T R E N T E - T R O I S

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NABIL

La tête tournée vers ma droite, un sourire niais plaqué sur la gueule, je matte Aly' dormir depuis au moins dix minutes. J'crois que les autres sont pas levés, parce que la maison est totalement silencieuse, j'vous cache pas qu'ça fait du bien de pas entendre Lucas et Karim se gueuler dessus et la grosse voix de Tarik leur dire de s'la fermer. En même temps, il est que 9h10, ces flemmards doivent bien dormir vu l'bordel qu'ils ont foutu jusqu'à quatre heures du mat' hier soir. Pire que des gosses j'ai juré, depuis notre chambre on les entendait faire des combats de catch dans la chambre de Casp' et Nader. J'crois que j'ai jamais autant ri quand Aly' et moi on est allé voir c'qui s'passait et qu'on a trouvé Nader bloqué dans le placard parce qu'il voulait se cacher et attaquer Kem' par surprise. On a du appeler Tarik qui était en train de fumer sur la terrasse pour qu'il démonte la porte du placard et décoince Nader. Mais ça s'est pas fini là, parce qu'au moment de remettre la porte du placard en place, Moha a poussé Tarik sans faire exprès et il a fait tomber la porte sur la tête de Nader, qui en est carrément tombé par terre tellement elle était lourde. On a même cru qu'il avait fait un malaise mais finalement il s'est relevé en râlant et en insultant tout le monde.

- T'as l'air d'un psychopathe à me fixer comme ça.

La voix d'Aly' me sort de mes pensées et je réalise que je l'ai même pas entendu se réveiller tellement mon veau-cer était parti loin.

- J'repensais à hier soir, dis-je en ricanant.

- La porte du placard ?

- Ouais.

Elle rit à son tour, se remémorant sûrement elle aussi la scène et ajoute :

- Pauvre Nader quand même, il aurait pu se faire vraiment mal...

- Quelle idée de s'enfermer dans un placard aussi...

- J'avoue, c'est con quand même, approuve-t-elle.

Après un petit moment de silence où l'on se regarde tous les deux droit dans les yeux, je prend Aly' par la taille et la rapproche de moi. J'enfouis ma tête dans son cou alors qu'elle lâche un petit rire.

- Nabil si tu me fais un suçon je te tue, me menace-t-elle.

- Comme ça tout le monde sait que t'es à moi, dis-je en relevant la tête avant d'admirer la marque violacée que je viens de faire dans son cou.

Aly' soupire mais je distingue quand même un petit sourire se dessiner au coin de ses lèvres.

- Fais pas genre ça te saoule, je sais que t'adore quand j't'en fais, lui dis-je en lâchant un rire.

- Ok ok j'avoue, mais prend pas la confiance hein, me taquine-t-elle.

Avant que je n'aie le temps de répondre, son téléphone, posé sur le bureau en face du lit, vibre à plusieurs reprises, indiquant l'arrivée de plusieurs messages. Voyant qu'Aly' a l'air bien installée dans le lit, je lui dis :

- Attends, j'vais te l'chercher, te lèves pas.

- Non ! crie-t-elle, ce qui me fait me stopper net dans mes mouvements, surpris qu'elle tienne autant à aller chercher son téléphone elle même.

- Euh... Je veux dire, t'embêtes pas, j'y vais... reprend-elle plus doucement en évitant mon regard.

Un peu perdu, je la regarde se lever et attraper précipitamment son téléphone. Elle écrit rapidement un message puis le met en mode silencieux, le verrouille et le repose, cette fois-ci la face contre le bureau. Son comportement me fait froncer les sourcils et m'énerve, parce que j'ai quand même l'impression qu'elle me cache un truc, et j'ai horreur de ça.

Cœurs - PNLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant