Ultimatum

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Pov Ava

Je poussai un soupir d'aise, savourant les battements calmes et réguliers de mon cœur qui retrouvait enfin son rythme de croisière. Le poids qui enserrait ma poitrine avait disparu me laissant libre de respirer à pleins poumons.

- Ça a l'air de s'être calmé , remarqua l'homme d'une voix moins tendue.

- On dirait bien, confirmai-je, me félicitant intérieurement d'arriver à aligner trois mots.

Je repensai tout à coup à la réponse que j'avais trouvé à sa question. "Pouvoir lui parler". Maintenant que la crise était passée, je pouvais même ajouter : pouvoir le rencontrer. Mais devais-je lui avouer ? Il allait certainement trouver ça profondément grotesque et je ne voulais pas me ridiculiser plus que je ne l'étais sûrement déjà à ses yeux. Je balayai ces pensées de ma tête et pris l'initiative de dévier la conversation loin de cette foutue question.

- Dites, qu'est-ce qui se passe en ce moment dans le service ?

- Je ne suis pas sensé vous donner d'informations, Ava. Tout ce que je peux vous dire, c'est que notre négociateur est en contact avec les terroristes. Nous essayons de ... gagner du temps, disons.

"Gagner du temps" ? L'homme avait cherché ses mots durant quelques instants et sa voix hésitante me fit comprendre qu'il m'en avait probablement déjà trop dit. Inutile, donc, de le questionner plus à ce sujet même si j'en mourrais d'envie. Gagner du temps, pour quoi ? Intervenir ? Préparaient-ils un assaut sous couvert de négociations bidons ? Je me relevai du sol où j'étais restée allongée pour retrouver ma position contre la porte du sas, avant de poursuivre par une question qui me taraudait depuis le début de la prise d'otages.

- Est-ce qu'il y a des blessés ? , fis-je d'une voix nouée qui trahissait mon inquiétude.

- A priori, non.

A nouveau, je poussai un soupir de soulagement. La situation n'était pas brillante mais au moins il n'y avait pas de victime. Pour autant, je ne me faisais pas d'illusion : le temps était compté pour chacun de nous, à commencer par les patients, livrés à eux-mêmes alors qu'ils nécessitaient une surveillance médicale étroite.

Et parmi eux, il y avait Marco Bott.

- Tout à l'heure j'ai regardé sur Internet ce que les médias disent de la prise d'otages, poursuivis-je. Il paraît que les terroristes demandent à ce que Marco soit transféré à l'étranger ?

- En effet, fit platement mon interlocuteur.

- Je n'y comprends rien, murmurai-je pour moi-même.

- Comment ça ?

- Ce que je vais vous dire n'a rien d'objectif, mais ... selon moi, Marco Bott est innocent. Ce n'est pas un terroriste, je ne peux pas le croire.

- Sur quoi vous basez-vous pour dire ça ?

- Un pressentiment. Mais pas seulement. Hier j'ai reçu un appel de sa tante. Elle m'a appris que ce jeune homme s'était marié il y a quelques mois seulement, et que sa femme était enceinte.

- Malheureusement, ça ne suffit pas à innocenter quelqu'un, fit l'homme d'un ton gouailleur. Les pires ordures aussi se marient et font des gosses.

Légèrement irritée par l'attitude moqueuse et désinvolte de mon interlocuteur, je répondis d'un ton un peu sec :

- Mais ils ne tuent pas leurs femmes quand elles sont enceintes !

- Y'a pas de règle quand on est un monstre. De plus, sa femme était flic. Elle a très bien pu découvrir quelque chose de compromettant à son sujet.

Sa voixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant