai cru que...

- Cru quoi ? m'impatientais-je légèrement.

Il relève ses yeux rougis vers moi et inspire profondément, avant de lâcher, avec une voix calme :

- J'ai cru que c'était toi.

A ce moment là, c'est comme si le temps c'était arrêté. Je cligne des yeux à plusieurs reprises, comme pour m'aider à réaliser la situation, mais je ne trouve rien à lui répondre. En fait, je ne sais pas trop comment le prendre, d'un côté, ça prouve qu'il ne faisait pas ça pour me blesser, vu qu'il pensait que c'était moi, mais de l'autre, ça me vexe un peu qu'il pense pouvoir coucher avec moi en claquant des doigts. Comme s'il avait lu dans mes pensées, il poursuit :

- Je sais que t'es pas une fille facile qui couche avec le premier venu, mais sur le coup j'étais trop défoncé pour y réfléchir. Mais quand on est arrivés dans l'appart', j'ai commencé à réaliser que c'était pas toi, et je comprenais plus... S'il te plaît, pardonne moi d'avoir été le plus gros des abrutis avec toi, je voulais pas, je sais que je t'ai blessée...

Cœurs - PNLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant