Sa voix

Soir d'hiver - partie 1

Pov Ava

Je quittai les urgences en trombe, jetant nerveusement un coup d'œil à ma montre.

- Merde ! , pestai-je entre mes dents.

J'allais définitivement être en retard.

Le bureau des internes regagné à la hâte, j'attrapai mon sac et ma tenue pour la soirée consciencieusement suspendue à un cintre de mon casier, avant de filer prendre une douche dans le vestiaire du personnel. Ne sachant pas où j'allais mettre les pieds ce soir, j'avais opté pour une tenue simple mais élégante : jupe patineuse chinée, bottines noires et pull noir à col bateau. Une fois apprêtée, je sortis de l'hôpital et hélai un taxi. Lorsque je fus installée sur la banquette arrière et que la voiture démarra, je décidai de prévenir Hanji.

Désolée, je vais avoir un peu de retard. J'ai été retenue par une urgence.

La réponse ne tarda pas.

Pas de souci, je t'attends !!! ;)

Dehors, l'obscurité de cette nuit d'hiver était repoussée sans concession par les lumières chaleureuses des avenues, des vitrines, des bureaux encore ouverts. Accoudée sur le rebord de la vitre, je me mis à observer les passants et l'animation de l'artère principale, laissant mon attention flotter loin de cette soirée à laquelle je me rendais. Pour quelques instants, je voulais échapper à l'angoisse qui m'étreignait à l'idée de le revoir et de lui parler. Cela faisait des jours déjà que je répétais mon « texte » : tous ces mots que je voulais lui dire, et qui se bousculaient dans mon esprit depuis plus de quatre mois maintenant.

Oui, ce soir je lui dirai ces mots.

Pov Levi

J'étais planté là comme un con sur cette estrade. A ma gauche, Erwin. A ma droite, ... un type dont j'avais déjà oublié le nom puisque ça n'avait aucune utilité de le retenir. Au total, nous étions six, ce soir, à recevoir une distinction. Six guignols en rang d'oignon jetés en pâture aux regards bovins des convives amassés dans cette salle.

- Souris un peu, tu vas leur faire peur, railla Erwin dans un murmure.

- Tch ...

C'étaient les premiers mots que nous échangions tous les deux depuis l'incident au QG la semaine dernière. Je me doutais que cette tête de bourrique d'Hanji n'avait certainement pas annulé l'invitation d'Ava. Cependant, j'avais beau passer la salle au crible, la gamine ne donnait toujours pas signe de vie. Peut-être avait-elle décidé de décliner l'invitation ? Je l'espérai. Mais ne pouvant pas en être totalement assuré, je continuais à scruter nerveusement la porte d'entrée.

Si j'étais honnête avec moi-même, pouvais-je affirmer que mon malaise était uniquement du au fait qu'Ava puisse débarquer d'un moment à l'autre ? N'y avait-il pas une part de moi qui s'inquiétait, bien au contraire, à l'idée de ne pas la voir ce soir ? Je repoussais ces pensées de ma tête lorsque mon nom résonna dans le micro. Au même moment, l'homme qui était devant Erwin Smith quelques instants plus tôt pour lui remettre son insigne vint se planter sous mon nez et s'affaira sur le revers de la veste de mon costume.

Pov Ava

Je pénétrai timidement dans la salle, encore essoufflée de ma course dans les couloirs. Les convives étaient plongés dans un silence quasi-religieux et tous les regards convergeaient vers une estrade à l'autre bout de la pièce sur ma droite. Je fis quelques pas sur la pointe des pieds pour éviter que mes talons ne résonnent et m'avançai discrètement dans la salle. Mal à l'aise, je préférai rester à l'écart en attendant qu'Hanji me retrouve. Celle-ci déboula aussitôt à grand renfort de moulinets de bras et, une fois arrivée à ma hauteur, s'accrocha à ma taille.