Pov Levi
Elle venait de s'excuser.
Putain, une fois de plus, c'est elle qui s'était excusée ! Alors que c'était moi le parfait connard de l'histoire.
Elle venait de partir en trombe, sans arriver à m'adresser un regard. Évidemment ! Mais je n'avais eu aucune difficulté à lire dans ces yeux qu'elle avait dérobé aux miens la douleur que je venais de lui infliger et les larmes qu'elle cherchait à retenir.
Je la regardais s'éloigner ... passer la large porte à double battants ... et disparaître finalement dans le hall. Quelque chose au fond de moi hurlait, tentait désespérément de bondir en avant pour la rejoindre et l'empêcher de partir. Mais je bridais ce "quelque chose". De toutes mes forces. Du moins, avec celles qui me restaient. Ce n'était définitivement pas une bonne idée. Pas pour elle.
Dire que je m'en voulais pour ce qui venait de se passer était bien en deçà de la réalité. Pour avoir osé la blesser, elle, je me maudissais. Je m'exécrais. Jusqu'à la nausée. Je n'avais pas vraiment prévu d'être autant affecté par sa réaction, ni par cette terrible expression qui s'était fichée sur son visage avant qu'elle ne tourne les talons. Peut-être que cela aurait été plus supportable si elle m'avait giflé ou même insulté. Mais non, Ava avait murmuré une excuse. Une putain d'excuse ! Et moi, sombre crétin, j'avais été suffisamment lâche pour avoir laissé cette femme me remercier et s'excuser. Elle ! Mais putain c'était à moi de la remercier de m'avoir sauvé la peau ! Et c'était encore à moi de m'excuser d'être aussi con !
Je bus mon verre d'une traite tandis que Milla, toujours accrochée à ma taille, jouait avec la médaille sur le revers de ma veste.
- Un truc pareil, on doit pouvoir en tirer un bon prix ? , murmura-t-elle dans un sourire canaille.
Je la regardai d'un œil encore plus vide que mon verre avant de m'échapper de son étreinte. Je défis ma médaille et la posai dans la paume de sa main. Cette chose-là, je ne méritais vraiment pas de la porter.
- Levi ... Qu'est-ce que ... , bafouilla Milla.
- Tu la veux ? Prends-là ! Mais si tu la revends, fais au moins en sorte d'utiliser le fric intelligemment.
La femme se serra à nouveau contre moi.
- Tu sais, avec ça je peux bien t'accorder un petit extra , murmura-t-elle langoureusement à mon oreille.
J'avais le cœur au bord des lèvres, sans trop savoir si c'était l'alcool ingurgité d'une traite ou cette situation gerbesque qui me faisait le plus d'effet.
- Levi ? Où est Ava ? , demanda une voix de crécelle alarmée dans mon dos.
Hanji me regardait avec des yeux ronds avant de reporter ses binocles vers la créature qui se pavanait à mon bras. Je me retournai vers Milla, ignorant la question de ma coéquipière.
- Je t'appelle un taxi.
Cela faisait quelques minutes que Milla et moi attendions dehors l'arrivée du chauffeur. La jeune femme était une ancienne connaissance, de l'époque sombre où j'habitais encore les bas quartiers de la capitale. Je l'avais recroisé par hasard lors d'une réception à Stohess l'année dernière. Ce soir-là, elle était accrochée au bras d'un haut fonctionnaire de la ville, riche et influent. Et je m'étais vite doutée qu'elle n'était pas accrochée là au titre d'épouse ni d'amie. Compte tenu mon passé (et surtout celui de ma mère), ce genre de choses me débectait au plus haut point. Pourtant, comme tous ces salauds de clients que je maudissais tant, je venais à mon tour d'utiliser une femme à mes propres fins. J'avais beau me répéter qu'à mes yeux elle était une ancienne amie bien avant d'être une escort ... la finalité était la même : je l'avais payé pour passer la soirée à mon bras.
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Sa voix
FanfictionIl arrive que la vie vous place parfois au mauvais endroit au mauvais moment. Moi, par exemple, elle m'a piégé dans le service de réanimation de l'hôpital de Trost où je travaille, prise en otage par cinq terroristes. Mais cette même vie absurde vo...