Pov Ava
- Je l'ai ! , lançai-je dans un murmure qui aurait voulu s'élever comme un cri de victoire.
Je sortis la tête de mon casier en brandissant triomphalement la clé USB que je tenais entre mon pouce et mon index. Il m'avait fallu moins de cinq minutes pour rallier la salle des internes et accomplir ma mission.
- On reste concentré, commenta froidement la voix à travers l'oreillette. Postez vous derrière la porte et attendez mon signal avant de ressortir.
Je me sentais bêtement contrariée par le tranchant de cette voix. Un peu d'encouragement n'aurait pas été de refus. Docilement, je m'avançai jusqu'à la porte et posai la main sur la poignée, prête à me ruer au-dehors à son signal. Mais rien ne vint sauf un silence pesant qui s'installa. Ce fut comme si le téléphone lui-même déversait la tension de l'homme directement dans mes tympans, avant de s'écouler en cascade dans tout mon corps. Je me mis nerveusement à me dandiner d'un pied sur l'autre. Il m'avait pourtant prévenu : nous entamions la partie la plus imprévisible du plan, et donc la plus dangereuse. Peut-être m'étais-je effectivement réjouie trop vite ? Comme l'homme tardait à me donner son feu vert, je décidai de meubler le silence.
- On dirait que personne n'est venu fouiller par ici en tout cas, remarquai-je à voix basse.
Aucune réponse.
Soudain, le sifflement de sa respiration m'alerta.
- Non, pas par là ! , l'entendis-je murmurer entre ses dents.
Mon cœur loupa un battement. Je savais que cet ordre, qui sonnait presque comme une supplique, ne m'était pas destiné à moi mais à ce qu'il voyait sur les écrans de vidéosurveillance.
- Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? , demandai-je nerveusement.
- Non, non, non, putain ! , poursuivit-il dans un crescendo catastrophé avant de finir par hurler : planquez-vous !
Là je crois que c'est pour moi !
- Quoi ? Mais je ... , balbutiai-je.
- PLANQUEZ VOUS ! MAINTENANT !
La salle des internes était plutôt exiguë, en L, et encombrée de pas mal de mobilier. Au milieu de la pièce se trouvait une grande table ronde recouverte de paperasses. Le mur de gauche, le plus long, était pris par le vestiaire ainsi que par une étagère bourrée de matériel en tout genre. En face de moi se trouvait un mur disposant d'une unique fenêtre et, sur ma droite, au-delà de l'angle formé par le mur, se situait le rabicoin de la pièce. Dans cette partie, un bout de mur était occupé par un bureau et un autre par une longue étagère où étaient rangés les dossiers médicaux de nos huit patients.
Parce que mon interlocuteur m'avait fait anticiper ce scénario, il ne me fallut pas longtemps avant de rejoindre la seule planque à peu près digne de ce nom. Dans un rush d'adrénaline, je me ruai sous le bureau. J'entendis aussitôt la porte grincer sur ses gonds.
- Quelqu'un entre, murmurai-je avant de plaquer une main sur ma bouche pour étouffer le bruit de ma respiration devenue haletante.
Ma poitrine se soulevait à un rythme effréné et les battements de mon cœur qui cognait dans ma poitrine semblaient vouloir résonner à des kilomètres à la ronde. Je savais ma planque particulièrement précaire et je ne me faisais pas trop d'illusion sur la tournure qu'allait prendre cette partie de cache-cache.
Soudain, un murmure dans mon oreille :
- Je vais sûrement enfoncer des portes ouvertes, mais au cas où, je vous rafraîchis les idées : interdiction de bouger, de parler, ni même de murmurer. Fermez-la et ne cherchez plus à communiquer avec moi pour le moment. Contentez-vous de m'écouter bien sagement. Et surtout, surtout : je vous interdis de couper la communication ...
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Sa voix
FanfictionIl arrive que la vie vous place parfois au mauvais endroit au mauvais moment. Moi, par exemple, elle m'a piégé dans le service de réanimation de l'hôpital de Trost où je travaille, prise en otage par cinq terroristes. Mais cette même vie absurde vo...