Pov Levi
L'opération terminée, Armin et moi rejoignîmes Hanji dans le bureau où nous avions établi notre quartier général, laissant Erd à la loge pour assurer la vidéosurveillance. Il n'y avait plus qu'à attendre sagement le retour d'Erwin et de Gunther, qui ne tardèrent pas à débarquer à leur tour. Je me figeai soudain en découvrant Kenny qui flanquait mon chef. Mon visage se mit instantanément à irradier le mépris tandis que celui de ce parfait connard s'illumina lorsque ses yeux se posèrent sur moi. Il n'en fallut pas plus pour que chacun de mes muscles se contractent rageusement. Derrière mon air placide, une bataille faisait rage pour tenter de réprimer des pulsions particulièrement furieuses à l'endroit de mon oncle. Il ne l'avait pas encore ouvert que je sentais déjà mon sang froid se faire la malle. Sa seule présence suffisait à craqueler mon masque de glace, cette carapace d'impassibilité qui ne faisait que voiler aux regards des autres le bordel sans nom qui régnait dans ma tête. Et ça, Kenny en avait parfaitement conscience. L'air goguenard, il vint se planter à mes côtés tandis que je me tenais adossé, bras croisés, contre un mur de la pièce, légèrement en retrait de mes coéquipiers. Ainsi à l'écart, je me retrouvais clairement en position de faiblesse. J'avais conscience qu'il suffisait d'un seul mot, d'une seule allusion de sa part pour mettre le feu aux poudres et me faire péter les plombs. Erwin aussi le savait, et me jeta un regard oblique m'indiquant qu'il surveillait la situation.
- Comment ça se passe pour la gamine ? , demanda Kenny d'une voix mielleuse.
Je plantai un regard sombre dans ses deux yeux bleus, un de ces regards assassins dont j'avais le secret. Mais Kenny était un des rares à pouvoir le soutenir sans ciller.
- D'après toi ? , sifflai-je entre mes dents.
- Tant de froideur ! , railla-t-il d'un air affecté avant d'ajouter dans un murmure : Il serait peut-être temps de passer à autre chose, non ?
- Pardon ? , crachai-je en me décollant du mur pour me planter face à lui.
- Ça fait cinq ans, maintenant. Tu crois pas qu'il serait temps d'oublier ces ... conneries ?
- D'oublier ces conneries ? , répétai-je sidéré.
Mon sang se glaça tout d'abord, avant d'entamer une phase d'ébullition franchement critique. Kenny avait finalement décidé de gratter l'allumette et, une fois l'effet de surprise passé, la rage m'enflamma pour de bon. L'empoignant brusquement par le col de son uniforme, je pivotai pour le plaquer violemment contre le mur en poussant un grognement rauque. Du raffut s'éleva dans mon dos. J'entendis vaguement des exclamations étouffées et le crissement de chaises raclant le sol, mais je n'y prêtai aucune attention, trop médusé par le rictus qui venait de relever les lèvres de mon oncle. Le regard qu'il plongeait dans le mien n'était plus seulement rieur, mais franchement hilare. Il jubilait. Que j'explose en vol : ce connard n'attendait que ça et j'étais exactement en train de lui servir ce qu'il désirait. Soudain une main se posa fermement sur mon avant-bras, me sortant in extremis de ma transe frénétique.
- Levi, murmura Erwin avec autant de fermeté que de sollicitude.
A contre cœur, je libérai le col de Kenny et mon supérieur m'invita à le suivre au-dehors, dans le couloir.
- Comment s'est passé l'opération ? , s'enquit-il tout d'abord à voix basse.
- Comme prévu, résumai-je.
- Et Ava ?
- Tout s'est passé comme prévu, je te dis.
Erwin poussa un soupir en se massant la nuque. Parce que nous avions toute confiance l'un en l'autre, cette grande perche s'autorisait souvent à relâcher la bride et à se montrer moins formel lorsque nous étions ensemble. En l'occurrence, à cet instant précis, dans ce bout de couloir, son visage perdit de sa superbe pour donner libre expression au fatras d'émotions qui semblait l'assaillir. Inquiétude, sollicitude à mon égard, contrariété, sentiment d'impuissance aussi peut-être ... Bref, ça semblait être un joyeux bordel sous sa boîte crânienne.
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Sa voix
FanfictionIl arrive que la vie vous place parfois au mauvais endroit au mauvais moment. Moi, par exemple, elle m'a piégé dans le service de réanimation de l'hôpital de Trost où je travaille, prise en otage par cinq terroristes. Mais cette même vie absurde vo...