Attirances

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Où êtes-vous ?


Dans un café, dans le centre-ville


Donnez-moi l'adresse, j'arrive tout de suite


Pov Levi

Il m'avait fallu moins de dix minutes pour rejoindre le café, situé au carrefour d'un boulevard et d'une rue piétonne. Avant de prévenir Ava, j'avais pris encore cinq bonnes minutes pour faire discrètement le tour du quartier. Une fois mon inspection terminée, j'étais entré chez un petit brocanteur à deux pas du café et envoyé un message à Ava en lui demandant de m'y retrouver. Tandis que j'étais en train d'examiner une toile en me demandant dans quel sens cette merde pouvait bien se regarder, la clochette de l'entrée retentit et le vieil homme derrière son comptoir lança un « bonsoir mademoiselle » qui me fit relever le nez. Ava s'avança vers moi, raide comme un piquet et les lèvres pincées d'angoisse.

- On commence par se détendre, murmurai-je lorsqu'elle arriva près de moi.

Je l'attrapai par l'avant-bras et la fit pivoter pour venir m'interposer entre la vitrine de la boutique et elle, de telle sorte qu'elle puisse lui faire face tout en étant dissimulée derrière moi.

- Le type dont vous m'avez parlé, il était toujours dans le bar quand vous êtes partie ?

La jeune femme opina du chef en se mordillant la lèvre.

- Bien. Je vais vous demander de vous concentrer sur ce qui se passe dehors, dans la rue. Si vous le voyez passer, dites-le moi ou faites-moi signe. Discrètement.

La nuit, qui était déjà tombée depuis un moment, n'était pas à notre avantage pour cet exercice : si nous pouvions difficilement voir au-dehors, nous pouvions à l'inverse être très facilement repérés depuis l'extérieur. Raison pour laquelle j'avais jeté mon dévolu sur cette boutique à la lumière tamisée et aux rayonnages surchargées. Ava secoua de nouveau la tête, acceptant mes consignes sans arriver à décrocher un mot. Je devais vraiment l'aider à se détendre.

- Tch ... Du bordel, des merdes entassées et de la poussière. Je pouvais pas rêver mieux pour la soirée, grommelai-je dans une moue écœurée.

La jeune femme me jeta un rapide coup d'œil pour évaluer le sérieux de ma remarque avant de reporter son attention derrière mon épaule. Enfin, son visage reprit vie et son regard pétilla.

- Je pense que vous tenez cette toile à l'envers, fit-elle remarquer d'un air amusé.

- Ce truc a un sens ?

Elle étouffa un petit rire, sans quitter la rue des yeux.

- Que voulez-vous, visiblement vous ne savez pas apprécier la beauté d'une œuvre à sa juste valeur ! , railla-t-elle.

Amusé de sa répartie, je renchéris.

- Détrompez-vous ... , soufflai-je d'une voix traînante.

Ava me regarda, l'air interdit d'abord, sans trop savoir quoi penser de ces deux mots. Mais tandis que je soutenais son regard, le rouge lui monta aux joues et ses yeux s'écarquillèrent. Embarrassée comme jamais, elle reporta immédiatement son attention sur la rue. Quant à moi, derrière mon flegme habituel, je devais bien avouer que j'étais plutôt satisfait de mon petit effet. Après dix minutes de surveillance infructueuse, je décidai qu'il était temps de laisser tomber et de quitter notre poste d'observation. D'ailleurs, le vieil homme derrière son comptoir commençait à s'impatienter et nous observait l'air mauvais.

Sa voixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant