Cœurs - PNL

S E I Z E

ALYSSA

- Bon, qui veut du couscous ?

Tout le monde me répond en même temps et je comprends rien, ce qui me fait lâcher un petit rire. Les garçons me passent leur assiettes chacun leur tour et je les sers. Même Loki a eu droit à un peu de couscous, il a l'air d'adorer ça.

- Franchement Aly' tu gères, c'est un des meilleurs couscous que j'ai bouffé dans ma vie, dit Lucas, le cousin de Tarik et Nabil.

- Lui dit pas ça elle va prendre la grosse tête après, me taquine Tarik.

- Taktak le chou à la crème on t'a pas sonné ! répondis-je en riant.

Le repas continue dans la bonne humeur et une fois celui-ci terminé, Rayan et Moha m'aident à débarrasser, puis je m'éclipse aux toilettes.

En passant devant la porte de la chambre à Tarik, je me stoppe en entendant des voix. Je reconnais la voix des deux frères et celle de Casper, mais j'en suis pas sûre à 100%. Je pensais qu'ils était retournés au salon, et je me demande ce qu'ils font là. Curieuse comme je suis, je m'approche et colle mon oreille contre la porte pour écouter leurs messes basses. Au début, je ne comprends pas grand chose mais Tarik commence à élever la voix.

- Mec, j'resterai pas une semaine de plus dans cet appart' de merde, j'men bats les couilles, le 10 on rentre, point.

- C'est impossible, ils vont vous chopper ! T'imagines pas à quel point on est surveillés au zoo, si vous revenez ils vont s'faire un plaisir d'vous embarquer, vous risquez de prendre perpet' les gars ! Vous semblez pas réaliser la gravité de la situation là.

- Combien de temps ?

Cette fois, c'est Nabil qui a parlé, il a l'air un peu plus calme que Tarik.

- Quoi combien de temps ?

- Si on doit rester ici, c'est pour combien de temps ?

- J'sais ap, une ou deux semaines de plus, le temps que les keufs se lassent...

- Hors de question ! hurle Tarik, ce qui me fait sursauter.

Je vérifie que personne ne me surprenne en train d'écouter à la porte, mais les autres gars semblent être tous au salon, donc normalement, je suis pas censée me faire prendre.

- Ecoute mec, hier, c'est Sabri qui a failli se faire choper, ces bâtards sont tout le temps sur notre dos, ils nous surveillent constamment, si jamais ils vous voient, vous êtes morts.

Petit à petit, tout se met en ordre dans ma tête, mais j'ai un peu de mal à tout assimiler.

- Et les stocks, vous en avez fait quoi ?

- Bien cachés, t'as pas d'soucis à t'faire.

- Dès qu'on revient au zoo, la bibi c'est terminé. On a plus b'soin de thunes, nos sons marchent bien et on gagne assez pour vivre.

J'ai compris, bordel, ils vendent de la drogue. Des frissons me parcourent de la tête aux pieds. Dire que je pensais les connaître, au final, je réalise que je sais absolument rien de leur vie, ils m'ont dit que le strict minimum. D'un côté, je suis un peu triste, ça veut sûrement dire qu'ils ne me font pas confiance. Pourtant, je ne les aurai jamais jugés, je sais ce que c'est de vivre sans un sou, et puis c'est pas pour ça qu'ils me font peur.

- Bon, ok, on reste une encore semaine, mais pas plus, tranche Tarik.

- Et on dit quoi à Aly' ? Elle va trouver ça bizarre qu'on reste plus longtemps que prévu, demande Nabil.

- On a qu'a lui dire qu'on a encore quelques scènes à tourner et qu'on doit rester ici pour bosser.

- C'est assez crédible.