V I N G T - D E U X

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ALYSSA

Tarik et Rayan viennent de rentrer du studio, et nous sommes tous les quatre à table, en train de manger des pâtes. Ils ont un peu râlé parce qu'il n'y avait rien d'autre à manger, mais j'étais trop énervée pour préparer un bon repas, et en plus les placards sont vides, il va falloir aller faire les courses.

Mes deux amis ont tout de suite compris que quelque chose n'allait pas lorsqu'ils sont rentrés. Nabil et moi tirons une tête de quinze mètres de long et on ne s'adresse pas la parole, contrairement à d'habitude.

Après les avoir surpris, Nabil et sa conquête, à moitiés nus dans le salon, je me suis enfermée dans ma chambre pendant au moins une heure. Je me suis juste assise sur mon lit, et j'ai fixé un point invisible en face de moi. Finalement, je suis sortie de la chambre en me disant qu'il n'avait aucun compte à me rendre car on n'était pas ensemble, donc techniquement, j'ai rien à dire s'il se pointe avec une fille. Mais j'avoue que sur le coup je leur aurais bien arraché les yeux à tous les deux.

Je ne compte pas m'arrêter de vivre à cause de ça, donc j'ai pris l'initiative d'envoyer un message à Liam en lui proposant d'aller boire un verre un de ces jours. Ouais, je m'en sers un peu comme bouche trou, mais je pense qu'inconsciemment, j'ai envie de me prouver à moi même que je peux passer au dessus de ce que je ressens et me concentrer sur autre chose que Nabil.

- Je vais aller faire les courses cet après-midi, dis-je en débarrassant la table.

- Mais t'es enrhumée Aly', restes ici te reposer, répond Rayan.

- Non, je vais y aller, j'ai besoin de sortir d'ici, lançais-je avec un regard en coin vers Nabil.

Il est vrai que j'avais du mal à rester ici, avec lui à quelques mètres, je préfère encore affronter le froid et mon rhume.

- Je viens avec toi.

Tiens, il se réveille lui. Je lance un regard noir à Nabil, qui a dit ça d'une manière totalement nonchalante et qui agit comme si de rien n'était. Sa façon de se comporter m'agace au plus haut point, on dirait qu'il a oublié qu'il s'est conduit comme un con il y a quelques heures.

- Tu peux toujours rêver, il n'est pas question que tu viennes avec moi, tranchais-je d'une voix dure.

Tarik fronce les sourcils en m'entendant lui parler si sèchement et m'interroge du regard, mais ne fait aucun commentaire.

Nabil ne répond rien, mais je sens qu'il est vexé, ou énervé, je sais pas trop. Il serre les poings tellement fort que ses jointures blanchissent. De toute façon il a rien à dire, c'est lui qui a déconné, pas moi.

- Et comment tu vas payer si t'y vas toute seule ? T'as pas encore eu ton salaire. J'vais venir avec toi.

Étonnamment, ce n'est pas Nabil qui a parlé, mais Tarik. C'est vrai que j'ai pas eu ma paye, j'y avais pas pensé, et je sais pas comment j'aurais fait, une fois à la caisse, si j'avais réalisé que j'avais aucun moyen de paiement.

- Pas de problème, tu peux venir, lui dis-je en observant Nabil s'énerver encore plus face à ma réponse.

Tarik suit mon regard et a un sourire moqueur en voyant la jalousie de son frère. Sans un mot, Nabil quitte la table et, quelques secondes plus tard, on entend la porte de sa chambre se claquer violement.

- Bon, on part dans trente minutes, ça te va ? dis-je à Tarik comme si de rien n'était.

- Pas d'soucis.

Rayan, qui était resté silencieux jusque là, me lance avec un sourire en coin :

- Tu lui a fais quoi à Bilna pour qu'il s'énerve comme ça ?

Cœurs - PNLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant