- Kenny Ackerman, fit l'homme en me broyant la main sous une poigne de fer et en plantant son regard dans le mien.
- Ava Rosenberg, répondis-je d'une voix neutre, tentant de cacher mon malaise du mieux que je le pouvais.
Cet homme m'impressionnait. Il n'avait pas franchement la dégaine d'un commissaire de police, mais il n'en restait pas moins charismatique et ... déroutant. Il dégageait tout à la fois une froideur, un air austère, intransigeant, qui masquait pourtant difficilement les lueurs de sarcasme et d'ironie qui dansaient follement dans son regard. Il y avait dans ces deux yeux bleus quelque chose d'un peu démentiel et de ... féroce.
Sur un geste de Larry, le commissaire s'assit à ma droite, faisant face au chef de service. Une fois installés, Kenny Ackerman entreprit de nous relater l'interpellation de Marco Bott, qu'il avait lui-même arrêté.
- Nous le filions depuis plusieurs jours déjà, suite au meurtre de sa femme il y a deux semaines de ça. Il faisait mine de se promener en ville. Mais quand je l'ai vu surgir d'une ruelle et se précipiter vers la foule amassée sur les bords du fleuve pour assister au feu d'artifice, j'ai tout de suite compris. Je l'ai poursuivi ... mais il avait déjà eu le temps de tirer sur deux innocents.
- Mais nous avons évité le pire grâce à vous, commissaire, rétorqua Larry.
Quel lèche-cul celui-là !
- Vous voulez dire que vous le suspectiez d'avoir tué sa femme ? , me risquai-je à demander.
- Effectivement, répondit le commissaire. C'était même le suspect en tête de liste. Mais l'enquête est encore en cours, je ne peux pas vous en dire plus à ce sujet.
Mais, putain ! Le mariage ! Le bébé ! Et le portrait lumineux de cette femme dans le portefeuille !
- C'est impossible ! , m'insurgeai-je spontanément avant de réaliser que j'avais manqué une belle occasion de me taire.
- Impossible ? , répéta froidement le commissaire en se tournant vers moi.
Il me dévisagea quelques instants d'un regard insistant qui me fit me tortiller nerveusement sur ma chaise.
- Avez-vous eu des contacts avec un proche de Marco Bott, mademoiselle ? , me demanda-t-il soudain.
- Non, mentis-je sans hésitation.
Qu'est-ce qui me prend de mentir à un commissaire de police ?!
Kenny Ackerman continua de me dévisager quelques instants et le coin de ses lèvres sembla se relever dans un imperceptible rictus avant qu'il ne reporte son attention vers le chef de service.
- Et qu'en est-il de ce que je vous ai demandé, Docteur Gross ?
Larry se tourna vers moi.
- Ava, le carton ?
Le carton ? ... Merde ! Le carton !
- Je ... je vais le chercher immédiatement, bredouillai-je en me levant d'un bond.
Je me ruai vers la porte et fonçai jusqu'à la salle des internes où le carton m'attendait, toujours sagement posé sur la table ronde. Je le saisis mais, dans ma précipitation, il m'échappa des mains et s'écrasa au sol, y déversant son contenu. D'une main fébrile, je remis les quelques effets personnels de Marco à l'intérieur et retournai fissa dans le bureau de Larry. Encore essoufflée et quelques mèches de cheveux en travers du visage, je tendis la boîte au commissaire qui me l'arracha presque des mains. Son geste trahissait une grande nervosité même si son visage restait figé dans un sourire mi-courtois, mi-carnassier. Le commissaire ne s'aventura pas à regarder le contenu du carton mais je devinai à son regard brûlant qu'il en mourrait d'envie.
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Sa voix
FanfictionIl arrive que la vie vous place parfois au mauvais endroit au mauvais moment. Moi, par exemple, elle m'a piégé dans le service de réanimation de l'hôpital de Trost où je travaille, prise en otage par cinq terroristes. Mais cette même vie absurde vo...