Pov Levi
- Equipe 2, vers le sas, ordonna Erwin d'une voix calme.
Chacun émergea de sa planque pour remonter furtivement le couloir, sur les talons de cette grande perche qui ouvrait la voie. La porte du sas n'était qu'à quelques dizaines de mètres à peine, sur notre droite. Jetant un œil aux hublots de l'entrée principale, je constatai que le terroriste avait quitté son poste. Ce ne fut qu'à cet instant que je percutai. Je compris qu'Ava était sortie de sa cachette pour détourner l'attention du veilleur et nous permettre d'accéder au service sans être repérés.
Mais elle est pas possible cette gamine !
Je pestai intérieurement, tout à la fois irrité de son initiative capricieuse, agacé de cette prise de risque arbitraire et impressionné par son courage. Mais était-ce seulement du courage ? Je ne me souvenais que trop bien de ses propos lors de notre dernier échange. Elle avait depuis longtemps envisagé la possibilité de ne pas s'en sortir. Et, pire encore, elle avait fini par y trouver un sens. « Si quelqu'un devait être sacrifié ici ça devrait être moi », m'avait-elle dit. En se sacrifiant, elle nous offrait certes une occasion en or, mais elle le faisait avec le courage du désespoir. Et nous, nous en profitions confortablement. Nous profitions d'elle. Ça, je ne pouvais décemment pas l'avaler, même si je comprenais ce qui avait poussé Erwin à accepter cette idée à la con. Une otage contre dix : de son point de vue, le calcul avait dû être vite vu.
Arrivés devant l'entrée du sas, Erwin poussa la porte sans s'encombrer de composer le code. Visiblement, la gamine avait pensé à tout pour nous dégager le chemin. Et voilà que je me retrouvais à mon tour dans ce trou à rat minuscule qui avait retenu Ava prisonnière pendant plus d'une heure et demie. La chaleur était insupportable, l'air irrespirable, la couleur des murs absolument dégueulasse, quant au niveau de propreté ... je ne trouvais même pas de qualificatif.
- Comment ça se présente dans le couloir ? , demanda Erwin à l'équipe de support tandis que le lieutenant de police dont j'avais déjà oublié le nom refermait la porte du sas.
- Le terroriste remonte en direction des portes pour reprendre son poste, informa Armin dans nos oreillettes. Il va arriver à votre hauteur. Si vous le neutralisez discrètement, l'autre homme qui se trouve dans le poste de soins un peu plus loin sur la gauche ne devrait pas vous voir.
- Compris, rétorqua Erwin d'un air tendu. On enchaîne. Levi avec moi, Eren et Reiner en soutien. Commissaire, restez à l'arrière avec votre lieutenant.
Mon supérieur se posta sur le côté gauche de la porte, une main posée sur la poignée, tandis que je me plaçai sur le côté droit. N'ayant pas l'espace pour passer de front, et étant de loin le tireur le plus rapide et le plus précis, je ne fus pas surpris d'entendre Erwin me murmurer :
- A toi l'honneur ! Je te couvre.
J'opinai du chef, très satisfait de pouvoir enfin passer à l'action ...
... et trouver cette foutue gamine !
- Maintenant ! , lança Armin.
Erwin ouvrit brusquement la porte et la retint d'un coup d'épaule tandis que je me glissai dans le couloir d'un bond agile. L'homme qui me faisait face n'eut pas le temps de comprendre ce qui lui tombait dessus. Je tirai aussi sec, rapide et précis, sans bruit et sans l'once d'une hésitation. Tuer un homme, ou le « neutraliser » comme on préférait dire dans notre jargon bien propret, n'était jamais une broutille. Pour aucun de nous. Mais j'avais la solide réputation d'être froid et méthodique, particulièrement rapide à la détente et nettement moins hésitant que la plupart de mes coéquipiers. N'allez pas croire que j'aimais ça ou que j'y prenais un quelconque plaisir. Je faisais ce qu'il fallait faire, sans état d'âme, point. Voyant l'homme s'affaisser sur lui-même, je bondis en avant pour éviter qu'il ne tombe avec fracas. J'enroulai un bras autour de sa taille pour amortir sa chute, plaquai une main sur sa bouche pour étouffer le bruit de ses râles. Une fois bien sagement étalé au sol, je m'accroupis à ses côtés. Mes coéquipiers en profitèrent à leur tour pour sortir du sas.
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Sa voix
FanfictionIl arrive que la vie vous place parfois au mauvais endroit au mauvais moment. Moi, par exemple, elle m'a piégé dans le service de réanimation de l'hôpital de Trost où je travaille, prise en otage par cinq terroristes. Mais cette même vie absurde vo...