Ma chère maman,
Nous sommes le 9 août. Et c'est étrange à dire mais cette date restera probablement à jamais gravée en moi comme un anniversaire : celui d'une seconde naissance. C'est toi qui m'a donné la vie, qui m'a mise au monde : pas de doute ! Tout comme c'est toi qui m'a donné les armes pour affronter cette vie et me battre pour elle. Aujourd'hui, je la sers et me bats à ma manière, à travers mon métier, à travers le soin que je donne à mes patients tout comme à travers l'affection que je donne à mes collègues, à mes amis, à ceux qui me sont chers. Mais pour réaliser cela - pour réaliser que j'en étais capable - il m'aura fallu naître une seconde fois.
Tu le sais mieux que moi (parce que tu le sais avec ta propre chair) : un accouchement, ce n'est jamais une partie de plaisir. Ce 9 août là, crois-moi, j'en ai chié, vraiment ! J'ai eu peur. J'ai eu mal. J'ai souffert. Tellement souffert. J'ai pleuré. J'ai crié. J'ai prié. J'ai supplié. Une deuxième fois, il m'a fallu naître dans les cris et dans les pleurs. Mais après tout, il en est toujours ainsi, n'est-ce pas ?
Pourtant, alors que je pleurais, alors que je criais, j'ai senti monter en moi une sève faite de colère, une pulsion, une rage de vivre et de voir vivre ceux à qui je tiens. Et j'ai voulu me battre pour ça. Et contre toute attente, je l'ai fait, maman : je me suis battue. Je me suis découverte forte alors même que j'étais faible. J'ai découvert que j'étais l'un et l'autre, ensemble. J'ai aussi découvert que je pouvais risquer, me risquer, me dévoiler, baisser ma garde, faire confiance ... que le jeu en valait la chandelle et que si je ne le faisais pas maintenant, alors je signais mon arrêt de mort.
Oui, maman : le 9 août dernier, je suis née une deuxième fois. Et aujourd'hui, je me sens comme une larve sortie de son cocon, encore un peu courbatue de ces années passées repliée dans mon abri de soie. Je n'ai sans doute pas encore déployé totalement mes ailes, mais ça viendra. Il faut du temps, peut être même une vie entière. Il me reste tant de choses à apprendre de cette vie et des autres qui m'entourent.
Aujourd'hui, maman, je suis médecin. Tu serais fière de moi ... comme tu l'aurais été même si je n'avais pas été médecin, d'ailleurs. Depuis quelques semaines, je suis anesthésiste-réanimateur à l'hôpital militaire de Stohess. Si tu savais comme leur proposition d'embauche m'a ému : ce sont eux, mes nouveaux collègues, qui ont pris en charge cet homme dont je ne t'ai pas encore parlé et qui compte tant pour moi. Comment aurai-je pu refuser de rejoindre leur équipe ?!
Sans doute le temps est-il venu de te parler de Levi ? J'aurais aimé que tu le rencontres. J'aurais aimé te le présenter et voir ta tête en découvrant son air tranchant, son langage de charretier et son regard glacial. Nul doute que tu aurais eu peur pour ta fille unique. Mais je t'assure, il ne faut pas se fier aux apparences : cet homme est la bonté même. C'est juste qu'il faut avoir la patience de gratter la carapace qu'il y a mis autour pour le découvrir. Il faut dire que la vie n'a pas été tendre avec lui, mais lui aussi se bat pour elle et il la sert en bon soldat. Le meilleur, sans doute. Après tout, c'est lui qui a sauvé la mienne il y a un an. Il est toujours persuadé du contraire, mais je n'en démords pas. Ma deuxième naissance, c'est aussi grâce à lui, à sa voix qui m'a guidé au milieu de l'enfer.
Oui, tu aurais fini par le voir comme je le vois et à l'aimer ... mais pas autant que je l'aime. Ça, je m'en garde très égoïstement le privilège.
Voilà, maman. Tu sais tout. Tu sais que je t'aime. Tu sais que je l'aime, lui. Tu sais que j'aime cette vie malgré les douleurs qu'elle nous inflige parfois. Souvent. Tu sais que je me battrais toujours pour elle, pour lui, pour ceux qui m'entourent ; même si je suis forte, même si je suis faible. Et un jour, quand nous nous retrouverons enfin, je te raconterai ce qu'aura été cette vie que tu m'as donné la première.
En attendant ce jour, n'aie pas peur, sois rassurée et souris comme tu as toujours souris, maman : je suis heureuse.
Ta fille qui t'aime tendrement,
Ava
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Et voilà, cette deuxième FF est déjà terminée !
Merci d'avoir eu la patience de tenir jusque là. Je tenais à m'excuser : je suis un peu nulle en ce qui concerne prologue et épilogue. Et j'ai peut être tendance à les bâcler.
N'hésitez pas à me laisser vos remarques, réactions ... surtout que je suis toujours dans l'optique de (peut être) reprendre cette histoire pour la retravailler et en faire quelque chose de plus romancée, avec un univers perso (et non plus une fanfiction). Donc si vous avez des remarques sur les points à améliorer, à développer, etc. notamment sur le développement de l'intrigue (au niveau du rythme, etc.) Bref, n'hésitez VRAIMENT pas !!!
Bises à tous et merci :-)
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Sa voix
FanfictionIl arrive que la vie vous place parfois au mauvais endroit au mauvais moment. Moi, par exemple, elle m'a piégé dans le service de réanimation de l'hôpital de Trost où je travaille, prise en otage par cinq terroristes. Mais cette même vie absurde vo...