Pov Levi
En pianotant sur le téléphone, je me rendis compte que mes mains tremblaient légèrement. Je me sentais tendu à l'idée de parler à Ava, d'entendre sa voix. J'avais fait le malin en lui posant cette putain de question philosophique de mes deux, mais concrètement, à partir de là, qu'est-ce que je devais lui dire ? Les grands discours, c'était le rayon d'Erwin, pas le mien. Franchement pas, même. Qu'est-ce qui m'avait pris de jouer au psy, putain !
Je lançai l'appel et entendis la tonalité résonner.
Je me sentais particulièrement irrité de me voir dans un état pareil. Ça ne me ressemblait pas. Je commençais à regretter d'avoir accepté de m'occuper de cette tâche ingrate. Je n'étais pas entré dans les F.I pour assurer la hotline ! Mais soudain, la voix d'Ava percuta mon tympan et me coupa le souffle :
- Oui, fit-elle d'une voix faible.
Le choc fut aussi violent que sa voix était brisée. Il n'en fallait pas plus pour que mes doutes volent en éclats : il était hors de question que je laisse ce boulot là à qui que ce soit d'autre. Pourtant, la musique éraillée de cette voix venait me confirmer que j'avais profondément merdé.
- C'est moi, dis-je maladroitement.
"C'est moi" ? Sérieusement Levi ? Mais t'es con ou quoi ?
La paume de ma main libre vint heurter mon front, dans un geste qui trahissait mon complet désarroi de me voir si grotesque.
Il y eut un silence durant lequel je repris mes esprits avant de me rendre compte que je percevais le bruit saccadé de la respiration d'Ava. Je l'entendis également renifler à deux reprises. Est-ce qu'elle pleurait ? Reprenant un peu de contenance, je brisai la glace :
- Comment ça se passe de votre côté ?
- Personne n'est revenu depuis tout à l'heure, chuchota-t-elle d'une voix nasillarde qui me confirma qu'elle avait pleuré.
- Bien.
J'hésitai quelques instants et pris finalement mon courage à deux mains.
- Comment vous sentez-vous ? , lui demandai-je.
Il y eut un silence interminable avant qu'elle ne me réponde.
- Pourquoi m'avez-vous posé cette question, tout à l'heure ?
- Pardon ? , fis-je un peu dérouté de l'entendre me répondre par une autre question.
- Pourquoi m'avoir demandé à quoi je tenais le plus ?
Voilà, nous entrions dans le vif du sujet. Pour éviter d'aller plus loin dans ma connerie et de la fragiliser plus encore qu'elle ne l'était déjà, je m'accordai le temps de choisir mes mots. Et ça non plus, ça ne me ressemblait pas ! Sauf qu'au point où nous en étions, je n'avais qu'une seule solution : l'aider à trouver ce qui comptait pour elle. Je devais l'aider à trouver une réponse, sa réponse, à ma question.
- Je vous l'ai dit : le mental compte beaucoup dans votre situation. Je suis là pour vous aider, Ava. Alors j'ai besoin de savoir : y'a-t-il quelque chose ou quelqu'un qui vous fera tenir ?
A nouveau, il y eut un silence.
- Je répète ma question, Ava Rosenberg : à quoi tenez-vous le plus ?
Je l'entendis hésiter encore quelques instants avant de me répondre :
- A la vie.
- Mauvaise réponse ! , rétorquai-je immédiatement.
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Sa voix
FanfictionIl arrive que la vie vous place parfois au mauvais endroit au mauvais moment. Moi, par exemple, elle m'a piégé dans le service de réanimation de l'hôpital de Trost où je travaille, prise en otage par cinq terroristes. Mais cette même vie absurde vo...