Cœurs - PNL

C I N Q U A N T E

NABIL

10 Novembre 2016

J'ouvre difficilement les yeux et porte presque instantanément ma main à mon front. Putain, j'ai grave mal à la tête. J'crois que j'ai beaucoup trop bu hier soir, j'arrive même plus à me souvenir de c'qu'on a fait. Pourtant j'pense tenir assez bien l'alcool d'habitude, pour que j'sois vraiment bourré faut y aller fort, et j'me rappelle pas avoir bu tant que ça. En fait, j'sais même plus.

J'me souviens juste être sorti prendre l'air un moment avec Lucas, qui a d'ailleurs failli me gerber dessus parce qu'il était complètement défoncé. On s'est tapé une grosse barre, et j'sais que j'ai regardé l'heure à c'moment là, il devait être quatre heures du mat', un truc dans le genre. Après, j'sais plus c'qu'il s'est passé, c'est le trou noir.

Au bout de quelques secondes durant lesquelles j'me pose vingt mille questions en essayant désespérément de me rappeler de la soirée d'hier, je commence à sentir une odeur vraiment pas agréable du tout. Le genre d'odeur qui te prend au nez et qui t'fait monter un mal de crâne en deux secondes. Ça sent le parfum fort, et rien que de sentir cette merde, ça m'donne envie de dégueuler. Mais j'crois que le plus gros problème, c'est que ça sent la meuf.

Sans réfléchir davantage, j'ouvre grand les yeux en me retenant de grimacer à cause de la lumière du jour qui m'nique les pupilles. J'ai un très long moment d'arrêt en regardant autour de moi. J'suis dans un putain de lit, dans une chambre que je connais absolument pas, et dont la déco est archi pourrie, mais le pire, c'est que si je tourne légèrement la tête vers la droite, je tombe nez à nez avec le dos nu et les cheveux blonds d'une meuf.

J'suis peut-être encore bourré, et j'ai des hallu, c'est sûrement ça. J'refuse de croire à c'que j'suis en train de voir. C'est juste impossible.

J'passe une main sur ma gueule en me redressant un peu dans le lit, et au passage, en me décalant aussi d'la meuf, parce que j'trouve que j'suis un peu trop proche d'elle là. J'ai un deuxième moment d'arrêt en réalisant que j'suis en caleçon dans c'putain de pieu, et que la go à côté de moi à l'air d'être complètement à poil. J'vois que son dos, mais ça laisse peu de place à l'imagination.

J'ai pas pu faire ça, c'est pas possible.

Un réveil posé sur la table de nuit indique qu'il est dix heures vingt. Putain, Aly' doit grave s'inquiéter, j'avais dit que j'lui enverrai un message et j'l'ai pas fait.

Aly'. Son p'tit visage tout doux m'revient en tête et plus ça va, plus je nage dans l'incompréhension. Comment j'ai pu me retrouver dans cette situation ? Y'a forcément une explication rationnelle, parce jamais j'aurais pu me retrouver dans le lit d'une pute que je connais ni d'Adam ni d'Ève de mon plein gré. Ça, c'était le Nabil d'avant. Maintenant, j'suis posé avec la plus belle fille du monde, celle que j'aime et que je pourrais jamais tromper. Donc j'persiste à penser qu'y'a obligatoirement une raison à ça.

J'hésite un instant, puis j'décide finalement de m'lever sans faire de bruit pour pas réveiller la tass' qui dort à côté. J'suis partagé entre le fait de me barrer et faire comme si de rien n'était ou la réveiller et lui demander des explications. D'un côté, j'suis tellement sûr de moi par rapport au fait que j'aurais jamais pu tromper Aly' que me casser semble être la meilleure solution, mais de l'autre, une partie de moi est prise d'un doute. Même bourré, défoncé ou tout ce que tu veux, j'peux pas imaginer avoir pu lui faire ça. J'ai beaucoup de défauts, mais être infidèle envers Aly' ça n'est fait pas partie, et ça le fera jamais.

Je cherche rapidement mes fringues du regard et les repère au bout de quelques secondes, empilées négligemment sur une petite chaise dans un coin de la chambre. Sans réfléchir, j'me dépêche à les enfiler, voulant partir d'ici au plus vite. J'suis peut-être dans le déni total, mais j'm'en fous, j'veux juste quitter cet endroit.