T R E N T E - Q U A T R E

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NABIL

Affalé sur ma banquette, un joint dans la main gauche et mon verre de vodka dans la main droite, je fixe les deux meufs qui se trouvent devant moi. Parce que ouais, en plus de la meuf aux lèvres botoxées qui s'croit belle, y'a une autre meuf tout aussi dégueulasse qui est v'nue s'incruster. J'crois qu'aucune des deux parle français, et tant mieux, parce que j'ai pas envie d'leur adresser la parole, j'me contente juste de leur lancer des regards charmeurs pour faire rager Aly' qui me fixe depuis au moins dix minutes.

J'suis toujours énervé contre elle et tant qu'elle m'aura pas montré son putain de téléphone pour me dire c'qu'elle me cache je continuerai de l'ignorer. C'est aussi simple que ça. J'suis persuadé que si les rôles étaient inversés elle aurait eu une réaction bien pire que la mienne. Et c'qui m'énerve le plus, c'est que mes potes comprennent pas pourquoi je réagis comme ça, alors que selon moi le mensonge dans un couple c'est vraiment la pire des choses, et c'est le début de la fin. Une fois que je fais plus confiance c'est fini, et c'est malheureusement c'qui est en train de se produire.

Mon regard dévie vers Aly' qui, au lieu de me fixer, tape la discute avec un mec que je connais absolument pas. Inconsciemment, je serre les poings en la voyant sourire à c'gros chien qui veut juste la baiser. Il s'accoude au bar en bombant le torse pour s'la jouer musclé et passe une main dans ses cheveux courts. Je sais qu'Aly' préfère mes cheveux longs, elle me le dit tout le temps, l'autre il a limite la boule à Z et il fait le beau là. Va t'acheter une perruque au lieu de draguer ma meuf.

J'ai l'air d'un taré à taper une fixette sur eux, mais faut que je surveille au cas où il tenterait un truc. En temps normal j'aurais foncé sur lui pour lui casser la gueule, mais vu les circonstances et mon engueulade de ce matin avec Aly', j'ai beaucoup trop de fierté pour y aller et lui montrer que j'tiens à elle. Plutôt crever.

Le mec s'approche d'Aly' et lui chuchote un truc à l'oreille, et elle tout c'qu'elle trouve à faire c'est rire bêtement.

Respire Nabil. Reste calme, rappelles toi qu'elle te prend pour un con depuis ce matin, et peut-être même depuis plus longtemps que ça.

Le regard d'Aly' croise le mien et elle a la pire réaction qui soit, puisqu'au lieu de culpabiliser et s'éloigner de l'autre connard, elle me sourit faussement et reporte son attention sur lui.

Pris d'un élan de colère, je choppe la meuf aux lèvres botoxées et la fait assoir de force sur moi. Je vais sûrement regretter ce geste, mais là j'ai trop d'alcool dans le sang pour réfléchir correctement. La meuf doit sûrement prendre ça pour une avance, ce qui en est une, en quelque sorte, puisqu'elle s'installe plus confortablement sur moi et me caresse la cuisse. J'y prête même pas attention, je me contente juste d'attendre qu'Aly' le remarque pour voir sa réaction.

Un sourire mauvais naît sur mes lèvres lorsqu'elle découvre la scène et que son visage se décompose petit à petit. Comme si elle se réveillait d'un mauvais rêve, elle s'éloigne brutalement du connard à qui elle parle et continue de soutenir mon regard, n'y croyant pas.

Mais j'ai envie qu'elle éprouve la même douleur que celle que je ressens depuis ce matin, donc je pousse le vice encore plus loin et laisse mes mains se balader sur le corps de la mexicaine en la narguant du regard.

T'as voulu jouer, t'as perdu.

La seconde meuf, toujours assise sur la banquette, se lève et vient se mettre à côté de moi. Sa main passe dans mes cheveux et je sais que ce geste va faire bouillir Aly' parce que c'est quelque chose qu'elle adore faire.

Quand leurs mains deviennent un peu trop baladeuses, je les repousse, faut pas abuser, mais je leur laisse quand même quelques libertés, et du coin de l'œil, je vois qu'Aly' est toujours immobile, la bouche entrouverte, ne me quittant pas du regard. J'ai parfaitement conscience que je joue avec le feu, mais je veux qu'elle comprenne ce que je ressens depuis ce matin, je veux qu'elle soit frustrée et déçue, autant que je l'ai été.

Cœurs - PNLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant