Cœurs - PNL

V I N G T - E T - UN

ALYSSA

Quatre jours plus tard

- Aly', tu ferais mieux de rentrer, t'es au bout là, me dit Lisa avec un sourire compatissant.

- Non t'inquiètes je vais bien, je peux tenir jusqu'à ce soir, répondis-je en reniflant une nouvelle fois.

Je sors un énième mouchoir en papier et me mouche pour la 3000ème fois depuis ce matin. Dès que je me suis réveillée, j'ai senti qu'un truc allait pas, et je me suis pas trompée, j'ai un gros rhume et de la fièvre. Je suis quand même venue au travail en me disant que ça allait passer, mais j'ai plutôt l'impression que mon état s'empire. Il est bientôt 11h30 et depuis que je suis arrivée Lisa insiste pour que je demande à Monsieur Duprat de me laisser rentrer chez moi pour me reposer, mais comme je suis têtue, j'ai préféré continuer à travailler.

Je vais servir un client en terrasse et celui-ci me fait la conversation. Il n'y a pas beaucoup de monde, donc je reste quelques instant avec lui. C'est un petit papi qui vient régulièrement ici, il vit seul et à besoin de compagnie. 

- Vous avez pas l'air bien ma p'tite, me dit-il après m'avoir observée me moucher.

- J'ai un petit rhume, rien de grave.

- Et vous travaillez ? Vous devriez rentrer vous reposer.

Ils se sont passé le mot avec Lisa ou quoi ? C'est qu'un rhume, je vais pas mourir non plus.

- Non, ça va, je vais b... 

- Eh ! Dédé ! Viens ici ! crie Jacques, le petit papi en regardant derrière moi, me coupant la parole au passage.

Je me retourne pour voir à qui il parle comme ça, et je vois André, mon patron, arriver vers nous.

- Vous le connaissez ? lui demandais-je.

- Oui, c'est un vieil ami. Eh Dédé, ça fait longtemps qu'on s'est pas vu ! T'es jamais là quand je viens au café.

Mon patron se penche vers le vieux monsieur et lui fait une accolade. Ils s'échangent quelques banalités puis Jacques intervient en me désignant d'un mouvement de tête :

- Elle est malade la ptite, tu veux pas lui donner sa journée pour qu'elle se repose ?

André tourne la tête vers moi et me sourit. 

- Non vous inquiétez pas je peux continuer jusqu'à...

- Tu peux rentrer Alyssa, on peut se débrouiller à deux au café, y'a personne de toute façon.

- Mais je peux rester, c'est rien, répondis-je, un peu gênée.

- Rentre chez toi te reposer, et ne viens pas travailler demain non plus, t'inquiètes pas pour le café.

- Je...

Il ne me laisse pas le temps de terminer ma phrase et me pousse gentiment vers le vestiaire pour que je récupère mes affaires.

En sortant, je croise Lisa qui me sourit.

- Tu vois, je te l'avais dit, fallait que tu rentres.

- Oui, t'avais raison, répondis-je en lui rendant son sourire.

- Reposes toi bien, me dit-elle en s'éloignant pour servir un client.

Après être allée dire au revoir à André et Jacques, je prend la direction de l'appartement.

 D'ailleurs, si j'ai bien compris, dans trois jours, les garçons rentrent chez eux, et ça me rend hyper nostalgique. J'aimais bien notre "colocation" et ça va me manquer.